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RAPPORT DE CUBA SUR LE BLOCUS, PRESENTE A l’ONU - 2006

Publie le mercredi 11 octobre 2006 par Open-Publishing

RAPPORT DE CUBA SUR LA RÉSOLUTION 60/121 DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES

« Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les Etats-Unis d’Amérique »

Août 2006

INTRODUCTION

Le blocus génocide appliqué par les Etats-Unis à Cuba depuis plus de quatre décennies et intensifié ces dernières années a été condamné par l’Assemblée générale des Nations Unies à quatorze reprises d’affilée pratiquement à l’unanimité. L’an dernier, cent quatre-vingt-deux Etats, défendant les principes et les normes du droit international, en ont exigé la levée et ont repoussé à nouveau son application extraterritoriale

Les différentes administrations étasuniennes continuent de faire la sourde oreille à cette réclamation. Bien mieux, l’actuelle ne cesse de renforcer la trame de mesures et de lois visant à détruire la Révolution cubaine et à dénier au peuple l’exercice de son droit à l’autodétermination.

Il n’est pas oiseux de rappeler, soit dit en passant, que les visées de domination des Etats-Unis sur Cuba remontent à la naissance même de l’Union. Dès lors, ils ont consenti des efforts innombrables pour annexer Cuba de toutes les manières possibles : depuis l’achat de l’île jusqu’à leur encouragement et à leur soutien à des forces annexionnistes au sein de la colonie espagnole, en passant par l’intervention et l’occupation militaires directes.

Aucune administration étasunienne au XIXe siècle n’a jamais reconnu la République cubaine en armes. Bien au contraire, elles ont toutes fait obstacle, chaque fois qu’elles le purent, au soutien que la population du pays et les Cubains émigrés là s’efforçaient d’apporter à la cause de l’indépendance.

En intervenant militairement en 1898, les Etats-Unis escamotèrent aux Cubains le droit d’être libres, leur niant la souveraineté à laquelle ils avaient droit au terme de trente années de lutte inégale contre le colonialisme espagnol et leur imposant une caricature de République soumise à la tutelle humiliante d’un appendice à la Constitution - le fameux Amendement Platt - en vertu duquel l’Empire naissant s’arrogeait la faculté d’intervenir à sa guise - même militairement - quand bon lui semblerait.

Ainsi, durant plus d’un demi-siècle, les administrations étasuniennes soumirent le peuple cubain à leur domination néocoloniale et laissèrent leurs monopoles exploiter sans entraves son patrimoine national, grâce à la complicité et à la soumission des différents gouvernements de services ou la mise en place de brutales dictatures militaires chaque fois qu’il fallait noyer dans le sang les justes revendications d’un peuple cubain aux convictions anti-impérialistes.

Dès que le peuple cubain eut entamé à partir de 1959 une profonde révolution sociale, les milieux dominants aux USA eurent tôt fait de percevoir que son exemple était un défi sans ambages à la domination qu’ils aspirent à imposer au continent et au monde. on comprend pourquoi les administrations étasuniennes, républicaines et démocrates confondues, ont livré et renforcé au fil des ans une guerre non déclarée en vue de réimposer leur ancien contrôle de fer sur les destinées de la nation cubaine.

Et les actions dans ce sens commencèrent très tôt : le 12 février 1959, par le refus de rendre à Cuba les 424 millions de dollars que les notables de la dictature de Batista dérobèrent aux réserves de la Banque nationale de Cuba avant de s’envoler aux Etats-Unis puis placèrent dans des banques de là-bas en toute impunité.

Quelques mois plus tard, le 24 juin 1959, le secrétaire d’Etat Christian Herter définissait dans un mémorandum ces « actions initiales » comme des « mesures de guerre économique . »

Dans un document du 6 avril 1960, la détermination impérialiste d’exterminer le peuple révolutionnaire de Cuba se faisait plus explicite : « ...il faut utiliser au plus tôt tous les moyens concevables pour miner la vie économique cubaine [...] ce qui provoquerait donc la faim, le désespoir de la population et le renversement du gouvernement... »

Tels ont été constamment l’objectif avoué et le fil rouge de la politique génocide appliquée par toutes les administrations étasuniennes à trois générations de Cubains. En effet, les deux tiers des Cubains sont nés et ont vécu sous les effets de cette politique, devant souffrir, survivre et se développer dans les conditions très difficiles que leur impose la seule superpuissance qui cherche à annihiler leur résistance et à liquider l’exemple de dignité et de souveraineté que donne la nation cubaine.

Dix administrations à ce jour ont mené cette guerre économique qui viole le droit international et la morale et ont contraint d’autres Etats à se plier à leur politique, tout en menaçant et en réprimant leurs propres citoyens et des ressortissants de pays étrangers.

Le blocus interdit à Cuba, entre autres, de rien exporter aux USA ni de rien en importer, de faire du commerce avec des filiales de sociétés étasuniennes dans des pays tiers, d’accueillir des touristes étasuniens, d’utiliser le dollar dans ses transactions avec l’étranger, d’avoir accès aux crédits d’institutions financières multilatérales régionales et étasuniennes, ni de réaliser des opérations auprès d’elles, de faire atterrir ses avions et accoster ses navires aux USA.

Le gouvernement des USA applique toujours plus rigoureusement les dispositions à effet extraterritorial du blocus, imposant de sévères restrictions au commerce international dans le cadre duquel il intensifie sa traque de toutes opérations de ce genre ayant à voir de près ou de loin avec Cuba.

Nous n’en finirions plus de dresser ici la liste de la kyrielle de réglementations, de lois et de plans adoptée par ce gouvernement, entre autres la loi Torricelli (1992), la loi Helms-Burton (1996) et les deux versions à ce jour du plan d’annexion de Cuba formulées par la Commission d’aide à Cuba libre, créée par le président Bush en vue de détruire le système politique, économique et social que défend le peuple cubain.

Interrogé sur la politique des USA envers Cuba, l’ancien secrétaire d’Etat, Colin Powell, qui fut le premier président de ladite Commission, avait affirmé que le recours à des armes telles que "l’isolement, les sanctions et les pressions » précédait les choix militaires, mais qu’ « il n’existait parfois d’autres solutions appropriées que le recours à la force militaire ».

L’encerclement brutal et impitoyable tendu par le gouvernement des USA autour de l’économie et de la société cubaines touche chaque domaine de l’activité du pays. Le présent Rapport analyse les principaux dommages infligés au peuple cubain durant le second semestre de 2005 et le premier semestre de 2006.

Nombre de ces dommages découlent de l’application rigoureuse des mesures agressives additionnelles proposées dans le « plan d’annexion de Cuba », dont la menace du recours à la force militaire et les poursuites engagées contre des personnes naturelles et juridiques, non seulement cubaines, mais aussi étasuniennes et du reste du monde.

Nombreuses ont été les poursuites et les représailles exercées contre des personnes juridiques et naturelles des Etats-Unis et du reste du monde. Le harcèlement financier contre n’importe quelle opération économique et commerciale de Cuba sur les marchés les plus divers s’est renforcé ; les prohibitions et les restrictions touchant les voyages, les envois de fonds familiaux et les échanges universitaires et savants dans différents domaines se sont durcies ; les actions punitives contre les investissements et le tourisme à Cuba se sont aggravées.

Les agissements de cette « Commission d’aide à Cuba libre », dont le premier rapport fut approuvé par le président des USA le 6 mai 2004, ont abouti à une escalade effrénée et irrationnelle de la politique suivie en matière de blocus économique, commercial et financier contre Cuba. Les poursuites et la répression engagées contre tous ceux qui ont un lien quelconque avec Cuba dans les plus diverses régions du monde ont atteint des niveaux sans précédents.

En décembre 2005, la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, qui a remplacé Colin Powell à la tête de ladite Commission, a annoncé des mesures additionnelles visant à aggraver les retombées des actions mises en place dans le cadre de la première version du Plan d’annexion de Cuba .

C’et le 10 juillet 2006 que la Commission a présenté à Bush sa seconde version du plan, annonçant des mesures qui impliquent des sanctions économiques accrues, une traque renforcée des activités des entreprises cubaines, de plus graves représailles contre ceux qui font du commerce avec Cuba et une escalade sans précédents de l’aide financière et matérielle aux actions destinées à la liquidation de l’ordre institué à Cuba.

Le nouveau rapport de la Commission, qui confirme et élargir la version 2004, recommande entre autres mesures la création d’une équipe spéciale interdépartementale destinée uniquement à traquer le nickel cubain ; le renforcement du Groupe de traque des avoirs cubains ; l’interdiction de vendre à Cuba des équipements médicaux qui seraient destinés aux programmes de la Révolution concernant les soins à grande échelle à des étrangers, telle la coopération internationale en chirurgie ophtalmologique connue comme l’Opération Miracle, en formation de médecins et en aide à d’autres pays touchés par des catastrophes naturelles ; la mise en place de sanctions aux compagnies qui collaboreraient à la prospection et à la production de pétrole ; et l’application aux pays qui soutiendraient Cuba du Titre III de la loi Helms-Burton, autrement dit l’ouverture de procès devant des tribunaux étasuniens contre des personnes naturelles ou juridiques de pays tiers.

Le rapport comprend cette fois-ci une partie secrète contenant des recommandations qui n’ont pas été rendues publiques pour de prétendues raisons de « sécurité nationale et d’exécution efficace ». Le peuple cubain connaît pertinemment, pour en avoir souffert pendant plus de quarante ans, les conséquences brutales de ces mesures et actions « secrètes » à l’instar de celles qu’occulte aujourd’hui la commission anticubaine : ces propositions "secrètes" ont toujours inclus depuis des agressions militaires mercenaires et des actions terroristes, jusqu’à des centaines de plans d’assassinat du président Fidel Castro et d’autres dirigeants cubains.

Comme cela a été démontré à maintes reprises, le blocus constitue un acte de génocide, aux termes de l’alinéa c) de l’article II de la Convention de Genève pour la prévention et la répression du crime de génocide, du 9 décembre 1948, et un acte de guerre économique, selon la définition donnée dès 1909 par la Conférence navale de Londres. Il constitue aussi un composant essentiel de la politique de terrorisme d’Etat que les différentes administrations étasuniennes ont appliquée d’une façon systématique et inhumaine contre la population cubaine, sans distinguo d’âge, de sexe, de race, de croyance religieuse ou de position sociale.

Selon des calculs préliminaires faits au plus bas, les dommages économiques directs infligés au peuple cubain par le blocus dépasse les 86 108 000 000 de dollars, soit 1 832 000 000 par an. A quoi il faudrait ajouter les plus de 54 milliards de dommages économiques directs imputables aux sabotages et aux actions terroristes stimulés, organisés et financés depuis les USA contre des cibles économiques et sociales du pays, ainsi que le manque à gagner et les produits non fabriqués du fait des conditions de crédit onéreuses imposées à Cuba.

Cette dernière année, les préjudices directs causés par le blocus aux Cubains ont dépassé 4 108 000 000 de dollars.

http://vdedaj.club.fr/spip/article....

Document du rapport complet (format pdf - 38 pages)
http://vdedaj.club.fr/spip/IMG/pdf/...