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Refus catégorique et Refondation

Publie le dimanche 2 avril 2006 par Open-Publishing

Le monde de jadis

En ce monde, pour survivre, il vous fallait accepter d’être exploité par de petits commerçants cupides et des artisans possédés par le Dieu Travail, ensorcelés par le bel ouvrage, obsédés par les délais et les marges.

Vous pouviez aussi veiller à ce que tous les produits sortant d’un magasin soient dûment payés par la clientèle. Vous étiez de ce fait complice de l’injustice sociale s’abattant, légitimement selon tous, sur les en-dehors condamnés à subir et souffrir d’être malgré tout dedans.

Vous deviez aussi, pour exercer certaines activités lucratives, tromper vos semblables en pratiquant le mensonge tout en misant sur la vraisemblable désinformation de ceux-ci. Votre pari n’était d’ailleurs pas risqué. La société de l’information n’existait probablement que pour prêter main-forte aux arnaqueurs en tout genre dont le monde regorgeait alors.

Si j’exprime au passé ce qui relève du présent, c’est avec l’espoir qu’ainsi, ce dernier puisse disparaître, en paraissant dépassé.

Représenter les pratiques du présent comme devant être celle du passé.

Démontrer l’obsolescence du présent, la marche en arrière de sa progression qui n’est que la régression d’une fuite en avant.

Telle devrait aujourd’hui notre façon d’écrire, de décrire.

Technique qui permet selon moi une plus grande distanciation à l’égard de ce qui est. Distance indispensable à une analyse objectivante du monde dans lequel nous vivons, souffrons et au sein duquel nous croupissons, depuis bien trop longtemps, en nous entêtant à téter, avec apathie, sa mamelle pourrissante.

Mais les vivants, individus présents, possèdent-ils en nombre suffisant les dispositions nécessaires à la mise à mort de ce « monde de jadis » ?
La seconde (tout comme la première) guerre mondiale et ses horreurs auraient dû y contribuer, mais il a perduré, s’étendant toujours plus loin, implacable dans son extension mortifère à l’échelle planétaire.

Le « monde de jadis » perdure donc... Mais jusqu’à quand ? N’en avez-vous pas assez ? Vous en faut-il encore de ces horreurs, de ces quotidiennes souffrances dont vous êtes victimes et complices si ce n’est quelquefois les instigateurs et acteurs ?

Je suis bien conscient que vous n’êtes pas à l’origine du jeu dont les cartes ont été inégalement distribuées ; mais la solution ne réside pas en une redistribution de cartes dont l’inégale valeur est au fondement même du jeu. Non, détruisez-le et constituez-en un nouveau. Aucune autre alternative ; sinon, le jeu de dupe se poursuivra avec son petit lot de chanceux et son grand tas de perdant.

Der Ziegelbrenner