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Réponse à "Pourquoi MGB ne peut rassembler"

Publie le jeudi 30 novembre 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

Réponse à "Pourquoi MGB ne peut rassembler" :

"- Elle est au PC et en plus son secrétaire national = la LCR (mino et majo), et de nombreuses personnes ne votant pas pour le PC (à part à nanterre, elles sont très très nombreuses !) ne voteront pas pour elle. Elle n’est donc pas apte à rassembler tout le monde."

Ca, ce n’est pas un argument, c’est une affirmation. Moi, je suis au PC, et si Besancenot était désigné démocratiquement par les collectifs, non seulement je voterais pour lui (je l’ai déjà fait en 2002 d’ailleurs...), mais en plus je ferais sa campagne avec enthousiasme ! Encore faudrait-il qu’il soit candidat au rassemblement... Pourquoi les militants de la LCR n’en feraient pas autant pour Buffet ? L’unité et surtout l’ambition que nous avons, à savoir être en tête de la gauche (ou tout court !) au premier tour, ne vaut-elle pas qu’on mette les vieilles querelles de côté ? J’ai adhéré au PC il y a deux ans, parce qu’il s’est remis en question depuis 2002 : je n’ai rien à voir avec l’assassinat de Trotsky, ni avec le Printemps de Pragues, ni avec la gauche plurielle, ni avec les municipales de Bordeaux, ni avec la lacheté de Gayssot ! On avance avec les gens de bonne volonté, c’est tout.
En plus, franchement, les militants LCR sont loin d’être ceux que je voudraient rassembler en premier : ce sont les millions de gens qui souffrent, qui s’abstiennent, qui sont écoeurés et qui ont un besoin vital de changement qu’il faut rassembler ! Commençons par les faire entrer dans les collectifs, et la question de la candidature se posera différemment, vous verrez...

"- Elle était dans un gouvernement qui a plus privatisé que la droite... (ça peut énerver quelques personnes, et je peux les comprendre, vous aussi non ?)"

C’est vrai. Et elle aurait dû, comme d’autres, le quitter, et le PC aurait dû cesser de le soutenir. Il ne l’a pas fait, et on a vu le résultat.

Qui peut honnêtement affirmer que depuis 2002, les leçons n’ont pas été tirées, et qu’une nouvelle voie n’a pas été tracée ? J’ai adhéré en 2004, suite aux régionales, parce que j’ai constaté que le PCF avait décidé de "s’ouvrir", de faire "entrer les gens dans le champ politique" (pour citer Bourdieu), et qu’il avait cessé de se considérer comme une avant-garde éclairée (pas toujours si éclairée d’ailleurs). Le PC, sous l’impulsion de Buffet, j’insiste, a tiré les leçons de ses erreurs. Ca a fonctionné jusqu’à maintenant, aux régionales, aux européennes, lors du référendum. Ce sont des actes, pas des mots. Sans vouloir taper sur les autres candidats, vous êtes sûrs que les autres n’ont rien à se repprocher au niveau "compromission" ? Renseignez-vous correctement, et vous aurez peut-être des surprises... Quant à la LCR, même si j’ai voté pour OB en 2002, je regrette de ne pas les avoir vu à l’oeuvre depuis, en responsabilité... Mais peut-être cela arrivera-t-il à Istres, où Laurent Brémaud, responsable départemental de la Ligue, est candidat aux municipales anticipée sur la liste...socialiste, alors qu’une liste antilibérale ’PCF, Attac, FSU, citoyens, associatifs...) s’est constituée !

"- Médiatiquement, elle sera sans cesse fiché P.C, de quoi encore rebuter les électeurs (Eh oui, dsl de vous le dire, mais le parti communiste n’a plus la côte parmi la majorité des électeurs, sans doute du fait des médias qui le carricature sans cesse, mais les gens voient dans le communisme le stalinisme ! à part à nanterre je sais ! et heureusement que tout le monde ne pense pas ça !)"

De l’autre côté des Alpes, il y a un pays magnifique, où mon père est né, qui s’appelle l’Italie. Il y a peu, des élections législatives ont eu lieu. C’était un vote très important, puisqu’il s’agissait d’en finir avec Silvio Berlusconi, l’un des hommes les plus riches du monde, empereur des médias et de l’édition, chef du plus grand parti italien, et président du conseil. Tous ceux qui voulaient s’en débarasser, du centre droit aux refondateurs communistes, ont créé une grande coalition, à la limite du grand écart, et choisi un leader dont le sérieux n’étazit plus à démontrer : Romano Prodi. Sérieux, ça, il l’était : il en a même fait son slogan ! Malheureusement, il avait plus de mal à se démarquer du "cavalliere" du point de vue politique, puisqu’ils rivalisaient de libéralisme
(Prodi ayant été président de la très libérale commission européenne, avec notre bien-aimé Bolkestein dans son équipe). Cette similitude politique, ainsi que la diversité de la coalition de Prodi n’ont pas empêché Berlusconi de faire une campagne entièrement basée sur l’anticommunisme, sur le thème "les rouges reviennent, ils ont retrouvé leur couteau, et se sont remis à manger des enfants !". Vous connaissez la chute : ça a failli marcher. Prodi et sa troupe bigarrée ne l’ont emporté que d’une (très) courte tête, et ma grand-mère (elle habite Spresiano, au dessus de Venise) est encore aujourd’hui persuadée que le gouvernement va créer des soviets !

Alors vous allez sûrement me dire qu’ici, on est en France, et que si les médias étaient malhonnêtes, contrôlés par des industriels et des financiers liés de près ou de loin à la droite, ça se saurait. Que si les journalistes étaient formés dans des écoles où le capitalisme et le libéralisme sont gravés dans le marbres, écoles où ils fréquentent les futurs énarques et autres responsables politiques, ça se saurait. Que s’ils avaient fait une campagne honteuse lors du référendum, ça se saurait aussi. Que s’ils parlaient des mouvements sociaux et des gens qui luttent en des termes systématiquement péjoratifs, on serait au courant !

Vous avez sans doute raison, je suis un peu parano... Tellement parano, que je ne peux m’empêcher d’imaginer que, même si nous désignons Clémentine Autain (apparentée PCF), Yves Salesse (ancien collaborateur de Gayssot à laz glorieuse époque de la gauche plurielle), avec Buffet en porte-parole, et un PCF qui met toutes ses forces (militants, mandataires financiers, matériel, savoir-faire, réseau des élus, salles...) dans la batailles, les médias ne nous fassent une campagne anti-communiste quand même. Mais sans doute suis-je parano... En admettant que mon scénario se produise, et que le rassemblement soit dans tous les cas dépeint comme un PCF avançant masqué, je suis persuadé que Buffet sera capable de balayer ces accusations rapidement et de parler tout de suite du fond politique. Je suis également certain qu’elle fera suffisamment de place aux portes-paroles, comme c’était le cas lors du référendum. En revanche, si c’est Autain, Salesse (ou Bové, s’il arrête de bouder), je pense qu’ils seront mal à l’aise pour réfuter ce type de propos, parce que cette question leur pose problème. Mais là, j’avoue, ce n’est que supposition !

"- Pour un candidat du renouveau ou de la rupture, ça fait pas top ! Yves Salesse que personne ne connaît ou Clémentine Autain feraient de meilleurs candidats.
Et puis faire place à la jeunesse n’est pas un mal, ça serait un signe fort en direction de celle-ci qui ne se sent pas représentée."

Pourquoi "ça fait pas top" ? Parce qu’elle est "âgée" ? Elle a quasiment le même âge que Royal, sauf qu’elle n’a pas fait de lifting... Parce qu’elle est déjà (un peu) connue ? Mais si on veut gagner, il ne faudra pas passer la moitié de la campagne à expliquer qui on est : ça c’est bon pour faire 4,5 % comme Besancenot en 2002, ou le double en 2007 avec une bonne campagne... Mais peut-être ne cherche-t-on pas à gagner ? Peut-être qu’un bon 10-12% nous suffirait, pour peser sur le PS ? Dans ce cas, on ne se bat pas pour la même chose, camarades. Et dans ce cas, on tombe dans une logique qui est celle de la LCR, toujours à demander "qu’est-ce qu’on fait avec un gouvernement PS" ? Mais la vraie question c’est "que fait le PS avec un gouvernement antilibéral ?!!!". Pour cela, il faut nous donner les moyens de réussir, en chosissant le candidat le plus à même de remplir (objectivement) les critères.

Les sondages : ils posent les mauvaises questions au mauvais moment, à des gens qui n’ont pas les réponses. Arrêtez une bonne fois pour toutes d’en parler et de les commenter, vous faites tourner leur boutique, rien de plus ! Plus notre campagne sera dans la réalité, plus la date de l’élection approchera, et plus ils seront "fiables". Aujourd’hui, ils n’ont aucune valeur.

Les médias : il faudra aller àla télé et à la radio, mais jouer selon nos règles : le candidat devra exiger d’être accompagné d’un ou plusieurs porte-paroles, et développera son argumentation sans tenir compte des questions des "journalistes". Les émissions de divertissements seront proscrites, car il est impossible d’y développer quoi que soit. Clémentine Autain, répondant à une question de la salle la semaine dernière à Nanterre, a dit que nous devrions investir les émissions "populaires" (i.e : Fogiel et Cie) car c’était ces émissions que les classes populaires regardaient, et que donc pour les toucher, il fallait passer dans ces émissions. C’est faux. Pour toucher les classes populaires, il faut faire du terrain, créer une "chaîne humaine" comme nous l’avons fait au référendum, c’est la seule solution. Si nous allons sur le terrain de Royal et Sarkozy, c’est perdu d’avance : jamais nous ne ferons autant de JT qu’eux, et jamais les "journalistes" ne nous laisserons développer nos propositions. Prenons ce qu’il y a à prendre, mais ne perdons pas de vue le type de campagne dont nous avons besoin, et surtout dont les gens qui souffrent (dont nous faisons aussi partie) ont besoin.

Une dernière chose : dans le magnifique roman "1984" d’Orwell, Winston, le personnage principal, écrit dans son journal "s’il y a un espoir, il est chez les prolétaires", par opposition aux membres du "Parti" (lui y compris). Comme chaque syllabe du bouquin, ce passage est visionnaire : bien sûr nous sommes motivés, impliqués, bien sûr nous avons nos préférences en matière de candidatures, mais les "prolétaires" (je devrais enlever les guillemets, puisque cette classe existe toujours, même si, à force d’efforts de la part des dominants, qu’ils soient de gauche ou de droite, elle s’ignore) sont absents des collectifs, pour des tas de raisons. En attendant qu’ils arrivent, ne pensons pas à leur place, faisons plutôt en sorte qu’ils nous rejoignent, en y voyant un moyen d’enfin améliorer leur sort !

A bientôt.

Iknemo (qui tracte deux fois par semaine le matériel des collectifs).

Messages

  • Je ne te contredirai pas sur ton commentaire de"Pourquoi MGB ne peut rassembler",bien que je ne sois pas d’accord avec toi,mais tuas le droit de penser ce que tu penses.Je te reprendrai seulement sur un point quand tu cites Orwell littérallement d’ailleurs quand Winston Smith dit dans son journal"S’il y a un espoir,il est chez les prolétaires".Le prolétariat dont parle Winston n’a rien à voir avec notre prolétariat actuel(qui existe bel et bien,quoiqu’on en dise).Les classes dirigeantes du monde de Big Brother considèrent le prolétariat ni plus ni moins comme du bétail,incapable même d’une pensée structurée,à tel point qu’il n’y a même plus besoin de les décérébrer comme ils le font avec les autres classes inférieures.On leur laisse même exprimer leurs sentiments,vivre une sexualité,certes de reproduction,mais tout de même.On les laisse même parler leur langue.C’est là qu’est peut-être leur potentiel révolutionnaire.Mais tout ça c’est de la science fiction.

    vieil anar

  • Je vais pas répondre à tout, ce serait trop long. Juste :

    « Mais peut-être cela arrivera-t-il à Istres, où Laurent Brémaud, responsable départemental de la Ligue, est candidat aux municipales anticipée sur la liste...socialiste »

    Laurent Brémaud n’est plus à la LCR.

    Sinon, le coup du

    « Mais peut-être ne cherche-t-on pas à gagner ? Peut-être qu’un bon 10-12% nous suffirait, pour peser sur le PS ? Dans ce cas, on ne se bat pas pour la même chose, camarades. Et dans ce cas, on tombe dans une logique qui est celle de la LCR, toujours à demander "qu’est-ce qu’on fait avec un gouvernement PS" ? »

    J’ai vraiment du mal. En dehors du fait que c’est une superbe façon d’évacuer tout argument « quoi ? mais vous ne jouez pas la gââââgne ? » Pour citer aussi Orwell, ça me fait un peu penser au « Quatre pattes oui ! Deux pattes non ! » scandés pour évacuer toute objection.

    En dehors du fait que je pense que ce serait super cool que la gauche antilibérale arriverait devant le PS, mais que bon, je pense qu’en ayant un minimum de lucidité on peut trouver ça franchement peu probable ; le fait d’évoquer le glorieux futur pour balayer une objection mineure sur « qu’est-ce qu’on fait si c’est pas le cas » me paraît un peu facile.

    Elly