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Prisonnière politique du gouvernement chilien de la Concertation
Publie le samedi 28 février 2004 par Open-PublishingJe m’appelle Elizabeth Nuñez Duarte, prisonnière politique du gouvernement chilien de la Concertation.
Je suis emprisonnée dans une Annexe de l’Hôpital de la Gendarmerie à Santiago du Chili.
J’ai 40 ans et je suis professeur d’Éducation Différentielle. Je suis aussi étudiante en psychologie à l’université ARCIS.
Je suis mère de deux filles, Beatriz de 8 ans et Isidora de 2 ans. Les deux ont dû faire face à la dure réalité de notre séparation abrupte quand elles étaient plus jeunes ; elles se sont retrouvées seules et abandonnées.
Mon cas
J’ai été arrêtée la première fois le 28 février 1995. À ce moment là, on m’a transférée à Osorno (au sud du Chili) et j’ai été détenue durant 6 mois avec des prisonnières de droit commun. Par la suite, j’ai été transférée à Santiago à la prison pour hommes de San Miguel, où je suis restée 1 ans et 4 mois. Je suis sortie en liberté conditionnelle le 24 décembre 1996.
Au cours des 6 années de liberté conditionnelle, j’ai suivi des cours de psychologie à l’université ARCIS. J’étais également professeur et j’avais une vie familiale avec mes deux filles.
Le 16 mai 2002, j’ai été arrêtée à mon lieu de travail à l’université et j’ai été conduite à la prison de femmes (COFË ). On m’a amenée à l’annexe de sécurité maximale ou se trouvent d’autres femmes inculpées ou avec condamnation pour trafic de drogues. J’y suis restée pendant 3 mois et, par la suite, transférée une nouvelle fois à une annexe de l’Hôpital de la Gendarmerie à Santiago du Chili, où je partage les 4 murs de ma cellule avec Oriana Alcayaga Zepeda, elle aussi prisonnière politique du gouvernement chilien de la Concertation.
Mon avocat, Alberto Espinoza, m’a notifiée que j’étais condamnée sans appel, le mois suivant la sentence, sans droit à aucune défense pleine et entière. En plus de ne pas être présente lors de ma condamnation, je n’ai même pas pu faire usage de mes 5 jours de cassation. On m’a condamnée de façon rigide et draconienne, sans considérer aucune autre issue pour mon cas.
Je suis emprisonnée ici depuis près d’un an, avec Oriana Alcayaga. Si on additionne le temps d’emprisonnement passé dans les différents endroits où j’ai été emprisonnée, cela fait presque trois ans, sans aucune solution.
La situation que je suis en train de vivre est partagée par de nombreux autres détenus qui font face à ce genre de procès irréguliers. C’est-à-dire que si une personne est en liberté conditionnelle, il existe une clause qui, en tout temps, permet aux autorités d’émettre des mandats d’arrestation contre cette personne, sous quelque prétexte que ce soit. Cette façon de procéder est très destructrice car on bouleverse des familles, des pères, des mères et des enfants. On condamne la stabilité en matière de travail et familial des déténuEs.
Le Gouvernement
Le comportement du gouvernement actuel me préoccupe énormément. Non seulement il est submergé de scandales financiers, mais il fait semblant de ne pas voir ce qui se passe dans les cas des nouveaux compagnons déténuEs et qui font face à des procès semblables au mien, sans considérer ni les circonstances atténuantes, ni la comparution devant la justice, ni le fait qu’ils aient rempli toutes les mesures pour avoir un procès digne de ce nom.
Trente ans après le coup d’État au Chili, on n’a pas encore résolu le cas de dizaines de prisonnierEs politiques de la dictature qui ont dû quitter le pays à cause de mandats d’arrestation qui pèsent sur eux, ou à cause de peines commuées en exil. Une solution intégrale pour tous les prisonnierEs politiques est primordiale.
Comme prisonnière politique de la Concertation, j’exige une solution réelle de mon cas.
Le gouvernement chilien de Ricardo Lagos se permet de négocier avec les tortionnaires et ceux qui violent les Droits Humains, laissant des crimes impunis ou condamnant ceux-ci à des peines ignoblement faibles en regard de leurs crimes.
J’exige justice et je revendique notre lutte conséquente pour le renversement de la dictature militaire et pour une vraie justice sociale et politique pour le peuple du Chili.
Le gouvernement de la Concertation a été incapable d’abolir la loi d’amnistie des militaires pour qu’il y ait une véritable justice, et incapable d’élaborer une constitution qui pourrait garantir du travail, des salaires dignes, un système de santé équitable, éducation et justice pour tous et toutes les ChilienNES.
ELIZABETH NUÑEZ
Prisonnière Politique