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Reconnaître et assurer à tous le droit aux vacances
Publie le mardi 23 août 2005 par Open-Publishingun objectif pour les collectivités territoriales
Ce samedi 27 août 82 familles de la région stéphanoise, 288 parents et, leurs enfants, vont pouvoir passer ensemble une journée de vacances au bord de la mer, au Grau du Roi. Des familles qui ne partent pas en vacances, même quelques jours, en raison de leurs faibles revenus, du rabougrissement des liens sociaux que cela entraîne, de l’habitude, fortement ancrées à force de s’y être contraint, de limiter son horizon.
Pour un enfant, un souvenir de vacances en famille, le fait de pouvoir en parler "comme les autres", c’est très important.
Cette sortie est organisée depuis maintenant 5 ans par un réseau d’associations et de militants [1], qui sollicitent diverses subventions d’élus et de collectivités locales [2].
Avoir des souvenirs de vacances en familles, sortir de son quotidien et
découvrir de nouveaux horizons, rencontrer de nouvelles personnes et se faire de nouveaux amis, c’est vraiment fondamental pour le développement de l’individu, des enfants, pour la socialisation, l’accès à la culture, pour trouver
sa place dans la société.
Les vacances doivent donc être reconnues comme un des droits fondamentaux permettant à chaque personne de développer ses potentialités, et à nos sociétés un fonctionnement plus harmonieux, plus civilisé.
Or un article de Libération du 8 août 2005 rappelle que « Quatre
Français sur dix ne partent pas durant leurs congés : un phénomène
accentué par la crise économique, qui touche de plus en plus de jeunes.
Alors qu’elle n’avait cessé d’augmenter depuis 1950, la proportion de
Français partant en vacances n’évolue plus depuis 1990. Elle a même
régressé certaines années, pour se situer en 2004 aux alentours de 65%.
». Suivant cet article, le ministère délégué au Tourisme évalue à 2
millions le nombre de jeunes de 15 à 24 ans ne partant pas en vacances,
soit 25 % de la classe d’âge. Et les préadolescents (9-13 ans) sont tout
aussi frappés par l’exclusion des vacances et des loisirs, alors que cet
âge est favorable aux apprentissages culturels, à la découverte de
l’autre et à la socialisation. « Aujourd’hui trois mineurs sur dix ne
partent pas en vacances. » Une inégalité douloureusement ressenti par
les enfants : quels souvenirs de vacances raconter aux copains et
copines à la rentrée ?
De nombreuses associations, dont notre réseau de solidarité, font de
leur mieux [3] pour tenter de corriger cette situation. Leurs efforts
sont loin d’être négligeables. Ils restent néanmoins limités par les
moyens humains et financiers, et marginaux au regard de l’ampleur du
problème. Ainsi chaque année pour cette sortie familiale de fin août,
même en privilégiant les familles les moins argentées, nous sommes
amenés à refuser beaucoup de monde.
Pourtant de multiples aides existent déjà. Mais elles sont largement
inadaptées. D’une part parce qu’elles sont conçues pour les salariés et
même pour les salariés non précaires, alors que la précarité devient
monnaie courante et qu’une part importante de la population est exclu de
l’emploi : les chômeurs, les Rmistes, les intérimaires qui courent de
CDD en CDD ne bénéficient pas des chèques vacances, des aides des
comités d’entreprises, sans parler des centres de vacances des grandes
entreprises et des entreprises publiques. Quant aux aides de la CAF tels
les bons de vacances, ils restent largement sous utilisés car il manque
souvent la mise de fond chez les familles. Le transport est également
très souvent un obstacle important. Comment partir avec les enfants
quand on n’a pas de voiture, ou que sa vétusté interdit de longs
trajets, ou que le prix du carburant est rédhibitoire ? Le train reste
bien trop cher, même avec les réductions pour familles nombreuses.
Ils est nécessaire de passer à une autre dimension : reconnaître et
assurer à tous le droit aux vacances, quelque soit sa situation.
Nous progresserons beaucoup si les collectivités locales, en partenariat
avec des administrations comme la CAF et certaines entreprises publiques
comme la SNCF, en font un objectif de leurs politiques sociales et
culturelles, avec des engagements budgétaires. Un nouveau service
public de proximité pourrait se mettre en place avec les nombreuses
associations de solidarités, les centres sociaux, les amicales laïques...
qui, grâce aux liens étroits qu’elles ont su nouer avec les familles,
peuvent les aider à imaginer leurs projets de vacances et à les
réaliser.
__ Les sommes en jeux ne sont très importantes. Voici à titre d’exemple
notre budget pour la sortie au Grau du Roi ce samedi 27 août :
- Coût moyen d’un car : 880 euros
- Participation des familles à raison de 15 euros par couple,
gratuité pour les enfants : 250 euros
- Subvention nécessaire par car : 630 euros
- Pour 5 cars et 288 personnes cela représente 3150 euros de
subvention.
Pour faire partir une journée à la mer 1000 personnes de la région
stéphanoise, une subvention de seulement 12000 euros serait nécessaire.
Somme bien modeste pour une agglomération comme la notre, surtout au
regard de l’importance de l’objectif.
Georges Günther
Responsable de l’APEIS Saint Etienne
[1] L’APEIS ( association de chômeurs et précaires), les amicales
laïques de Beaubrun, du Crêt de Roc, de Fraisses, d’Unieux, les associations Fraisses animation, Vivre ensemble à la Ricamarie, l’association de chômeurs du Chambon Feugerolles, le comité chômeurs CGT de l’Ondaine.
[2] Cette année nous avons bénéficié de l’aide de deux conseillers généraux : Jean Claude Bertrand et Marc Petit, de celle du Conseil Régional, de la mairie de Fraisse, de la CAF.
[3] Citons notamment dans la région stéphanoise les efforts du Secours
Populaire, de la pastorale des ZUP, d’ATD Quart Monde, de plusieurs
centres sociaux.