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Quel avenir pour l’université et la recherche ?
Publie le mardi 9 janvier 2007 par Open-Publishing2 commentaires
Au quotidien, la campagne électorale est souvent l’occasion de débattre de nos idées et de nos préoccupations. Une conversation avec un ami m’a conduit à réfléchir sur la situation de la recherche et de l’université en France. Question jusqu’ici occultée par la plupart des candidats (sans parler des grands médias), elle est pourtant cruciale pour l’avenir.
L’action du collectif " sauvons la recherche " a pourtant tiré la sonnette d’alarme depuis longtemps afin d’alerter l’opinion publique et le gouvernement sur une situation jugée extrêmement grave.
Lors du Conseil Européen de Lisbonne en 2000, l’UE s’est fixé comme objectif de devenir d’ici 2010 la première puissance mondiale dans le domaine de la recherche. L’Union souhaite que les Etats membres parviennent d’ici là à consacrer l’équivalent de 3 % du PIB (produit intérieur brut) global européen à la recherche et au développement. Le niveau actuel est de 1,9 % du PIB alors qu’il est de 2,59 % aux Etats-Unis et de 3,12 % au Japon. Autant dire que l’Europe restera encore pour longtemps à la remorque.
Sans une recherche performante, comment faire face aux menaces qui pèsent sur notre environnement ? Comment répondre aux besoins croissants en matière de santé, de développement durable, d’énergie, de cohésion sociale ? Comment répondre aux besoins d’innovations dans une économie mondialisée ?
Je propose donc, en toute modestie, de faire résumé synthétique de la situation de l’enseignement supérieur et de la recherche et de présenter nos propositions.
Quel accès à l’université ?

L’enseignement supérieur comme notre système éducatif reste un instrument de reproduction sociale, les enfants d’ouvriers sont, en proportion, deux fois moins nombreux que la moyenne d’une classe d’âge. C’est l’échec d’une politique qui parle de " donner sa chance à tous " mais qui dans la réalité ne se donne pas comme objectif d’éradiquer cette ségrégation scolaire et universitaire, de rendre impossible que 100.000 étudiants vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, de faire en sorte que notre système éducatif soit un outil d’émancipation individuelle et sociale performant. Un seul chiffre : 47% des étudiants sont contraints d’exercer une activité pour financer leurs études au détriment de leurs résultats scolaires. (le taux d’échec des étudiants salariés est de 40% supérieur à la moyenne).
Quelles mesures ont été prises par la droite au gouvernement depuis 5 ans ?
Une prime d’installation de 300 euros décidée en catastrophe après le mouvement du CPE. Elle concernera moins de 4% des étudiants chaque année, autant dire presque rien. Pire, ces inégalités sont aggravées notamment par la hausse des frais d’inscription, souvent illégaux, qui atteignent des sommes ahurissante (3500 euros à Aix/Marseille).
Comment est financé le système universitaire français ?
La France ne consacre que 1,1% de son PIB à l’enseignement supérieur ce qui est bien inférieur à nos voisins européens. Le budget n’a pas suivi la massification de l’accès au supérieur des étudiants il en résulte des amphis surchargés, des locaux hors d’âge, un manque de matériels pédagogiques et de personnels…
Par ailleurs, il existe de très grandes disparités entre les établissements. Lorsque l’Etat investi 6.824 euros par an pour un étudiant à l’université, il dépense 13.171 euros pour un étudiant en grandes écoles ou de classes préparatoires…
A quoi ressemblerait notre système universitaire si N. Sarkozy disposait de 5 années de plus ?
L’enseignement serait assujetti encore davantage à au marché. Les établissements seraient en concurrence entre eux.
L’entrée dans l’université ferait l’objet d’une sélection intensive, y compris par l’argent, car pour la financer , la hausse des frais de scolarité exclura le plus grand nombre.
NOS PROPOSITIONS DE TRANSFORMATIONS ET DE DEVELOPPEMENTS POUR L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR :
On peut les résumer en trois axes :
– Une " révolution démocratique " :
Faire le bilan, sous le contrôle des enseignants et des étudiants, de la réforme LMD (Licence Master Doctorat) qui favorise de nouvelles barrières sélectives, l’explosion du cadre national des diplômes et la mise en concurrence des universités.
– Une " révolution sociale " :
Nous devons nous donner les moyens d’aboutir à une véritable gratuité des études. Pour en finir avec la précarité, il faut s’attaquer à la pauvreté des étudiants. Il faut commencer par supprimer les frais d’inscriptions et instaurer un statut de l’étudiant ouvrant des droits nouveaux : une allocation de formation personnalisée et un accès au logement garanti par un service public national de l’habitat.
– Une " révolution de l’Université " :
Il faut doubler le budget de fonctionnement par étudiant, pour permettre aux universités d’assurer leur mission de formation . Il faut résorber la précarité des personnels, créer les emplois nécessaires, notamment par le recrutement massif d’enseignants chercheurs sous statut de la fonction publique. Le travail des doctorant doit être reconnu à sa juste valeur. Nous réclamons la revalorisation franche de leurs rémunérations. Nous revendiquons par exemple, la reconnaissance du grade de doctorant dans les conventions collectives et un statut du doctorant se rapprochant du fonctionnaire stagiaire. Nous proposons enfin un grand plan de rénovation, de construction et d’équipement d’universités.
Soyons clairs, pour réussir l’ensemble de ces réformes, c’est un effort sans précédent qu’il faut consentir : un doublement de la part du PIB que nous consacrons à l’enseignement supérieur. Rien ne sera possible sans une réforme profonde de la fiscalité permettant de socialiser l’argent inutile, notamment celui de la spéculation financière.
Messages
1. Quel avenir pour l’université et la recherche ?, 9 janvier 2007, 20:49
Bien dit. Les étudiants des facs pèsent 50 % de moins que ceux des grandes écoles et des prépas. A méditer...
Si l’état veut faire des économies, qu’il rattache ces écoles aux facs.
2. Quel avenir pour l’université et la recherche ?, 16 janvier 2007, 10:26
Un grand sujet bien mal traité.
Tout d’abord annoncer que le sujet n’est pas évoqué dans la campagne qui s’ouvre est faux. Tous les candidats et tous les partis ont publié de prises de position nombreuses sur le thème. Et les articles de presses sont le sujet sont plus nombreux que jamais. Encore faut-il les lire.
Les données évoquées sont mal comprises et les solutions tout aussi fantaisistes. Du pur YAKA comme l’écrit Claude Allègre dans sont dernier ouvrage "Vous avez dit matière grise ?".
Le respect du lecteur consiste d’abord à connaître un minimum son sujet avant de prétendre proposer une analyse et faire des propositions. Sans compter l’orthographe...