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Privatisation de l’enseignement des langues étrangères au collège et au lycée

Publie le lundi 23 octobre 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

Le ministère engage la privatisation de l’enseignement des langues étrangères dans l’Education Nationale.

(d’après l’article de Claude Franklin)

Après s’être débarrassée de ses techniciens et agents d’entretien des locaux scolaires par la remise des IATOS, fonctionnaires d’Etat ayant réussi un concours de recrutement de fonctionnaires d’Etat, à la Région qui ne dispose pas , la plupart du temps, des finances pour les rémunérer, l’Education Nationale commence à s’attaquer à ses autres fonctionnaires, les enseignants de langues étrangères.
On a vu disparaître progressivement des lycées et collèges l’enseignement des langues dites « rares » dont le russe et le chinois, parlées seulement par un bon milliard de personnes. La suppression s’effectua judicieusement peu après l’entrée des pays de l’ex URSS et de la Chine dans la sphère du commerce international. Mais cela ne suffisait pas. Sauf dans les peu nombreuses classes bi-langues, l’allemand disparaît aujourd’hui progressivement en tant que première langue vivante étrangère pour qu’en fin de compte il ne reste plus que deux langues enseignées dans la grande majorité des collèges et lycées : l’anglais en première langue et l’espagnol en seconde langue. Or, ces deux langues sont en passe de ne plus être enseignées ni évaluées, même aux examens, par des fonctionnaires d’Etat.

Le 9 août dernier, le ministère de l’Education Nationale faisait paraître deux appels d’offres intitulés « Fourniture d’une certification permettant d’attester du niveau de compétences atteint en anglais (idem pour l’espagnol) des élèves issus des collèges et lycées relevant des établissements scolaires français, et prestation de formation associée, pour le ministère chargé de l’Education Nationale, de L’Enseignement Supérieur et de la Recherche. »
Ces deux appels d’offres s’adressent à tout organisme, qu’il soit public, semi-public ou privé. 134 000 élèves des collèges et lycées pourraient être concernés dans les trois ans à venir.

Que signifient ces appels d’offre lancés en application de la loi Fillon sur l’Ecole et des directives européennes sur le « cadre commun de référence sur les langues » ?

D’abord, une attaque contre les diplômes et leur dévaluation. Jusque-là les enseignants de langue, issus de concours très sélectifs, suivent un programme national et vérifient les connaissances de l’élève tout au long de sa scolarité. L’épreuve de langues vivantes est obligatoire au baccalauréat et son évaluation est partie constituante de la délivrance ou non des diplômes. Ces diplômes permettent d’obtenir un certain niveau de classification dans le public pour accéder aux concours et dans le privé de par les conventions collectives.
Or, si demain l’employeur peut exiger d’un employé la certification en langues , d’un autre en mathématiques ou en physique-chimie, le diplôme aura disparu ainsi que la classification qui assurait à la fois statut et salaire. Il ne restera plus qu’un « livret de compétences » sans aucun lien avec les grilles de classifications et de salaires dans les collections collectives.

Ce sera aussi la fin du monopole de la collation des grades par l’Education Nationale et les conséquences désastreuses sur la valeur de ces certifications. Les diplômes délivrés au nom de l’Etat ne peuvent être organisés que par l’Etat et sur le plan national. Les appels d’offres vont modifier cette situation. Que vaudront ces certifications ? Ce que vaudra l’organisme ayant remporté le marché, c’est-à-dire celui faisant « l’offre économiquement la plus avantageuse en fonction des critères énoncés dans le cahier des charges. »

La privatisation de l’enseignement est en marche car l’Etat est prêt à abandonner l’une de ses prérogatives, la certification. Plus grave encore, les appels d’offres montrent que non seulement la certification peut être privatisée, mais la formation aussi. Les organismes privés se bousculent déjà au portillon. On comprend pourquoi, dans les conseils académiques des langues vivantes mis en place par la loi Fillon sur l’école , on trouve...le patronat.

(d’après l’article de Claude Franklin)

Messages

  • Ca continue ! Ceux qui ont de l’argent pourront assurer une bonne éducation à leurs enfants et les autres retourneront dans la cour des miracles !

    Notre instruction était une des plus performantes au monde, et un petit Fillon, sans grande envergure, ni intelligence, nous sabre notre fleuron national sur l’autel du libéralisme, qui ne doit pas être confondu avec le mot liberté.

    Pas de privatisation de l’instruction, de la maternelle à l’enseignement supérieur, car il est l’un des piliers fondateurs de notre République qui dit : LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE, bafouée depuis quelques temps. Qui pourrait saisir la justice pour entrave à notre liberté, égalité et fraternité ?

  • Soit un élève ingénieur en seconde année, qui souhaite partir aux USA terminer ses études. Pour ce faire - et si ses parents ont les moyens financiers de payer la scolarité, le voyage,le logement et le reste- il doit prouver qu’il possède la langue anglaise d’une façon suffisante pour lui permettre d’y suivre les cours.
    Que croyez vous qu’il advint ? Ce ne sont pas ses profs. en France qui sont juges, ni son dossier - pourtant épluché par le menu par les deux écoles - mais le passage de test auprès d’organismes privés (en l’occurence américains). Ceci, bien que les deux écoles d’ingénieurs aient des relations, et que le diplôme ait une ambivalence.Même les tests passés auprès d’organismes privés en France n’avaient aucune valeur !!!!
    Moralité : ayez du fric !

  • Avec mes excuses, une petite précision : l’école d’ingénieurs en France est une Ecole Nationale Supérieure ....... donc publique.