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Rassemblement de protestation à l’Assemblée nationale

Publie le lundi 25 janvier 2010 par Open-Publishing

Ils étaient 2000 Place Edouard Herriot, près de l’Assemblée Nationale, à protester contre l’évacuation violente du piquet de grève des travailleurs sans papiers d’Adec, rue Lapérouse. Deux mille à brandir les agrandissements des badges de chantiers Bouygues ou ils ont travaillé, directement ou indirectement embauchés par le principal donneur d’ordre du bâtiment. Et toujours la même exigence scandée depuis trois mois : la régularisation de tous les travailleurs sans papiers.
Une semaine après la conférence de presse à l’Assemblée Nationale ou les travailleurs d’Adec démontraient qu’ils avaient travaillé à la rénovation du parlement réalisée par Bouygues Bâtiment, la réponse du gouvernement est sans appel : on ne touche pas à l’ami du Président. Et qu’importe que ces travailleurs soient soutenus par des députés, des artistes, une large majorité de la population française, qu’importe qu’ils amènent les preuves irréfutables de leur labeur sous les ordres de Bouygues, ils n’existent pas car le constructeur l’a décidé ainsi. Et comme sur le chantier de la tour axa, Bouygues est assez puissant pour faire intervenir les forces de l’ordre sans qu’une décision de justice ne vienne autoriser l’évacuation des piquets de grève. Le jour de l’intervention musclée des gendarmes mobiles rue Lapérouse, Bouygues Bâtiment se fend d’un communiqué de presse (http://www.bouygues-construction.co...) ou il explique être la victime de fraudes, d’usurpations d’identité. Mais on s’y perd un peu quand Bouygues Bâtiment nous explique que ces trois personnes travaillaient pour le compte de sociétés d’intérim, mais en fait travaillaient soit pour Adec, soit pour Bouygues, tout en étant payées comme tous les autres collaborateurs du chantier. Par ce communiqué, Bouygues Bâtiment fait la même démonstration que les organisations syndicales qui dénoncent un système économique organisé sur le principe "intérim-sous traitant-donneur d’ordre", plus flexible et moins cher que les embauches en CDI. D’ailleurs à aucun moment dans son communiqué, Bouygues Bâtiment n’interpelle les sociétés d’intérim ou Adec qui participent à ce système sur de nombreux chantiers. Pourtant c’est bien l’entreprise de démolition ADEC qui fait travailler les mêmes ouvriers sans papiers sur tous les chantiers Bouygues ou elle intervient. Et ce sont toujours les mêmes boîtes d’intérim qui envoient et payent ces mêmes ouvriers.
Alors, au lieu d’ergoter sur les identités des ouvriers sans papiers, au lieu de faire intervenir la police à chaque fois que ces travailleurs sans papiers demandent que leurs droits soient respectés, Bouygues Bâtiment ne devrait-il pas faire comme d’autres grandes sociétés, Eiffage , Véolia ou Suez, reconnaître l’existence de ses collaborateurs et leur signer les cerfas (promesse d’embauche) pour qu’ils puissent travailler et vivre normalement en France.
C’est un nouveau challenge pour le premier entrepreneur français. Il n’est ni économique, ni technique, il est simplement moral.

Bernard Rondeau

source : -http://grevesanspapiers.blogspot.com