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Quatorze migrants meurent à bord d’un bateau au large de l’Espagne
Publie le vendredi 11 juillet 2008 par Open-PublishingQuatorze migrants originaires d’Afrique sub-saharienne, dont neuf jeunes enfants, sont morts à bord d’un bateau qui les transportait vers le sud de l’Espagne.
Quatorze migrants originaires d’Afrique sub-saharienne, dont neuf jeunes enfants, sont morts à bord d’un bateau qui les transportait vers le sud de l’Espagne, a annoncé la radio espagnole citant des survivants.
La radio a indiqué qu’une patrouille de la police maritime avait intercepté le bateau pendant la nuit au large de la province d’Almeria (sud) avec 35 survivants à bord, dont trois femmes enceintes. Les survivants ont indiqué que 14 personnes étaient mortes au cours du voyage, dont neuf enfants âgés de 12 mois à quatre ans, a précisé la radio. Selon l’agence Europa Press, une quinzième personne a succombé, une femme dont le corps a été retrouvé sur le bateau.
La police interroge les survivants pour tenter de déterminer ce qui est arrivé aux 14 autres personnes, bien qu’ils pensent que leurs corps aient vraisemblablement été jetés par dessus bord, a précisé l’agence. L’agence a précisé que les survivants étaient physiquement affaiblis à leur arrivée sur la côte.
Dans l’après-midi, José Luis Rodriguez Zapatero a exhorté jeudi les pays riches à tenir leurs engagements contre la pauvreté en Afrique, qualifiant de "tragédie insupportable pour l’esprit humain" la mort de ces migrants. "Nous sommes dans une situation alarmante. Ou nous aidons l’Afrique à lutter contre l’extrême pauvreté, ou notre État de solidarité, notre État social sera en danger", a averti le chef du gouvernement espagnol depuis Athènes, où il se trouvait en visite officielle. M. Zapatero a appelé les pays développés et surtout les membres du G8 à "prendre leurs responsabilités", en contribuant à l’aide au développement et en garantissant que "la crise alimentaire dans le monde n’empire pas la situation nutritionnelle dans le monde".
De manière plus générale, les réactions en Afrique au Pacte européen pour l’immigration sont vives : la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), ONG basée à Dakar, a exprimé jeudi sa "grave préoccupation par rapport aux premières mesures qui inaugurent la présidence française de l’Union européenne". Alors que l’Afrique est frappée de plein fouet par le choc pétrolier et la crise alimentaire mondiale, "l’instauration d’un pacte européen sur l’immigration et l’asile va accentuer la vulnérabilité et la criminalisation de l’immigration et du droit d’asile", ajoute l’ONG.
Le Sénégal, où l’émigration est une tradition ancienne et où l’argent envoyé au pays par la diaspora est plus important que l’aide publique au développement reçue, a ainsi appelé mercredi l’Afrique à organiser la riposte. "Il sera urgent pour la partie africaine de se concerter et de se démarquer nettement des partenaires européens", a indiqué le ministre sénégalais des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio, lors d’une réunion d’experts à Dakar. Il faut "promouvoir fermement notre vision d’une migration concertée et non choisie et d’une approche globale et non ciblée", a-t-il ajouté. "L’Afrique, en réponse, devra préparer son projet de Pacte et peut-être qu’un jour les deux Pactes engageront un dialogue pour aller vers un Pacte concerté euro-africain sur la migration", a-t-il espéré.
"Pour stopper la horde de désespérés venus généralement du Sud pour prendre d’assaut ses frontières, l’Europe n’a donc pas trouvé mieux que d’ériger un mur", écrit de son côté le quotidien burkinabè Le Pays. "On croyait le temps des murs révolu, mais c’est sans compter avec la volonté farouche de l’Europe de se préserver, de se prémunir contre la +menace+ de l’immigration clandestine", poursuit-il. "Le temps des nouveaux murs est un anachronisme à l’ère de la mondialisation. On ne peut pas parler de village planétaire quand, dans le même temps, des barrières sont érigées, même sous forme de législations contraignantes", poursuit l’éditorial. "A moins que la mondialisation, la globalisation dont on parle tant, ne profite seulement qu’aux autres ; et que, finalement, la liberté de mouvement se fasse beaucoup plus dans un sens unique, c’est-à-dire du Nord vers le Sud", conclut le journal.
Au total, 921 immigrants illégaux sont morts en 2007 en essayant d’atteindre les côtes espagnoles, selon APDH-A, une organisation des droits de l’Homme andalouse. Parmi eux, 732 ont péri au début de leur voyage près de la côte ouest de l’Afrique du Nord et 189 près des côtes espagnoles, selon l’organisation. La plupart d’entre eux, 629, étaient originaires d’Afrique sub-saharienne, 287 venaient du Maghreb et cinq étaient asiatiques.
L’Espagne a attiré ces dernières années les immigrants désireux de se rendre en Europe, essentiellement via les îles Canaries, au large des côtes africaines du nord-ouest. Des patrouilles aériennes et maritimes plus nombreuses et des accords de rapatriement signés entre l’Espagne et plusieurs pays africains ont fait décliner le nombre de candidats à l’immigration.