Accueil > Recul idéologique à gauche

Recul idéologique à gauche

Publie le mercredi 4 avril 2007 par Open-Publishing
19 commentaires

de Gérald Briant

J’écoute José Bové invité par la rédaction d’Europe N°1 ce mardi 3 avril dans l’émission du soir "face à la rédaction". Une phrase raisonne curieusement à mes oreilles : l’ancien porte-parole de la confédération paysanne, interrogé à propos des besoins de l’humanité, y défend l’idée qu’"il faut savoir juger une technologie, si elle est bonne ou mauvaise…" Derrière cette formule, c’est évidemment le débat sur le nucléaire, les OGM, etc. Bigre ! Aurait-on autant reculé à ce point idéologiquement dans la gauche française ?

Malheureusement, José Bové n’est pas seul quand on voit les positions actuelles de la LCR sur le nucléaire, ou encore celle de Ségolène Royale qui propose de réduire la part du nucléaire dans son pacte présidentiel, sans parler évidemment des Verts de Dominique Voynet.

Ce genre de remarque qu’émet le candidat moustachu est à mettre en parallèle avec le débat qu’il pouvait exister, il y a plus d’un siècle, quand arrivait une nouvelle machine capable de remplacer le travail de 100 ouvriers d’un coup. Certains à l’époque défendaient l’idée d’une taxation des machines ou protestaient encore contre l’installation de ces nouveaux engins. Comme si à l’époque l’exploitation était du à l’arrivée de nouvelles machines et non pas à la recherche de toujours plus de profits par le patronat.

C’est très fâcheux qu’on en revienne à ces débats que le mouvement ouvrier avait su dépasser. Elle témoigne surtout d’un affaiblissement idéologique important du courant matérialiste historique (pour faire court) que porte le courant communiste dans la gauche française. Il n’y a pas de technologie qui soit par nature (j’allais dire par essence…) bonne ou mauvaise. Toutes ont des inconvénients et des qualités qui elles même dépendent de l’époque dans laquelle elles sont utilisées, de l’évolution des forces productives.

Prenons les questions qui font débats : le nucléaire par exemple. Il permet d’accéder à une énergie sans production d’effet de serre ; ce qui est un formidable atout avec les menaces qu’on connaît à l’heure du réchauffement climatique de notre planète, contrairement au pétrole par exemple qui lui, y contribue. Pour autant, il paraît difficile - pour ne pas dire ridicule - de prétendre que le pétrole qui contribue à ce même réchauffement, "c’est mauvais". En plus et pour en rajouter, à mesure que l’humanité maîtrise cette énergie, d’autres qualités se font jour comme de nouveaux inconvénients d‘ailleurs ; je pense notamment aux faibles réserves d’uranium ou à la gestion des déchets. Sauf que ces question se poserons inévitablement avec un autre regard dans 10 ou 20 ans quand la technologie nucléaire aura fait des progrès. Par essence (ça y est, je l’ai dit…), elle ne peut donc pas être bonne ou mauvaise.

Un autre exemple emblématique : les biotechnologies. Certaines utilisations potentielles telles le clonage humain font froid dans le dos et posent évidemment des problèmes éthiques. A l’inverse d’autres utilisations vont permettre de combattre des maladies aujourd’hui sans remède. On pourrait aussi examiner les OGM de cette manière.

Le problème dans cette focalisation sur l’objet , en l’occurrence les nouvelles technologies, est qu’elle détourne des vraies responsabilités, c’est à dire des utilisateurs de ces mêmes objets et donc de la question politique. Car ce détournement de responsabilité a pour effet de dépolitiser le débat. Finalement « on ne peut rien faire », c’est de la faute de la technologie qui est « mauvaise ». Je vous laisse imaginer les effets désastreux qui en découlent au plan politique pour transformer les choses dans le sens de plus de progrès social.

Ainsi et pour finir, dans ce débat présidentiel beaucoup de choses se jouent et se nouent, notamment du point de vue de ce qu’il est possible de changer ou pas. Quand on mettra un bulletin de vote dans l’urne le 22 avril, pensons aussi à cet aspect des choses. Cela donne aussi au vote Marie George Buffet toute sa pertinence.

 http://briant.gauchepopulaire.fr/

Messages

  • T’inquiète, l’homme n’ira pas très loin s’il continue toutes ces conneries.

    Pas plus de 40 ans pour la planète. Après, c’est le désert.

    Quand tout se dérègle, tout va très vite.

  • Excellente analyse.
    Le "progrès" scientifique n’est pas un progrès moral. Il n’est qu’un instrument au service d’une politique, c’est-à-dire d’un choix d’application.
    Que les avancées génétiques servent à produire mieux, c’est une donnée technique. Qu’on en laisse le profit à tous ou seulement à Monsanto en est une autre. C’est là que la politique, c’est-à-dire nous, notre décision, joue son rôle.

    Arrêtons de penser la science, qu’elle soit physique ou économique, comme une donnée externe. Ce fatalisme participe effectivement totalement d’une dépolitisation, découlant d’une idéologie politique qui veut ôter son pouvoir de décision au peuple.

    Mathilde

  • À quand un débat mené – le plus OBJEcTivement possible [= un débat sur l’ OBJET même que sont les centales nucléaires, les manipulations génétiques -et non, sur les peurs légitimes ou exacerbées, mais fondées, de ‘la radioactivité comme condition et effet’ ou des retombés incertaines que tous progrès produisent-] par des scientifiques, au plus haut niveau national, européen et même mondial.

    Débat relayé et diffusé internationalement par tous les moyens de communication de la planète entière.

    De l’ Internet, jusqu’au « bouche à oreille. » ?

    À quand ?

    À quand une confrontation mesurée -presque froide- sur le devenir de chaque OBJET qui concerne l’Homme.?

    C’est de cela dont nous -Terriens soucieux réellement de notre devenir en tant qu’espèce- avons urgemment besoin.

    Quelle imprévoyance caractérisée, quels intérêts sordides pourraient nous empêcher de le faire exister ?

    Alors... ... ...

    R . B de http://wwwlavie.over-blog.com

    • je repondrai que le rechauffement de la planete avait deja été constaté dans les années 1880
      par mr albert fabre qui parlait dans un livre que le temps ou nous avions 3 pieds de glace sur l’herault et que Gignac étai trois sous la neige (il parlait du XVeme siecle) était bien loin.
      Réchauffement de l’industrie ou de l’automobile (et les camions....qui ont remplacé les trains...)
      désolé mais j’y crois pas....
      e²34

    • Très courte réponse ,le nucléaire est utilisé par 2 °/o de la population mondiale .Deuxio la lampe que tu montres avec le texte est appelé à disparaitre dans un avenir très proche car elle ne produit quasiment que de la chaleur (voir L’australie qui va les bannir).le jour ou elles n’éxisteront plus on fermera 2 centrales rien qu ’en france ! et 12 à travers le monde je crois .Et le meilleurs Cuba se débarrasse de ces ampoules en les remplassant étonnant non.Danes67et electricien en passant.

    • Toi l’électricien, je voudrais juste te répondre sur les lampes basse consommation :
       il est vrai que les lampes "anciennes" dégagent beaucoup de chaleur... ceci dit, en hiver ce n’est pas un problème puisqu’il faut chauffer les maisons... en revanche en été, c’est un gaspillage d’énergie. Mais pour moi qui suit normand et obligé de chauffer ma maison 8 mois par ans, une lampe à incandescence ne gaspille de l’énergie que 4 mois par an.
       Les lampes BC, cela coûte cher, mais cela dure plus longtemps,
       Dans les lampes BC, il y a beaucoup de produits pas très bon pour l’environnement, comme dans les tubes néon,
       la réponse en tension de ces lampes est très "mauvaise", ces lampes génères beaucoup d’armoniques sur le réseau, et nécessiteront, lorsqu’elles seront généralisés, d’installer des équipement d’électronique de puissance pour supprimer ces armoniques... et ces équipements, consommeront de l’électricité.

      Bref, ces lampes ne sont pas une solution miracle comme tu as l’air de le penser.

      Je dis ça mais je n’ai presque plus que ça chez moi ;-) - il faut dire que lorsque je les ai achetées je ne savais pas tout.

      Jean-Claude

      PS : j’entends déjà les réponses "t’es pro nucléaire..."

      Je veux simplement faire passer un message à tous les intégristes de l’environnement : s’il y avait des solutions peu couteuses, protectrices de l’environnement etc... si c’était si simple, je crois que l’on utiliserait ces solutions et uniquement ces solutions.

  • Pour rappel :

    Cher Amis,c’est avec grands regrets que je ne puis être parmi vous aujourd’hui pour apporter mon soutien aux faucheurs de Nonette, et à travers eux, à l’ensemble des faucheurs volontaires. Comme vous le savez, en tant que biologiste moléculaire, je fabrique et j’utilise des OGM toutes les semaines, dans le cadre de mes recherches fondamentales et de mon enseignement à l’Université. Et c’est justement pour cette raison que je sais à quel point il est irresponsable de disséminer les OGM dans l’environnement et dans les assiettes, tant cette technologie est, non pas « chirurgicale » comme on essaie de nous le faire croire, mais au contraire totalement aléatoire.

    Il n’y a pas un seul scientifique au monde, pas même Claude Allègre, qui est capable d’appréhender de manière exhaustive, ce que peuvent être à court, moyen ou long terme, les conséquences d’une modification génétique sur l’ensemble du métabolisme d’une plante et ses répercussions dans la chaîne alimentaire, ou encore sur ses interactions avec l’environnement. Il en découle des risques sanitaires et environnementaux absolument imprévisibles. Ces risques sont bien évidemment exacerbés lorsqu’il s’agit de « plantes-médicaments » (comme c’est la cas pour le maïs de Méristem produisant la lipase gastrique de chien destinée aux enfants atteints de mucoviscidose), car il s’agit alors de mettre la pharmacie en plein champ, et de prendre ainsi le risque qu’une molécule qui nécessite une prescription médicale se répande dans la nature et soit consommée de façon incontrôlée par des individus ou des animaux.

    Les « plantes-médicaments » nous sont présentées comme une technique révolutionnaire pour produire des protéines d’intérêt pharmaceutique alors qu’il y a près de 25 ans que la« technologie OGM » est utilisée en laboratoire pour produire de telles protéines à visée thérapeutique (insuline, hormone de croissance, facteurs de coagulation, vaccins, etc…) en utilisant des cellules en culture (bactéries, levures, cellules d’insecte, d’ovaires de hamster, ou encore plus récemment, des cellules végétales) multipliées à grande échelle dans des fermenteurs entièrement clos. Les « plantes-médicaments » ne sont donc rien d’autres que le cheval de Troie des OGM agricoles que l’on essaie une fois de plus de nous imposer en utilisant la vitrine médicale et en jouant de la corde sensible comme on sait si bien le faire au pays du Téléthon. Les enfants atteints de mucoviscidose sont aux plantes génétiquement modifiées ce que les enfants atteints de myopathie sont au Téléthon : un outil publicitaire pour alimenter les caisses d’une usine à gaz qui, au nom de la recherche agronomique ou sur les maladies génétiques, ne sert qu’à satisfaire l’ambition malsaine d’une poignée de techno-scientifiques.

    Les faucheurs d’OGM, et de « plantes-médicaments » en particulier, ne sont pas des obscurantistes, des passéistes ou des anti-science. Ils ne sont pas contre la technologie OGM en tant que telle, certains d’entre eux étant eux-mêmes des patients qui se soignent avec des « protéines-médicaments » obtenues par cette technologie en laboratoire. Ils sont contre les applications qui en sont faites dans l’environnement, car ils refusent que la planète soit une paillasse de laboratoire, et les consommateurs des cobayes. Les faucheurs d’OGM sont au contraire des éveilleurs de conscience qui ont alerté l’ensemble des citoyens et ainsi fait en sorte que le débat puisse exister, y compris au niveau du monde scientifique.

    Les faucheurs d’OGM sont aujourd’hui sur le banc des accusés. Ils seront demain les héros d’une résistance qui refuse que l’on sacrifie l’environnement et la sécurité sanitaire au nom de pressions mercantiles et d’idéologies scientistes. Je les soutiens de tout mon cœur et de toutes mes forces.

    Bien à vous,

    Christian Vélot,

    Docteur en biologie

    • Merci Christian de ton soutien. Je pense qu’un certain nombre devrait s’informer un peu plus, participer aux débats sur les OGM, le nucléaire......
      Je n’y connaissait rien sur l’EPR je suis donc allée à Cherbourg, mon opinion a pu se faire en écoutant toutes les parties les pros et anti .

      Une faucheuse volontaire

  • Je suis peut être bouchée, mais les réponses sont totalement nulles.
    Moi je veux un débat sur le nucléaire et je suis prét à écouter tous les arguments. Là je n’ai rien. Des invectives, bof ! Si c’est ça la base de la construction d’une alternative antilibérale, c’est mal parti.
    J Cl

    • ma réponse sera un peu triviale concernant le nucléaire (parce qu’elle répond à un questionnement qui l’est un peu...) :
      ca fait plus de 50 ans qu’on construit des centrales électriques qui fonctionnent à l’uranium (qui ne vient pas du patelin d’a coté d’ailleurs) mais on ne sait toujours pas en demanteller une seule entièrement.
      si un jour l’homme sait se débarraser des déchets radioactifs autrement qu’en les cachant (océean puis "centre de stockage et enfin la Bure), cette énergie ne sera plus compétitive.
      un petit chiffre, le nucléaire, c’est 2% de l’électricité mondiale, le charbon plus de 60%. en ameliorant ces centrales à charbons avec une technologie "propre" (reduction du combustible utilisé et et diminution des emissions de gaz) tu peux remplacer ton nucléaire par n’importe quoi d’autre, tu y gagneras en emission de gaz a effet de serre...

      trop d’autres arguments contre l’utilisation de centrales nucléaire et pas le temps de vous en faire un exposé, maybe next time

      faithfully

      G

    • Arrêter au moins d’écrire des mensonges et aller visiter le site de Brennilis, et vous verrez si on ne sait pas démenteler une centrale nucléaire. Et je ne parle pas des ateliers du CEA qui ont déjà été démentelés...

      C’est quand même un monde de toujours raconter des bobars...

      Jean-Claude

  • Je suis tout à fait d’accord avec cet article.Je suis de ceux qui sont excédés par des attitudes obscurantistes, antiprogressistes et antiscientifiques.Je ne comprends pas ces peurs, dans un pays pourtant reconnu comme rationaliste, devant les progrès de l’humanité.
    Ces attitudes sont largement suscitées par les idéologues de la décroissance, décroissance qui sert à justifier en général les reculs sociaux, les atteintes à nos statuts etc. ou par de soi-disant écologistes plus ou moins autoproclamés.
    De plus la mise au premier plan de ce discours dans la campagne électorale, tout comme la résurgence des thèmes de l’insécurité, de l’immigration, du drapeau ne visent-elles pas à faire diversion pour nous dissimuler les véritables enjeux.?
    Je crois qu’il serait nécessaire d’avoir une réflexion approfondie sur la question.
    En attendant ,votons le 22 avril pour Marie-George Buffet.

    Jean-Yves

    • d’abord, au lieu de diffamer la décroissance, tu devrais t’informer et voir que des scientifiques de renom tels testard et jacquard en fond partie.

      deux, la croissance économique n’a pas amélioré la condition de la majorité des français depuis 30 ans en revanche, elle a beaucoup contribué à appauvrir l’afrique et l’asie (sauf la chine, mis celle-ci est devenue impérialiste) à qui nous volons leurs ressources naturelles.

      j’espère qu’en faisant vroum-vroum à fond les ballons ou en utilisant ton nucléaire, tu penses au nigériens qui vivent sous la dictature pour que nous puissions extraire l’uranium pas cher et aux 500000 birmans massacrés pour que total pille le gaz birman. pour un communiste, l’anti-impéralisme ne semble pas beaucoup te concerner.

      tu confonds en outre rationalisme (primat de la Raison), fondement des lumières et du marxisme, et scientisme, foi aveugle dans le développement technique propre aux fanatiques libéraux et aux raëliens (les cloneurs).

      enfin tu oublies que l’anti-consumérisme et le refus de la croissance ont été des thèmes marxistes, notamment chez un certain Marcuse, et que nombre de membres de la décroissance sont liés au marxisme et en revendique une partie de l’héritage : Ariès, Baba, Ellul...

      tu es un mauvais marxiste, un mauvais rationaliste et un mauvais communiste. sauf sur un point, les procès staliniens malhonnêtes, tu n’as pas oublié...

      bref, il faut voter pour le seul candidat qui ait conscience à la fois des enjeux écolos et sociaux et articule les deux, Besancenot.

    • la décroissance, un concept marxiste !!!!
      Et les gars, c’est une blague ou quoi ?