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ROISSY-EN-LUTTE : Partout où les salariés s’organisent, l’arbitraire recule !
Publie le lundi 5 décembre 2005 par Open-Publishing
CONDAMNATION DE LA DIRECTION DE SERVAIR, LUTTE VICTORIEUSE A AIRELLE, BADGES : Partout où les salariés s’organisent, l’arbitraire recule !
Le gouvernement, en prolongeant abusivement de trois mois la suspension des libertés publiques et individuelles, cherche manifestement à corseter toute contestation sociale et à instaurer un climat de peur et de haine. Cela n’empêche pas, cependant, des salariés de la plateforme de Roissy de s’organiser, avec la CGT, pour faire avancer leurs revendications et défendre leurs droits. Les succès obtenus récemment, que nous vous détaillons dans ce tract, sont un encouragement pour les 80 000 salariés de la plateforme à s’organiser pour combattre l’arbitraire !
SERVAIR : Les patrons casseurs condamnés par la justice !
Comme nous vous en informions dans un tract précédent (n° 63 consultable sur notre site Internet http://bncgtairfrance.free.fr), la direction de la SERVAIR, filiale à 100 % d’Air France, a mis en pratique une conception résolument « moderne » du « dialogue social ».
Désireuse de délocaliser, coût que coût, les locaux syndicaux vers des algécos perdus sur un parking extérieur et placés sous le contrôle permanent de caméras de vidéosurveillance, la direction de SERVAIR avait dépêché le 12 octobre dernier une délégation de nervis patronaux armés de masses afin d’entreprendre la destruction des locaux et le déménagement musclé de tous les effets appartenant aux organisations syndicales. Et ce, malgré un jugement du TGI de Bobigny rendu en mai 2005 interdisant tout déménagement.
La CGT avait immédiatement saisi le TGI de Bobigny en référé d’heure en heure.
Le jugement, rendu le 28 novembre, leur a donné raison : la direction de la SERVAIR est sommée de « réintégrer » la CGT, Sud-Aérien, la CFDT et FO dans leurs locaux sous huit jours, avec astreinte de plusieurs centaines d’euros par jour de retard et une indemnité à verser à chaque syndicat plaignant.
La remise à neuf des locaux syndicaux est une chose. Celle du « dialogue social » en est une autre. La direction de SERVAIR, pilotée par la haute direction Air France, qui avait finement baptisé son plan de liquidation sociale « Changer pour gagner », a perdu son procès. Quant aux salariés, cette victoire leur a donné le goût du changement !
Les salariés d’AIRELLE sortent victorieux d’une grève de quatre semaines !
La société AIRELLE, filiale de Kéolis (elle-même filiale de la SNCF), assure le transport des passagers et équipages entre les différents terminaux de l’aéroport de Roissy.
Depuis le 09 novembre, les 87 salariés de la société (100 % de l’effectif) sont en grève pour exiger le retrait du projet direction d’annualisation du temps de travail et des augmentations de salaires. La direction a d’abord fait preuve de jusqu’au-boutisme : remplacement illégal des grévistes par des intérimaires et menace de plan social à l’encontre des salariés en cas de refus du projet ! Mais la détermination des grévistes a fini par payer :
Le 01er décembre, après 23 jours de grève, les salariés, accompagnés de représentants CGT occupent le siège de Kéolis, et obtiennent une rencontre avec le DRH du Groupe qui s’engage à retirer sans condition son projet de réorganisation horaire.
Le 02 décembre, le TGI de Bobigny, saisi en référé dès le 25 novembre par l’Union Locale CGT de Roissy, condamne AIRELLE pour « non-respect du droit de grève » et trafic de main d’œuvre ».
Le 04 décembre, enfin, la direction finit par accéder aux revendications des grévistes et accepte une augmentation de salaires de 3.9 % avec effet rétroactif au 01 juillet 2005. 44 salariés ont décidé de rejoindre la CGT.
Cette victoire totale est un formidable encouragement pour les autres salariés de la plateforme à refuser l’arbitraire !
Scandale du STIC et retraits de badges :
La CGT aux côtés des salariés pour défendre leur emploi
Tout débute avec la liberticide loi Sarkozy dite de « sécurité intérieure », version gauloise du « patriot act » de dobeliou, censée lutter contre les réseaux terroristes et votée en 2003. D’après cette loi, tout salarié travaillant en zones de sûreté (aéroports, ports, centrales nucléaires etc...) doit désormais solliciter auprès des autorités préfectorales une autorisation « de titre d’accès en zones réservées » pour pouvoir exercer son travail.
Parallèlement est légalisé et étendu le méga fichier policier (le STIC ou le Système de Traitement Informatique Centralisé, mis en place en toute illégalité par M PASQUA en 1995 malgré les oppositions de la CNIL et du Conseil d’Etat à l’époque) listant à vie tout individu ayant fait l’objet d’un « signalement » auprès des forces de l’ordre (police, gendarmerie, douanes, RG etc...), que ce soit en qualité de témoin, victime, suspect ou condamné, et ce pour des faits pouvant remonter jusqu’à 40 ans en arrière ! Le syndicat de la Magistrature, opposé à ce régime de filature électronique, estime à 8 millions le nombre de personnes inscrites au STIC, ajoutant que la barre des 15 millions sera rapidement dépassée.
Chaque préfecture se voit ainsi confier le pouvoir « discrétionnaire », particulièrement redoutable, d’autoriser ou non la délivrance de l’habilitation, à partir des données figurant au STIC. Or, en cas de retrait de l’habilitation par l’autorité préfectorale, la sanction, terrible, est toujours la même : le salarié se retrouve illico licencié par son entreprise « pour fait du prince » (on ne saurait mieux dire !).
Or nous constatons, depuis l’arrivée au ministère de l’intérieur du très autoritaire Sarkozy en 2002, que le nombre de salariés concernés par ces mesures d’exception a explosé, à tel point que nous nous interrogeons si ce dernier n’a pas voulu faire de cette loi un instrument de répression au service des patrons. Pour la seule année 2003, et pour ne rester que sur le périmètre de Roissy, ce sont plus de 1 500 badges qui ont été retirés, avec à la clé des licenciements par centaines ! Des salariés travaillant depuis plusieurs années sur la plateforme continuent de se voir retirer leur badge du jour au lendemain et licencier sur le champ pour quelques erreurs de jeunesse.
Le fait que la grande majorité des salariés victimes de ce régime d’inquisition soient des jeunes issus des quartiers pauvres de la périphérie parisienne n’est-il pas à mettre en relation avec l’explosion de désespoir qui a récemment ébranlé nos banlieues ?
Que penser de la responsabilité d’une entreprise comme Air France, qui, pour la vitrine, promeut l’insertion des jeunes en difficulté (cf. association JEREMY comme JEunes en Recherches d’Emplois sur roissY) et touche pour cela des aides de l’état, et, en coulisse, s’empresse de licencier sur le champ tout salarié privé de badge ? Comme s’il n’existait pas en interne, dans une entreprise de 70 000 salariés, des solutions de reclassement vers des postes ne nécessitant aucun agrément des autorités !
Des militants CGT d’Air France et des Unions Locales CGT se sont organisés afin d’assister et de défendre les salariés victimes des retraits de badges et menacés de licenciement. Ce sont ainsi plusieurs centaines de salariés qui ont pu récupérer leur badge et garder leur emploi. A une ou deux exceptions près, tous les dossiers que nous avons défendus à Air France ont abouti.
Alors si vous rencontrez ce problème, n’hésitez pas à contacter vos délégués CGT afin que nous constituions un dossier.
Ces victoires démontrent, une fois de plus, que face à l’arbitraire la seule riposte efficace réside dans l’organisation et la mobilisation collectives.