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Renseignement intérieur... Ou l’histoire des oléoducs pétroliers irano-israéliens

Publie le vendredi 19 octobre 2007 par Open-Publishing
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Renseignement intérieur... Ou l’histoire des oléoducs pétroliers irano-israéliens

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http://www.haaretz.com/hasen/spages...

Résumé :

Grâce à des unités de pompage et des conduites "réquisitionnées", (our ne pas dire « volées »), à des sociétés italiennes et belges qui exploitait un gisement pétrolier à Ras Sudar, dans le Sinaï, Israël construisit un jour un oléoduc reliant Eilat à Ashkelon. La mise ne place de la conduite, de 40 centimètres de diamètre, fut financée par le Baron Edmond de Rothschild. Le projet fut dénommé « Tri-continental ». A la demande des Iraniens, qui voulaient alors dissimuler leur participation à la vente d’hydrocarbures à Israël à travers une Société commune, les parties établirent une association secrète la "Fimarco", enregistrée en juillet 1959 au sein de l’abri fiscal du Lichtenstein. L’Iran possédait 10 % de l’association. Les tankers transportaient le pétrole d’Iran vers Eilat, et de là il était réexpédié à Ashkelon par le pipeline.

Dernière mise à jour - 12:02 11/10/2007

Par Yossi Melman.

Traduit de l’Anglais par Gilong.

Ces derniers mois, Israël et l’Iran n’ont cessé jouer au « chat et à la souris ». Il ne s’agit pas du jeu habituel des Renseignements, du Contre-espionnage ou de la sécurisation des zones d’influence. De tels jeux ont eu lieu durant des années. La Communauté du Renseignement israélien tente d’obtenir des informations sur le développement du programme nucléaire Iranien et se prépare au cas où il devrait attaquer l’Iran ; tandis que l’Iran tente de contrecarrer ces efforts.

Mais en parallèle à ce jeu « ordinaire », Israël et l’Iran s’activent fiévreusement dans un domaine entièrement différent :

L’Iran essaye de récupérer des propriétés et des actifs appartenant au Gouvernement israélien et à trois compagnies pétrolières israéliennes à l’étranger ; et Israël essaye de le contrecarrer dans cette opération. Cette affaire est le résultat d’un arbitrage international qui a jugé il y a plus de trois ans que les compagnies pétrolières « Paz », « Sonol », et « Delek » doivent indemniser la « Compagnie pétrolière Nationale iranienne », (« NIOC »), de centaines de millions de dollars.

Dans les années 1970 les trois sociétés appartenaient au Gouvernement iranien, mais depuis lors ont été privatisées. Les compagnies pétrolières concernées ont fait appel de la décision d’arbitrage et tentent de retarder l’exécution de la décision ; et y ont réussi pour le moment.

La « NIOC » n’a pas encore pu obtenir la mise en application de la décision et la réévaluation de la dette. Parallèlement à cette décision la contestation continue toujours à travers deux autres actions menées sur des questions semblables.

Toute cette action s’est déroulée en Europe, (En Suisse et la Hollande) depuis plus de 20 ans, et elle est reliée à l’activité d’une dénommée société « Trans-Asiatic Oil » en tant que « personne morale ».

Il s’agit d’une association ultrasecrète qui fut mise en place entre le Gouvernement israélien et le « NIOC » durant le règne du Shah. Cette association gérait la « Société de Pipeline d’Eilat-Ashkelon », les terminaux d’Eilat et d’Ashkelon, et une énorme flotte de tankers géants pour le transport. Après que le Shah ait été expulsé d’Iran et que Khomeini soit arrivé au pouvoir, en février 1979, la République islamique coupa tous les liens avec Israël et stoppa la livraison du pétrole iranien.

En 1985, la « NIOC » engagea des procès gigantesques (Equivalants aujourd’hui à plusieurs milliards de dollars) contre Israël et les Compagnies pétrolières. Les procès furent jugés dans trois arbitrages séparés. La « NIOC » prétendant qu’Israël lui devait des sommes énormes dans le cadre de leur association.

« Haaretz » a tout d’abord consacré un rapport sur la victoire juridique iranienne en décembre 2006 et aujourd’hui le Professeur Uri Bialer de l’ « Université hébraïque de Jérusalem » publie une étude sur les circonstances de l’établissement de la Trans-Asiatic Oil.

L’étude de Bialer, "Fuel Bridge across the Middle East - Israel, Iran, and the « Eilat-Ashkelon Oil Pipeline »," est basée sur des documents qui ont été déclassifiés des Archives d’état israéliennes et des Archives nationales britanniques, ainsi que d’après des entretiens définissant les valeurs en jeu dans ces affaires. Il fournit un aperçu rare sur un chapitre particulièrement intéressant de l’histoire de l’Etat l’Israël. L’étude a été publiée dans la dernière édition du périodique « Israel Studies ».

Jusqu’au milieu des années 1950, Israël recevait son pétrole d’Union soviétique, du Koweït (alors sous tutelle Britannique) et des compagnies pétrolières internationales. Mais dans les années 1955/1956 ces liens furent coupés et Israël fut forcé de trouver de nouvelles sources pour s’approvisionner. Israël conclut des accords secrets avec l’Iran, puis voulut le définir comme principal fournisseur pétrolier. Par crainte de détériorer ses relations avec le Monde arabe, l’Iran a alors hésité. Mais après la Campagne du Sinaï, en 1956, les Iraniens ont été convaincus et ont consenti à fournir du pétrole à Israël.

Au moyen d’unités de pompage et de conduites "réquisitionnées", (Pour ne pas dire volées), à des sociétés italienne et belges qui exploitaient un gisement de pétrole à Ras Sudar, dans le Sinaï, Israël construisit alors un oléoduc reliant Eilat à Ashkelon. La mise en place de la conduite, de 40 centimètres de diamètre, fut financée par le Baron Edmond de Rothschild. Le projet fut dénommé « Tri-continentale ». A la demande des Iraniens, qui voulaient alors dissimuler leur participation à la vente d’hydrocarbures à Israël à travers une Société commune, les parties établirent une association secrète, la « Fimarco ». Elle fut nregistrée en juillet 1959 au sein de l’abri fiscal du Lichtenstein. L’Iran possédait alors 10 % de l’association. Les tankers transportaient le pétrole d’Iran à Eilat et de là le pétrole était transféré à Ashkelon par le pipeline.

Mais au cours des années les besoins d’Israël augmentèrent et le Ministère des Finances proposa un plan pour remplacer la petite conduite de l’oléoduc par une plus grande, de 40 pouce (106 cm de diamètre) et voulut fonder une vraie compagnie avec l’Iran. La Ministre des Affaires Etrangères Golda Meir, se rendit secrètement à Tehran en août 1965, pour mettre en place le projet avec le Shah et avec Fatollah Nafici, un des directeurs de la « NIOC », et l’organisateur des liens clandestins de la société avec Israël. Pour démontrer le sérieux de ses intentions, Israël avait nommé Felix Shinar, un des organisateur de l’Accord des réparations de guerre avec l’Allemagne, en tant que chef du projet. Il y avait avec lui le député - ministre de la Défense Nationale Tzebi Dinstein, Dov Ben Dror qui dirigeait le marché de l’énergie, et Avigdor Mossad Bauer un responsable des Opérations du Mossad. Pour la « NIOC » le président Manuchar Akbal rejoignit les négociations pour le compte de l’Iran. Les pourparlers eurent lieu en Israël, en Iran et en Suisse.

Selon l’article de Bialer, le tournant positif des pourparlers culmina après la victoire d’Israël dans la Guerre de Six jours et la fermeture du Canal du Suez. Le Shah, qui est alors cité par le nom de code "Landlord" dans la correspondance israélienne, fut convaincu d’établir une association fifty-fifty entre le Gouvernement israélien et la « NIOC ». La société fut dénommée « Trans-Asiatic Oil » et fut enregistrée en Suisse, à la demande de l’Iran, pour cacher son association avec les Israéliens et faire croire qu’il s’agissait d’une société étrangère.

Après que le Shah ait donné son consentement, le principal problème était le financement de l’affaire, que l’on pensait devoir coûter 85 millions de dollars, une somme énorme à cette époque.

Le baron de Rothschild refusa de consolider le projet, alléguant que ce ne serait pas rentable. Mais les iraniens pensèrent qu’il n’avait pas tout dit et qu’il il s’était senti insulté par les représentants israéliens qui l’avaient tenu à l’écart durant environ les deux ans de leurs pourparlers avec l’Iran. Une tentative israélienne d’intéresser le pétrolier milliardaire américain David Rockefeller, le Président de la « Chase Manhattan Bank », échoua de même.

A la fin, grâce à ses relations, Shinar obtint un financement de la « Deutsche Bank », par le truchement de laquelle l’argent des réparations de guerre avait été précédemment transféré en Israël dans les années 1950 et 1960. Shinar et Nafici rencontrèrent à Genève et à Zurich Hermann Josef Abs, alors Président du Conseil de la « Deutsche Bank » et discutèrent des conditions du prêt avec lui.

Abs était un ancien Nazi : Il avait géré et dirigé les opérations de la banque à l’étranger à compter de 1938. Et après la Deuxième Guerre mondiale il avait été emprisonné pour cela durant plusieurs mois.
Apparemment, cependant, cela n’empêcha pas les représentants israéliens de tisser des liens très intimes avec lui.

Début 1968, la banque allemande consentit à prêter à un intérêt très bas 22 millions de dollars de prêt pour financer le projet. Le 29 février 1968 un contrat constituant la société, fut signé. Ses détails exacts sont toujours considérés comme Secret d’état. Le contrat fut approuvé à ce moment-là par le ministre des Finances, Pinhas Sapir, pour le Gouvernement israélien et par Akbal pour la « NIOC ». Le contrat opérationnel fut établi pour une durée de 49 ans.

En 1969, le pipeline entre Eilat et Ashkelon étant achevé, des tankers géants furent achetés pour transporter le pétrole. En décembre 1969, le pétrole iranien commença à couler dans la grande canalisation. Un petit pourcentage de ce pétrole fut affecté à Israël.

L’essentiel fut cependant chargé sur des tankers au terminal d’Ashkelon et envoyé aux consommateurs en Europe, principalement en Roumanie, le seul pays du bloc Soviétique qui continuait à entretenir des liens diplomatiques avec Israël.

En 1970, 162 tankers livrèrent 10 millions de tonnes de pétrole au terminal. Ce fut l’année record du pipeline, mais le but ambitieux des 50 millions de tonnes par an ne fut jamais réalisé.

Fin 1978, avec la chute du Shah, le pétrole arrêta de couler et les liens entre les deux pays se détériorèrent jusqu’à l’hostilité qui les caractérise à ce jour. Le « NIOC » esta alors en justice pour réclamer le paiement des trois derniers mois de livraison du pétrole et pour la valeur des actifs partagés ; ainsi que pour le financement des tankers.

Israël déclara alors que l’argent lui revenait en raison du non- respect des contrats par l’Iran.

Pour l’Iran du Shah, l’initiative avait eu seulement une valeur financière et était par contre un fardeau politique. Mais pour Israël c’était une cause nationale, une autre image initiée par le « Mapai » (Le prédécesseur du « Labor »). Et sa motivation principale était stratégique.

“Trans-Asiatic Oil », qui gère toujours le pipeline, a déclaré à « Haaretz » que la décision d’arbitrage concernait les compagnies pétrolières. Ces dernières, pour leur part, ont refusé de réagir à cet article.

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On comprends peut-être mieux ainsi l’insistance d’Isrël à vouloir attaquer, (ou faire attaquer l’Iran) par ses "alliés" américains.

C’est sûr qu’après quelques bombes atomiques il n’y aura plus de dettes envers l’Iran... Ni de jugement international contraignant à les payer.

Finalement, c’est comme d’hab’. Simplement des histoires de gros sous.

G.L.