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Quand les événements libyens menacent la révolution de jasmin...
Publie le jeudi 12 mai 2011 par Open-Publishing5 commentaires
Les Tunisiens ont su se débarrasser de leur propre tyran, mais auront-ils les forces de se défendre contre le massacreur sévissant à leurs frontières ?
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"Béji Caïd Essebsi, le premier ministre tunisien dans un entretien qu’il m’a accordé le 25 avril sur la situation de transition démocratique, déclare son inquiétude devant la situation en Libye ; sans se prononcer sur le fond, ses propos sont cependant clairs : "Chaque jour qui passe est pour nous d’une extrême gravité. Les réfugiés affluent, bientôt nous serons impuissants à contenir les centaines de milliers de gens qui arrivent. Nous sommes devant un dilemme : nous ne pouvons pas laisser ces gens mourir dans le désert. Nous sommes les premiers à payer l’incertitude de la situation libyenne. En même temps, ajoute-t-il, nous savons que le vent de la liberté ne connaît pas de frontières." Cela signifie : on se plaint en Europe de l’arrivée de 26 000 immigrés tunisiens, nous, sans dramaturgie médiatique, nous recevons vingt fois plus de réfugiés, et ce sera pire si une solution n’est pas trouvée en Libye.
C’est ce que Kadhafi a compris. Sa stratégie a évolué : d’abord, elle consistait à se fondre dans les villes pour éviter les bombardements de ses troupes surarmées, et donc à prendre en otage la population civile ; ensuite, elle consiste à internationaliser le conflit en s’attaquant non à l’Egypte, qu’il ne peut atteindre sans dommages ni en direction des pays africains, qui le soutiennent plus ou moins, mais vers le Sud tunisien. Kadhafi veut faire porter l’effort d’internationalisation du conflit sur la Tunisie, qui a initié le cycle démocratique.
Il veut élargir le champ de bataille. Stratégie d’autant plus facile que l’armée tunisienne est faible, qu’elle est occupée à maintenir ce qui reste encore des institutions républicaines, dans un contexte où les partisans de l’ancien régime n’ont pas désarmé, ils regroupent leurs forces et s’apprêtent à négocier leur place dans le nouveau système qui se met en place.
Les propos de Béji Caïd Essebsi doivent être pris avec gravité. Sous prétexte de poursuivre les insurgés qui se battent pour le contrôle de la frontière avec la Tunisie, Kadhafi intervient militairement sur le territoire de ce pays, alors que les forces d’intervention qui appuient ces insurgés refusent de leur donner les moyens pour vaincre. Le calcul de Kadhafi se fonde sur l’analyse qu’il fait de la situation en Syrie, où le régime de Bachar Al-Assad tue des centaines de civils, sans que la communauté internationale ne réagisse vraiment.
L’intervention humanitaire en Libye a été mal préparée, conçue sur un modèle d’action éclair et à moindres frais. Elle a soulagé la conscience internationale, mais elle s’est faite dans la précipitation et le désordre pour permettre à certains de faire oublier leur soutien sans faille à Ben Ali et à Kadhafi.
La France a poussé à la roue et le Royaume-Uni a adhéré pour des raisons politiciennes. Les deux pays ont tablé sur un seul paramètre : l’effondrement rapide du dictateur libyen. C’était méconnaître le système politique de ce pays. En conséquence de quoi, la résolution 1973 de l’ONU devient inefficace. Il faut donc décider d’une stratégie de long terme, tant dans le domaine militaire que politique.
"Territoire de guerre"
Si l’on veut refuser une intervention sur le terrain, ne serait-ce que parce que les opinions publiques arabes, méfiantes à l’égard de l’Occident, l’assimileront à celle d’Irak, la solution du conflit en Libye sera politique. Elle devra donc compter avec le rapport de force que Kadhafi a instauré sur le plan militaire. S’il gagne, il paralysera le mouvement de révolte démocratique enclenché par les peuples arabes, du moins pour un certain temps.
Nul n’a le droit, de l’extérieur, de s’immiscer dans les choix du peuple tunisien, qui a fait une révolution de portée historique. Mais dans le cadre d’une renégociation du périmètre d’action d’une nouvelle résolution, il peut demander l’activation de l’article 53 de la charte de l’ONU, qui lui donne la possibilité de recevoir de l’aide extérieure sans d’ailleurs devoir déclarer l’Etat agresseur "Etat ennemi".
L’ONU doit au moins, comme mesure d’urgence, imposer une protection des pays limitrophes de la Libye, laissant à Kadhafi le soin d’apprécier les conséquences militaires de sa stratégie. Il faut aider la Tunisie à se protéger, si l’on veut éviter non seulement la catastrophe humanitaire qui menace mais aussi la transformation de ce pays en territoire de guerre pour Kadhafi."
[Sami Naïr, "Protégeons la Tunisie des assauts de Kadhafi">http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/11/protegeons-la-tunisie-des-assauts-de-kadhafi_1520271_3232.html]
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On ne peut pas dire que l’UE ou la Vème République française ait été d’un grand appui pour la Tunisiens (au contraire...), ni que ceux-ci aient grand chose à espérer de bon d’une OTAN qui outrepasse allègrement en Libye la résolution de l’ONU et s’émeut à peine des horreurs syriennes.
C’est seulement au niveau des peuples que la solidarité internationale peut leur venir en aide. Mais concrètement : comment ?
Messages
1. Quand les événements libyens menacent la révolution de jasmin..., 12 mai 2011, 11:43, par maitrekanter
Il s’agit d’un « point de vue » d’un ex-député européen, Sami Naïr, membre du feu MDC de Chevènement.
Gros doute sur l’hypothèse que Kadhafi cherche à internationaliser le conflit, En l’occurence, c’est plutôt la France,
la GB et les USA qui y ont contribué,
_ " L’intervention humanitaire en Libye a (...) a soulagé la conscience internationale "
En fait ç’est surtout la France et la GB (contrats pétroliers défavorables) ainsi que les
USA qui ont " soulagé " (boum) leur conscience "internationnale". Pour le pétrole certes mais pas seulement,
notamment pour contrer la base d’une entité africaine indépendante du FMI. La majeur partie du monde est
réservée, voir opposée à l’intervention, cas de pays d’amérique latine.
_ "les opinions publiques arabes, méfiantes à l’égard de l’Occident "
Tu m’étonne :)
_ "l’activation de l’article 53 de la charte de l’ONU "
Ah d’accord, en fait j’aurais du commencer par la fin, tout ce baratin pour vendre la soupe atlantiste façon BHL,
pour la bonne cause tunisienne naturellement.
2. Quand les événements libyens menacent la révolution de jasmin..., 12 mai 2011, 13:26, par maitrekanter
@Lieft qui dit "l’ONU et s’émeut à peine des horreurs syriennes"
L’ONU n’est qu’un instrument pour justifier les guerre. Tu crois qu"elle dérange Israël ?
Quant à la Syrie t’inquiette pas on s’occupe d’ elle
http://www.legrandsoir.info/Au-crible-des-informations-tendancieuses-la-situation-en-Syrie.html
http://www.michelcollon.info/Les-Etats-Unis-financent-l.html
3. Quand les événements libyens menacent la révolution de jasmin..., 12 mai 2011, 15:21, par semmwa
qui parle de REVOLUTION du jasmin ?
j’ai vécu de très nombreuses années en Tunisie (avant et pendant Ben Ali).
j’ai vécu "de l’intérieur " - feu mon mari était tunisien. et pas millionaire !
mes belles-soeurs et mes beaux-frères, mes nièces et neveux, mes voisins et amis n’ont pas eu ma chance : ils sont toujours dans ce pays.
j’ai du mal à les contacter, par téléphone ou mail, jusqu’à ce jour.
la REVOLUTION n’a pas encore eu lieu !
le gouvernement provisoire est encore entaché de sang...
et les tunisiens sont dépourvus de culture historique et politique, et je demande à tout le monde, journalistes et/ou citoyens d’arrêter d’imputer tous les maux à Ben Ali............. il en a assez commis comme ça, des crimes ! il n’est que l’héritier/usurpateur d’une poltique menée depuis l’éjection de monsieur BEN SALAH, premier ministre (et ça date sacrément !)
je leur demande également d’arrêter l’intox ou de s’expliquer sur leurs propres manquements : en quoi Kadhafi peut-il les influencer ? pourquoi ? comment ?
en clair : personne ne menace la "révolution de jasmin", à part les anciens tenants du pouvoir, qui ont littéralement anéanti la capacité de pensée et de réflexion de leurs concitoyens pendant au minimum 40 ans.
c’est un vaste "chantier" qui s’ouvre à nous, non ?
4. Quand les événements libyens menacent la révolution de jasmin..., 12 mai 2011, 16:43, par kounet
Cet article a été sans doute commandé par la "coalition " des crétins occidentaux qui tuent et bombardent partout et surtout en Lybie actuellement .Ils ont fomenté tout ça pour le pétrole et le fric de la Lybie ; les Tunisiens feraient bien de s’occuper de leurs affaires qui ne semblent pas au mieux si l’on en croit leurs avocats qui dénoncent déjà des retours en arrière qui n’annoncent rien de bon pour la " révolution" .
Il leur manque un Chavez !
1. Quand les événements libyens menacent la révolution de jasmin..., 13 mai 2011, 11:00, par bandadelon
ben laden est à peine mort qu’il nous manque déjà et que certains veulent le remplacer par kadhafi ! Aurons-ils l’assentiment de "la communauté internationale" ? Quand à ce béji caïd essebsi il a raison de dire que l’armée tunisienne est faible.... Elle est tout juste bonne à taper sur la gueule de tous ceux qui ne se satisfont pas de cette soit-disant transition démocratique que ce soit-disant premier ministre et son entourage veut leurs vendre
.....Et laissez chavez où il est et la tunisie aux tunisiens.