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RWANDA. L’affaire Bruguière. Communiqué de Survie le 27 novembre

Publie le vendredi 22 décembre 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

La France est actuellement engagée dans un bras de fer avec le Rwanda qui a rappelé son ambassadeur à Paris et rompu ses relations diplomatiques avec notre pays.

Á l’origine de cette « crise » se trouve l’enquête du juge Jean-Louis Bruguière (rendue publique le 20 novembre dernier) sur l’attentat contre l’avion de l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, dans lequel les trois membres français de l’équipage ont perdu la vie, dans le cadre de la plainte déposée par les familles de ces derniers.

Le magistrat recommande des poursuites devant le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda) contre l’actuel président rwandais Paul Kagamé, et vient de signer, avec l’aval du parquet parisien, des mandats d’arrêt internationaux contre neuf collaborateurs de ce dernier, dont le chef d’état major James Kabarebe.

En 1994, René Degni Ségui, rapporteur spécial de l’Organisation des Nations Unies sur le génocide des Tutsi commis au Rwanda, avait été chargé d’enquêter sur l’attentat contre l’avion présidentiel dans la foulée de son enquête menée sur le génocide. Lorsqu’il pria l’ONU de lui fournir les moyens indispensables à cette fin, il s’entendit répondre qu’il n’y avait pas de budget pour cette investigation - ce dont il témoigna publiquement devant la mission d’enquête sénatoriale belge.

Un tir de missile abattait l’avion dans lequel se trouvaient deux chefs d’État (celui du Rwanda et celui du Burundi) à la suite de quoi un génocide était mis à exécution, sans que la communauté internationale juge nécessaire d’en savoir davantage.

L’enquête Bruguière, quant à elle, attend dans un tiroir depuis environ deux ans une éventuelle utilisation. De longue date tenue en réserve, elle jaillit sur le terrain dans un contexte politique dans lequel la vérité et la justice en sont pour leurs frais, comme en écho des procédures ouvertes devant le Tribunal aux armées de Paris (TAP) à la suite de plaintes de rescapés du génocide visant des militaires français, et de la commission d’enquête rwandaise sur la complicité française avec les organisateurs du génocide.

La France, dont le soutien au régime qui a commis le génocide est avéré, s’en tient à son exercice qui consiste à éluder cette complicité, et à accuser de ce qu’elle aurait pu et dû empêcher, les victimes d’un processus historique dans lequel elle a joué un rôle funeste.

L’enquête du Juge Bruguière, rapportée dans un document de 64 pages, n’apporte rien de nouveau sur la connaissance des faits, ni sur ce qui circulait concernant son contenu depuis longtemps. Il s’agit d’une enquête qui ne peut être considérée comme impartiale, qui se fonde sur ce que rapportent des militaires ou services français, sur les affirmations connues d’anciens militaires de l’Armée patriotique rwandaise (APR) dont les dires n’ont pas été vérifiés, et sans que le juge d’instruction se soit rendu au Rwanda afin de procéder à ces vérifications. Entamée en 1998 lors du déroulement de la mission parlementaire d’information sur le Rwanda - il y a huit ans ! - tout semble indiquer qu’elle n’avait pas pour objectif de faire la lumière sur l’attentat du 6 avril 1994.

Sait-on pour autant, aujourd’hui, qui a commis l’attentat du 6 avril 1994 ? Non. Seule une enquête internationale indépendante et impartiale, initiée sous l’égide de l’ONU peut, et doit, faire la lumière sur cet évènement. Il serait temps de l’exiger, et de l’obtenir. Sa sous-traitance entre les mains d’un juge français aux ordres du politique n’est pas tolérable.

Il est également intolérable de constater les confusions jetées dans la compréhension d’une question qui concerne l’humanité toute entière, et bien entendu tous les Rwandais. Car si l’attentat (quelqu’en soit l’auteur) a été l’élément déclencheur du génocide, la responsabilité, l’organisation et la mise en œuvre de l’extermination de la minorité tutsi revient indubitablement aux extrémistes du régime Habyarimana.

Le génocide, le processus historique qui l’a précédé, l’attentat, ses intentions, ses conséquences, la responsabilité de la communauté internationale et celle de ses membres, ne peuvent être compressés dans un paquet signé Bruguière.

Au nom des victimes du génocide, il est du devoir des citoyens français d’exiger que la vérité et la justice soient faites, au détriment de tous les calculs, cynismes et mensonges.

Le Dossier spécial sur le Rapport Bruguière, publié dans Billets d’Afrique n° 153 de décembre est aussi disponible sur le site de Survie :
http://www.survie-france.org/articl...

Messages

  • Cet appel est excellent, mais elle manque d’objectivité quand il dit que le génocide des tutsi a été "indubitablement" planifié et mis à exécution... Ce qui est très regrettable c’est que le TPIR qui enquête sur ce génocide depuis 12 ans doute encore lui-même sur cette planification et piétine pour n’avoir jamais pu prouver de façon tangible et palpable un plan, une hiérarchie... en dehors d’ "aveux" achetés (le mot "quémander" serait mieux !) à de pauvres détenus à qui le procureur fait des promesses. Il y a aussi cet "élément déclencheur" reconnu par la communauté internationale, à savoir l’attentat contre l’avion du prédécesseur de Kagame, que personne ne veut élucider au nom de on ne sait pas trop. La somme de ces deux vérités cachées engendre le flou et je soutiens votre invitation à l’ONU pour qu’elle ouvre une enquête internationale indépendante. Il va sans dire que si elle se sent éclaboussable dans cette affaire, elle ne lèvera pas le petit doigt. Voilà l’enjeu, voilà le défi.
    Filip.

    • Voici, deux messages que j’avais posté sur ce site et que je ne retri=ouve pas !!!!!!!!!!!!!

      1)

      RWANDA. L’affaire Bruguière. Communiqué de Survie le 27 novembre
      23 décembre 2006 - 00h22 - Posté par 83.***.224.***
      "Seule une enquête internationale indépendante et impartiale, initiée sous l’égide de l’ONU peut, et doit, faire la lumière sur cet évènement" dites vous !
      Belle affirmation que vous auriez du faire suivre d’une question qui s’impose : "Pourquoi l’ONU en général et le TPIR en particulier n’a-t-il toujours pas réalisé cette enquête ?
      Pourquoi, bien au contraire a-t-il mis sous le boisseau les débuts d’enquête réalisés par ses personnels - tels que Hourigan pour ne citer que lui ?
      A qui a obéi madame Louise Harbour en interdisant la poursuite de ces enquêtes ? Par qui a-t-elle été récompensée de sa forfaiture au poste de procureur du TPIR par un poste valorisant à l’ONU lui-même ?
      L’enquête BRUGUIERE est certes imparfaite, d’autant qu’elle n’est pas achevée - mais elle a au moins le mérite d’avoir été commencée...et bien commencée !

      2)

      RWANDA. L’affaire Bruguière. Communiqué de Survie le 27 novembre
      23 décembre 2006 - 00h29 - Posté par 83.***.224.***
      "Le génocide, le processus historique qui l’a précédé, l’attentat, ses intentions, ses conséquences, la responsabilité de la communauté internationale et celle de ses membres, ne peuvent être compressés dans un paquet signé Bruguière" nous explique Survie !
      Cela sera tellement mieux fait - et de manière tellement plus objective - dans un paquet signé "SURVIE"
      Qu’est ce qui vous permet de vous délivrer à vous mêmes les brevets d’impartialité et de justice que vous refusez à ceux qui, pourtant, ont fait leur preuve dans ce domaine bien autrement que vous ?

      Répondre à ce message

    • en réponse au commentaire de Filips. Il est faux de dire que le TPIR doute de sa planification. Il n’ont pas efectivment pas trouvé le papier sur lequel serait inscrit "moi Biosagara Hutu et mes amis Interhamwé eHutu nous voulons débarrasser la planète des Tutsi" mais ni lez juge ni le procureur n’ont le moindre doute sur la réalité du génocide et de sa planification. A tel point que les accusés au TPIR et leurs avocats se sont vus interdire de remettre en cause la réalité du génocide dans leur plaidoirie.

      Quand "aux pauvres détenus", soutenus logés, nourris, soignés du VIH au frais de la communauté internationale quand les Tutsi rescapés au Rwnada vivent leur survie en souffrance au quotidien... c’est écoeurant.
      Annie Faure médecin au Rwanda d’avril à juillet 94

  • "Seule une enquête internationale indépendante et impartiale, initiée sous l’égide de l’ONU peut, et doit, faire la lumière sur cet évènement" dites vous !

    Belle affirmation que vous auriez du faire suivre d’une question qui s’impose : "Pourquoi l’ONU en général et le TPIR en particulier n’a-t-il toujours pas réalisé cette enquête ?

    Pourquoi, bien au contraire a-t-il mis sous le boisseau les débuts d’enquête réalisés par ses personnels - tels que Hourigan pour ne citer que lui ?

    A qui a obéi madame Louise Harbour en interdisant la poursuite de ces enquêtes ? Par qui a-t-elle été récompensée de sa forfaiture au poste de procureur du TPIR par un poste valorisant à l’ONU lui-même ?

    L’enquête BRUGUIERE est certes imparfaite, d’autant qu’elle n’est pas achevée - mais elle a au moins le mérite d’avoir été commencée...et bien commencée !

    • "Le génocide, le processus historique qui l’a précédé, l’attentat, ses intentions, ses conséquences, la responsabilité de la communauté internationale et celle de ses membres, ne peuvent être compressés dans un paquet signé Bruguière" nous explique Survie !

      Cela sera tellement mieux fait - et de manière tellement plus objective - dans un paquet signé "SURVIE"

      Qu’est ce qui vous permet de vous délivrer à vous mêmes les brevets d’impartialité et de justice que vous refusez à ceux qui, pourtant, ont fait leur preuve dans ce domaine bien autrement que vous ?

  • Ce n’est pas le moment de pleurnicher. Mr Kagamé doit savoir que le juge français Jean Louis Bruguière n’est pas un petit juge africain qui travaille sous les ordres de son président. S’il a rendu ses enquêtes c’est qu’il a les éléments convaincants pour soutenir sa décision.Que les journalistes arrêtent de faire des commentaires sur des enquêtes dont ils ignorent le contenu.Mr Bruguière n’a pas besoin d’aller en personne au rwanda.Ilpeut mener ses enquêtes avec les moyens dont il dispose . Et personne ne peut nier sa qualité de travail.Evitons ce clivage judiciaire entre francophone et anglophone pour bien mener à bien ce qui peut sauver l’humanité y compris le terrorisme international.Ici en France il ya la séparation du pouvoir. C’est à dire que Monsieur Chirac ne peut pas infuencer les décisions du juge. Si Mr Kagamé n’a rien à se repprocher alors qu’il reste sérain au lieu de gesticuler. Ce génocide on le sait est un échec humanitaire à commencer par les africains eux mêmes qui sont des animaux sauvages apprivoisés qui ne respectent pas la vie humaine. On accuse la France parcequ’elle n’a pas fait son méa culpa. Je vous dis que la france n’a pas à s’excuser de quelle que manière que ce soit. Car comme tous les pays accrédités au rwanda elle a tenté de faire ce qu’elle pouvait.C’est parceque la belgique a reconnu sa part d’erreur qu’elle est pardonnée ? Alors pourquoi la france ferait tuer de milliers d’innocents ? pourquoi ? Soyons sérieux et crédibles.Arrêtons d’accuser les autres.C’est toujours les autres.Nous africains nous sommes blancs comme la neige. Mr Kagamé lui même n’a pas fait son mea culpa ,alors pouquoi veut -il qu’un pays tiers vienne s’excuser ? C’est parceque la france est plus proche des faits et qu’elle veut la vérité qu’on la taxe de génocidaire. Si c’est le cas alors c’est injuste.L’afrique souffre de l’impunité il faut faire la lumière sur ce génocide pour en finir une fois pour toute. Je préconise qu’on mène l’enquête jusqu’en ouganda.Le regime de Kampala n’est pâs étranger à la planification de ce génocide du siècle.On dit souvent que c’est la france qui a armé les génocidaires,alors que les crimes ont été commis avec des machettes.C’est à dire qu’avec les objets trouvés sur soi dans l’immédiat.Personne n’a mené d’enquête sur l’origine de ses machettes et leur état.Etaient- elles de nouvelles machettes ou des anciennes ?Personne ne peut nous éclairer sur ce fait.Parlons plutôt du laxisme de la communauté internationale.On l’a vu en irak ou les americains disaient posseder la preuve d’arme de destruction massive qu’on a pas trouvé mais pourtant le pauvre sadam pendu au vu et au su de tous.En afrique les gens vivent par affinité ethnique. La mort d’un dignitaire d’une tribu peut entrainer à tout moment un affrontement communautaire.C’est pourquoi il faut tenir compte des circonstances d’assassinat de Mr Habyarimana.Les hutus étant majoritaires il est clair que leur supériorité numériques serait une force. Comment les hutus pouvaient être défaits en quelques jours s’ils avaient préparé ce crime ? Tous ces éléments me permettent de dire que le génocide n’a pas été préparé par les hutus mais plutôt par Kagamé et ses hommes.C’est l’intransigence,la suffisance de nos dirigeants qui entrainent ce genre de situation auquel il faut traiter comme tel. Je recommande que :
     le TPIR mette à exécution les recommandation du juge BRUGUIERE pour arrêter Mr KAGAME et SES COMPLICES le plus tôt possible avant qu’il ne soit trop tard.
     convoquer Mr YEWERI ( président d’ouganda) comme témoin devant le TPIR.
     La présence des français soupçonnés de complicité devant le TPIR.
     L’ONU
     USA
     BELGIQUE
    Car chacun à son niveau sait quelque du génocide.C’est à ce prix qu’on arrêtera d’accuser la france comme si elle avait un grand intérêt dans ce petit pays pauvre au point de sacrifier de milliers d’innocents comme les américains le font en irak aujourd’hui.

    • Et si, au lieu de vous chamailler autour de la case du chef en attendant de démontrer votre valeur verbale, vous aidiez ceux, qui aujourd’hui encore, souffrent des séquelles d’un tel massacre ? Les rwandais eux-même ?

      Combien d’entre vous, beaux parleurs, on été au rwanda, avant, pendant ou aprés le Rwanda, combien on parlé aux rwandais, essayant de comprendre pourquoi cette fille qui fait le ménage ne parle jamais et un beau jour se jette sous une voiture ?

      Les politiciens et les bavards ne sont jamais humbles et se cachent derriére leurs paroles.

      Paul
      (au Rwanda de 1995 a 1996... privé français travaillant au contact de TOUT le monde au rwanda et guide de l’akagera)

      "et ils nous demandent d’oublier et de chanter"

    • Paul, vous croyez vraiment que le Rwanda peut se reconstruire sur le mensonge ?

      Vous croyez vrament que les femmes rwandaises peuvent sincérment "oublier et chanter" tant que celui qui a tout déclenché et tout provoqué sera au pouvoir et régentera leur vie quotisienne ?