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Que faire ? disait-il.

Publie le lundi 11 décembre 2006 par Open-Publishing
5 commentaires

La question n’est pas nouvelle !

Pour être bref, il faut d’abord se demander si on peut laisser passer l’occasion des prochaines échéances électorales parce que "les conditions ne sont pas réunies". Au vu de ce qui a déjà été défait du compromis de la Libération (nationalisations, sécurité sociale, statuts, ...), la réponse ne fait pas de doute. Cinq ans de plus de libéralisme autoritaire ou de social-libéralisme créeraient une vraie "rupture" qui rendrait plus difficile encore le chemin vers une société émancipatrice.

Ensuite, peut-être faut-il se souvenir que si le "non" l’a emporté par sa gauche, c’est parce que le peuple a vu notre unité dans la diversité et que nous avons dit que nous resterons ensemble. Faire faux-bond à ces électeurs-là serait plus qu’une faute.

Enfin, il faut mettre fin aux noms d’oiseau et essayer de se comprendre. J’ai adhéré à la Jeunesse communiste il y a fort longtemps. Les zozos qui élevaient des moutons sur le Larzac, les militantes féministes qui nous harcelaient au point de vente de L’Huma-Dimanche, les gauchistes (c’était juste après mai 68) et d’autres me faisaient monter sur mes ergots.

Plus tard, bien plus tard, j’ai regardé avec sympathie des associations organiser l’occupation d’immeubles inoccupés pour poser publiquement le problème du logement. Mais j’ai... regardé. On pourrait en rajouter sur ce thème.

Et puis, et puis en 2005, nous avons su faire converger nos énergies. Et nous l’avons emporté. Nos arguments n’étaient pas tous les mêmes. Nos préoccupations n’étaient pas identiques. Mais elles convergeaient. Et nous avons su, non pas oublier nos différences mais nous écouter pour affûter nos arguments. Et nous avons vérifié que dans ce cas 1+1 fait plus que 2.

On l’oublie mais 2005, c’est aussi une année d’évènements graves dans nos banlieues. Et, pour l’instant, ce mouvement, cette révolte de la jeunesse défavorisée, recluse dans les cités, n’a pas de débouché politique tangible. Nous diviser serait là aussi plus qu’une faute.

Une autre partie de la jeunesse a vécu un grand conflit en 2006. Et, avec l’appui du mouvement syndical, elle a imposé un recul significatif au medef, aux Sarko et autres Villepin. Y aura-t-il une suite politique à cette lutte ? Cela dépend de nous.

Et cela dépend beaucoup de notre capacité non pas à taire mais à faire fructifier notre diversité. Les débats de ces dernières semaines, du week-end dernier sont désagréables mais instructifs. Peut-on sans noms d’oiseau essayer d’en débattre ?

1/ C’est probablement terrible à admettre pour nombre de militants communistes mais la capacité de représentation de notre parti s’est tant amenuisée qu’elle est contestable, même, et on peut dire surtout, par les acteurs du mouvement social. Pouvons-nous admettre que nombre de luttes ne se font ni à notre initiative ni sous la direction de nos militants ?

2/ En retour, les militants qui ne se sentent pas de sensibilité communiste, peuvent-ils admettre qu’il n’y aura pas de candidature anti-libérale unitaire sans le PCF, qu’aucune dynamique militante n’est aujourd’hui possible si les communistes ne se mettent pas en mouvement pour reprendre un argument de Clémentine Autain. http://clementineautain.fr/2006/12/...

3/ C’est du fait de cette double affirmation que la solution réside dans le seul consensus. Si nous étions du même parti, il serait justifiable qu’une majorité l’emporte sur une minorité après avoir constaté que la conciliation des points de vue n’est pas possible ou pas souhaitable. Mais nous sommes d’origines différentes. Et le choix du mode de représentation publique de notre rassemblement ne peut pas laisser penser qu’un courant a « un rôle dirigeant » pour reprendre une expression issue du discours communiste.

4/ C’est ce constat qui amène les militants des autres organisations que le PCF mais aussi des citoyens attachés aux collectifs et des militants communistes à souhaiter que notre représentation sur le bulletin de vote soit issue du mouvement social et non d’une des forces politiques – aussi puissante et engagée soit-elle dans le rassemblement.

5/ Ce raisonnement me semble empêcher une candidature issue des cercles dirigeants du PCF tout comme il ne permettait pas de confier la tâche à José Bové. Et ne permettra pas de la confier – par défaut - à Jean-Luc Mélenchon.

Les candidatures de Clémentine Autain et d’Yves Salesse sont plus consensuelles. Non pas au sens ou elles seraient des « plus petits dénominateurs communs » mais parce qu’elles répondent à la problématique ci-dessus. Et celle de Clémentine a une visibilité pour la jeunesse qui est indéniable.

Les récents débats ont permis de construire l’essentiel de ce que serait une campagne collective et unitaire. Les dirigeants et les militants communistes ont la lourde responsabilité de décider d’y répondre ou d’esquiver. Mais ils – et j’en suis – paieraient cher une erreur d’appréciation.

De leu côté, Clémentine et Yves ont dit que leur engagement n’était pas de circonstance et qu’ils étaient disposés à retirer leur candidature si une autre solution se dégageait. La balle est dans notre camp.

Je suis persuadé comme l’ont écrit Claude Mazauric, Jack Ralite, Georges Séguy, Lucien Sève et Michel Simon que « Faire face à la situation réelle d’une nouvelle manière parce que l’ancienne s’avère impraticable n’est en rien reculer sur le fond ; c’est au contraire persévérer inventivement dans l’orientation qui n’a cessé d’être nôtre, celle du rassemblement antilibéral pour gagner ensemble à gauche. Il s’agit de dépasser par le haut la difficulté d’aujourd’hui pour mieux assurer la victoire commune de demain. »

Leur conclusion justifie pleinement leur question : « N’y a-t-il pas au moins une possibilité à explorer : combiner d’un commun accord un rôle majeur de Marie-George Buffet dans le collectif des porte-parole, qu’il s’agisse de la bataille publique ou de la campagne officielle, avec le choix pour le bulletin de vote d’un(e) candidat(e) apte aussi à bien passer la rampe, et dont la moindre identification publique au départ peut justement être un atout, le choc du contenu politique ne tardant pas à faire l’événement et la notoriété ? »

gib

Messages

  • Combien êtes-vous au PCF à partager cette position lucide et constructive ?
    Vous seuls maintenant pouvez nous sortir de l’impasse.
    Dans l’état actuel des choses, l’unité des antilibéraux est impossible avec le PC, elle est impossible sans le PC.

    Mais si elle doit se faire en 2012, ce sera à coup sûr sans lui.

    MC

  • Merci pour cette contribution nuancée dont je partage l’analyse et les propositions bien que plus au PCF depuis 1991 (mais de 1965 à 1991). Hélas, les déclarations de Marie-George Buffet de ce lundi ne laissent guère d’espoir pour que la lucidité l’emporte. Le PCF ne semble pas pouvoir se passer de faire le rassemblement "autour de lui". Il risque d’y faire le vide.
    Nous avions tant d’espoirs...
    Bon courage à vous dans votre travail de conviction auprès de vos camarades de parti.

    James Cognard (Département 28)

    • je pense qu’il est temps de repartir avec des collectifs unitaires sur la base d’une candidature de rassemblement autour d’un collectif,avec au départ un appel de 1000 citoyens,élus,personnalités(ou plus) pour la candidature de clémentine autain ,il faut créér un mouvement et un slogan populaire type :

      JE VOTE POUR LA GAUCHE !

      jcb

  • un peu d’espoir "nunuche", mais pourquoi pas.

    Ceci n’est pas une grande analyse politique

    Peut être sommes nous des milliers voir des centaines de milliers en france à être soit passés par le pc soit issus de familles communistes et à avoir le même point de vue. Sans compter tous les sympathisants qui s’en sont écartés.

    L’appareil, "du plus haut au plus petit dirigeant" serait peut être étonné d’apprendre que beaucoup de gens des différents mouvements qu’ils cotoient sont issus de cette dissiminiation, j’allais presque dire de cette infiltration inconsciente dans le tissu social.
    Il y a de leur part, je pense une certaine affection pour les membres du pc du plus staliniens au plus rénovateurs, mais une grande détermination à ne pas se laisser,
    je cherche mes mots :
    Le plus apropriés même si ce n’est pas poétique serait me semble t il "se laisser raconter des salades".

    On dirait de grande retrouvaille familliale avec les cris qui vont avec.

    Le Pc, pour laisser filer la métaphore, peut leur faire confiance et leur laisser un peu la main. Ce sont ses enfants et ils sont entrain d’essayer de le réanimer.
    Sa méfiance et ses petits calculs habituels sont affectueusement mis le compte du radotage d’un "vieil oncle". Pourquoi avoir peur de Bové, c’est un allié de poids, et les communistes "rock and roll" sont derrière lui.
    Faire bien la Différence entre Rock and Roll et "bobo"

    Buffet et Bové sont les deux seuls candidats qui ont de la surface ? J’espère qu’ils vont s’allier et faire campage à deux entourés de Besancenot et de Autain et de tous les gens qui ne manque pas de compétence. ça serait une équipe de rève.
    Pourquoi ne pas réver.

    Idée rigolote pour les départager :
    je ne plaisante pas : Un tirage à pile ou face solennel devant toutes les caméras du monde pour bien signifier que cette pipolisation de la politique ou de la vie tout cours commence à être harassante pour les petites gens que nous sommes nous en bas.
    Pour Moi
    Buffet Bové : C’est pile ou face.
    Sarkozy Segolen c’est blanc bonnet ou bonnet blanc