Accueil > Rapport Berès sur la crise : le PS et les verts pactisent avec la droite !

Rapport Berès sur la crise : le PS et les verts pactisent avec la droite !

Publie le mercredi 20 octobre 2010 par Open-Publishing
5 commentaires

Déclaration de Jacky Henin (Front de Gauche, PCF) après le vote du rapport de la commission parlementaire sur la crise

Rapport Berès sur la crise : le PS et les verts pactisent avec la droite !

Le rapport de Pervenche Berès[1] sur les recommandations concernant les mesures et initiatives à prendre dans le cadre de la crise financière économique et sociale a été voté ce matin au Parlement Européen.

Depuis des mois, les mobilisations syndicales et populaires se succèdent en France et en Europe, pour s’opposer à la casse des droits et acquis sociaux, à la privatisation des retraites et de la sécurité sociale, au gel des salaires et des retraites, pour refuser de faire payer aux peuples une crise dont ils ne sont pas responsables.

Si ce rapport s’émeut de la crise et tente de "moraliser le marché"[2], il soutient les plans d’austérités dans les différents pays Européens. L’ensemble du rapport constitue en effet un éloge au pacte de stabilité et demande des mesures plus contraignantes encore, assorties de sanctions aux états membres et l’obligation de réduire les déficits[3].

C’est pourtant tout le contraire qu’il faudrait faire. En effet, depuis de nombreuses années au nom de la recherche du profit, on a compressé les salaires, diminué les impôts et cotisations des entreprises et des banques pour accroître la part des richesses revenant aux prélèvements financiers (intérêts et dividendes). Se faisant on fait grossir les déficits publics, on a recouru à l’emprunt sur les marchés financiers, on a favorisé l’essor des placements financiers et de la spéculation. Pendant ce temps le crédit à été rationné pour l’emploi et les productions nationales tandis qu’il a été facilité pour les OPA et les exportations de capitaux, la politique monétaire de la BCE n’ayant servit qu’à défendre le taux de profit. C’est cette logique qui est responsable de la crise systémique que nous vivons.

Hier encore, ce sont 3,5 millions de personnes qui manifestaient en France contre la réforme des retraites imposée par le gouvernement Sarkozy. Pourtant le rapport " considère que le financement des pensions ne peut être entièrement laissé au secteur public, mais doit reposer sur des systèmes à trois piliers, comprenant des régimes de retraite publics, professionnels et privés, [...] considère que l’allongement de la durée de vie soulève des questions transversales en termes d’organisation de la société qui n’ont pas été anticipées"[4].

Ce n’est ni plus ni moins que la fin de la retraite par répartition et le soutien à la politique de Sarkozy que nous proposent les socialistes et les verts en votant ce rapport !

On ne peut pas s’élever contre ces mesures en France et les préconiser au niveau Européen. Nous demandons que cesse cette hypocrisie et qu’une clarification soit faite quant aux positions des uns et des autres.

Pour notre part, nous soutenons plus que jamais les salariés européens et nous continuerons à dénoncer et lutter contre les plans d’austérités, les politiques néolibérales de l’Union Européenne et pour une profonde réorientation de la BCE. La crise sociale ne sera dépassée que par une utilisation de cet argent qui coule à flot en Europe, au profit des populations.

[1] Rapport A7-0267/2010 de Pervenche Berès, Commission spéciale sur la crise financière, économique et sociale

[2] Article 6

[3] Articles 68, 92 101 103 etc....

[4] Article 77 du rapport

Messages

  • Nouvelle démonstration de la nature de la construction européenne, qui confirme les alliances de fait du PS avec la Droite lors du dernier référendum pour défendre le OUI et permettre le passage du traité de Lisbonne contredisant le vote NON du Peuple Souverain. Nous n’en sommes pas à une trahison près de la social-démocratie.

  • Je suis plus nuancé que l’auteur, le rapport intitulé "sur la crise financière, économique et sociale : recommandations concernant les mesures et initiatives à prendre" qui est rapporté par Pervenche Berès ne dit pas que des inepties.

    Aussi la présentation qui en est est faite dans l’article est franchement caricaturale. Ce n’est pas que les remarques ne soient pas fondées car ce qui est dit, concernant notamment l’article 77 est vrai, cependant ne retenir que quelques articles sur les 226 du rapport est un peu court et participe plus à de la désinformation qu’a de la veille politique. Donc le mieux est encore de lire le texte du rapport. On peut en parler (sans se fâcher c’est mieux :).

    • Une lecture en vitesse, et qu’est-ce que je vois ? Dès le point 27, ils marquent leur accord avec la BCE. A partir du point 42, ils trouvent que l’UE, le G20 et le FMI n’en font pas assez, etc. Seuls points positifs, ils appellent à une réglementation des transactions et à une taxe sur les transactions financières. Bien insuffisant ! Ce n’est pas en baissant leur froc devant les dictats de la commission européenne qu’ils feront changer quoi que ce soit.

      Au point 77, ils ne font que reprendre l’argument comme quoi si on vit plus vieux, il faut travailler plus longtemps, argument de salon qui ne tient pas la route dans la pratique. Suivent les articles qui appellent à la coopération entre riches pour écraser plus facilement les peuples, et dès le point 85, je commence à avoir envie de vomir. Ça devient de pire en pire, j’arrête la lecture avant d’exploser !

  • Michel, le veilleur politique, a dû souffler sa bougie et lire dans le noir !

  • Réponse à M. Jacky Hénin sur le rapport de la commission spéciale du Parlement européen sur la crise financière, économique et sociale

    En tant qu’auteur du rapport en question, je souhaite compléter la lecture qui en est faite par mon collègue Jacky Hénin. Je vois dans celle-ci une tentative de justification du vote de son groupe politique contre le premier texte du Parlement européen qui appelle à l’introduction d’une taxation des transactions financières au niveau européen. Parfois l’attaque est la meilleure défense...

    Sur le fond, je souhaite souligner qu’en matière d’emploi, le rapport indique "qu’un emploi de qualité doit constituer une priorité de la stratégie Europe 2020 et qu’il est essentiel d’accorder plus d’attention au bon fonctionnement des marchés du travail et aux conditions sociales pour améliorer les résultats en matière d’emploi". Dès lors, il appelle à "la mise en place d’un nouveau programme de promotion du travail décent, de garantie des droits des travailleurs dans l’ensemble de l’Europe et d’amélioration des conditions de travail" ; et de compléter que le Parlement européen "estime qu’une action volontariste forte pour l’emploi est d’autant plus nécessaire que l’Union court le risque d’une reprise sans création d’emplois durables", avant de presser l’Union européenne "d’associer son action en faveur de l’emploi à des mesures de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ainsi qu’au fonctionnement efficace du marché intérieur pour les travailleurs au sein de l’Union, afin d’éviter que la crise ne creuse encore plus les inégalités" (paragraphes 187 et 188).

    En ce qui concerne la fiscalité et le travail, le rapport appelle à "alléger la fiscalité du travail, tant pour les moins fortunés que pour permettre aux classes moyennes de mener une vie décente grâce au fruit de leur travail" et plaide en faveur d’une fiscalité "permettant d’alléger celle pesant sur le travail, d’encourager l’emploi, l’innovation et les investissements à long terme, et de créer des incitations à ces fins" (paragraphes 144 et 145).

    Sur la gouvernance économique que M. Jacky Hénin prend le parti de réduire au pacte de stabilité et de croissance, le Parlement adopte une approche plus globale en soulignant que "pour rétablir des taux de croissance sains et atteindre l’objectif du développement économique durable et de la cohésion sociale, il convient de s’attacher en priorité à corriger les déséquilibres macroéconomiques" (paragraphe 69).

    Il est ensuite précisé que "la surveillance multilatérale et les demandes d’ajustement doivent porter autant sur les situations de déficits que d’excédents, en tenant compte des situations spécifiques de chaque État" (paragraphe 103). Enfin, le rapport demande à l’Union de "mieux se doter d’instruments contracycliques de gestion des politiques économiques" (paragraphe121).

    Voilà autant de propositions qui ne figurent pas dans l’accord exclusivement punitif de Deauville entre la chancelière Merkel et le Président Sarkozy et que le Parlement impose, grâce à ce rapport, dans le débat.

    J’ajoute que le rapport se prononce pour l’harmonisation de l’assiette de l’impôt sur les sociétés et des taux de TVA, le renforcement des droits des travailleurs, une législation sur les SIEG et l’insertion d’une clause sociale dans toute législation relative au marché intérieur. Il dénonce le "comportement spéculatif – certains investisseurs prenant de très grands risques –, qui a été aggravé par l’oligopole des agences de notation ; avant d’observer qu’une économie de marché fonctionne au mieux lorsqu’elle s’accompagne d’une réglementation arrêtée de manière démocratique, transparente et à plusieurs niveaux, ainsi que d’une éthique et d’une morale saines encourageant des systèmes économiques et financiers solides qui ne nuisent pas à l’économie réelle" (paragraphe 6). Le rapport en conclut qu’il faut" lancer une étude de faisabilité et d’impact sur la création d’une agence européenne publique et indépendante de notation de crédit" qui serait également compétente en matière de dette souveraine (paragraphe 60).

    Je regrette aussi que l’adoption par la plénière d’un amendement fort bienvenu du groupe GUE, renforçant le rapport sur l’éradication des paradis fiscaux, en plus du message clair porté sur la taxation des transactions financières, n’ait pas conduit Jacky Hénin et ses collègues à reconsidérer leur vote.

    En ce qui concerne le paragraphe sur les pensions que M. Hénin fustige tant, la formulation d’origine de la droite appelait tout simplement à développer l’épargne personnelle pour faire face aux défis de financement ! La rédaction issue des négociations est donc équilibrée et ne préjuge en rien des choix nationaux en matière d’organisation et de financement des systèmes de retraite, fait référence à l’allongement de la durée de vie mais sans en déduire un allongement de la durée de travail, et plaide pour une solidarité intergénérationnelle. A aucun moment ce paragraphe ne promeut un modèle par rapport à un autre. Il est simplement fait état des enjeux et des pistes retenues par les uns et les autres. Comme l’ensemble des socialistes, je suis pleinement solidaire du mouvement contre la réforme des retraites imposée par le gouvernement français car elle est profondément injuste, notamment en ce qui concerne les femmes. Je suis cependant convaincue que nous avons des combats sociaux à mener au niveau européen, par exemple pour une retraite minimum, qui constitueraient une valeur ajoutée pour l’ensemble des citoyens sans porter préjudice aux modèles nationaux de protection sociale.

    Pour demain, j’espère qu’avec mes amis de la GUE nous retrouverons des voies de coopération fructueuse pour sortir de l’ornière du débat sur les sanctions et soutenir la vraie stratégie d’investissement de long terme pour créer des emplois et conjuguer durabilité et solidarité.