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Répression et chasse aux étrangers : un pas a été franchi.
Publie le mercredi 21 mars 2007 par Open-Publishing4 commentaires
COMMUNIQUE DE PRESSE RESF PARIS
Paris le 20 mars 2007
Répression et chasse aux étrangers : un pas a été franchi.
Hier et ce soir, des incidents graves se sont produits lors de rafles effectuées dans nos quartiers à Paris.
Lundi 19 mars en fin de journée, nous avons assisté, révoltés, à une tentative d’arrestation devant l’école maternelle Rampal d’une dame venue chercher une petite fille à la sortie de l’école.
Malgré l’intervention des parents présents, et celle d’enseignants, les policiers ont fouillé et interrogé cette femme, prenant de haut les protestations, devant les enfants et parents traumatisés. Ils l’ont ensuite emmené pour une destination qu’ils n’ont pas voulu préciser, laissant la petite fille désemparée...
Suivis et à nouveau "interpellés" par des parents de façon véhémente, les forces de l’ordre ont fini par relâcher leur proie plutôt que de provoquer une émeute. Cet incident a eu lieu lors d’une énième rafle dans le quartier de Belleville.
Ce soir, mardi 20 mars, au même endroit, après plusieurs allers-retours dans le quartier, les policiers ont finalement assiégé un café (situé à l’angle de 4 écoles, les écoles Lasalle et Rampal), et y arrêtant, notamment, un grand-père de 2 enfants scolarisés aux écoles Piver et 77, bld de Belleville.
Après l’avoir été maintenu dans le café pendant plus d’une heure, la police décidait d’embarquer ce grand-père juste avant la sortie d’école de 18h. Les parents d’élèves, des enseignants, les militants de RESF et les habitants du quartier tentaient d’intervenir. La réaction des policiers fut immédiate : ils cherchaient violemment à disperser la mobilisation, n’hésitant pas utiliser la violence physique et un peu plus tard à asperger la rue de gaz lacrymogène. Les parents présents aux sorties d’écoles, avec leurs enfants et leurs poussettes, atteints par les puissants gaz lacrymogènes, se réfugiaient dans l’école élémentaire Lasalle pour fuir cette scène particulièrement traumatisante.
Le grand-père a finalement été emmené dans un commissariat du 2ème arrondissement.
Quelque temps après, les rafles se poursuivaient à Goncourt et à la rotonde de Stalingrad.
Non contents d’augmenter la cadence des contrôles au faciès, parfois en dehors de tout cadre judiciaire, les fonctionnaires de police ont donc choisi cette fois de violer le dernier refuge des valeurs de la République, à savoir l’école.
Le Préfet de Police de Paris aurait tort de sous-estimer la colère grandissante que provoquent ces procédés iniques et circonstanciels dans les quartiers dits "populaires". La peur cède peu à peu à la détermination d’y mettre fin, on l’a vu ce soir.
Nous partageons cette détermination. Le procédé de rafle est en lui-même odieux parce qu’il bafoue l’ensemble des droits fondamentaux des personnes humaines. Et doublement insupportable quand les institutions de la République sont elles-mêmes visées.
Nous rappelons aussi les garanties données à RESF à deux reprises pendant l’été 2006 (le 5 juillet et le 27 juillet) par la Préfecture de Police : qu’il n’y aurait pas d’interpellations dans et aux abords des établissements scolaires. Désormais, devons-nous tenir pour caducs ces engagements ?
Pour le Comité de soutien Lasalle-Rampal,
Maria Clark, 06 18 01 07 63
Thérèse Coriou, 06 82 18 39 14
Dominique Perez, 06 84 52 00 41
Pour RESF Paris,
Brigitte Wieser 06 88 89 09 29
Anthony Jahn 06 61 98 45 18
—
Anthony Jahn
06.61.98.45.18
Signez la pétition nationale du RESF
"Laissez-les grandir ici" à l’adresse http://www.educationsansfrontieres.org/spip.php?article4633
Messages
1. Répression et chasse aux étrangers : un pas a été franchi., 21 mars 2007, 10:41
C’est vraiment honteux, c’est dégueulasse....
Habitant le 20eme à Paris, j’ai eu connaissance de familles ne voulant plus emmener leurs enfants à l’école de peur que cela ne leur arrive....
Si tout le monde est concerné par ces atteintes aux droits de l’Homme et aux droits de l’Enfant les enseignants sont en première ligne.
Comment peuvent ils continuer à exercer dans ces conditions ? Ne serait il pas temps qu’ils refusent d’assurer les cours tant qu’il n’y a pas un engagement du gouvernement pour qu’il n’y ait plus arrestations dans et autour des écoles ?
Je suis sûr qu’un vaste mouvement de grève des enseignants sur cette question serait soutenu par les parents d’élève et le gouvernement ne pourrait faire autrement que d’y répondre positivement.
Des enseignants peuvent ils me répondre ?
Jips
1. Répression et chasse aux étrangers : un pas a été franchi., 21 mars 2007, 13:22
Des enseignants ont déjà fait grève, dans plusieurs écoles parisiennes (peut-être aussi ailleurs, mais c’est ce que je connais).
Le problème est d’étendre des mouvements qui sont locaux. Et le réseau RESF n’est pas un syndicat enseignant ; je veux dire par là qu’il n’y a pas la structure nécessaire.
Cependant, en tant qu’enseignante, je serais tout à fait favorable à un tel mouvement. Je constate simplement que les profs sont surtout prompts à militer lorsque les enjeux touchent leur établissement...
Comment faire pour en faire une consigne et une prise de conscience nationale ? Je n’ai pas la réponse là tout de suite.
MG
2. Répression et chasse aux étrangers : un pas a été franchi., 21 mars 2007, 14:04
Merci MG de ta réponse.
Et quelle est la position de vos syndicats la-dessus ?
Jips
3. Répression et chasse aux étrangers : un pas a été franchi., 21 mars 2007, 23:33
A l’heure actuelle, de nombreuses mobilisations locales existent autour de familles étrangères en danger d’expulsion, elles sont l’occasion pour de nombreux « simples citoyens » de découvrir la réalité de la vie des immigrés, déboutés du droit d’asile ou autres. Cette découverte va à rebours de ce que les politiques au pouvoir leur serinent à longueur de temps et pour beaucoup c’est une vraie stupéfaction qui entraîne (parfois, souvent, mais ce n’est pas forcément spontané) l’action. Ceux qui n’y ont pas été confrontés, croient toujours que la France est « le pays des Droits de l’Homme », une « Terre d’Asile »... Seul le choc de la réalité leur fait ouvrir les yeux. Et cela n’a pas encore fait la « boule de neige » qui entraînerait des réactions massives au niveau du pays. Le Réseau Education Sans Frontières ( qui essaie fédérer, de faire connaître et de développer ces mobilisations) peut se féliciter d’avoir réveiller quelques consciences... mais c’est un combat de chaque jour ! Dans ce cadre, parce que nous sommes membre du Réseau, et que nos militants sont souvent impliqués dans ces mobilisations, la Fédération des Syndicats SUD Education dépose chaque semaine auprès du ministère de l’Education nationale un préavis de grève spécifique qui dit " Des milliers d’enfants, d’adolescents et de jeunes majeurs, avec ou sans leurs parents,risquent toujours l’expulsion vers des pays où leur avenir,et parfois même leur vie, est en danger. C’est pourquoi la Fédération des Syndicats SUD Education appelle tous les personnels à se mettre en grève dans chaque établissement scolaire où un élève sera victime d’une expulsion, à se mobiliser quand les droits fondamentaux des françaises et français ou des étrangères et étrangers sont menacés : droits à la santé, à l’éducation, à la vie privée et familiale ( mesures contre le regroupement familial et contre les mariages des sans-papiers) et droit d’asile." Il est possible que d’autres syndicats enseignants fassent la même chose - mais je ne l’ai pas vérifié - car la plupart font partie du Réseau. Cela « couvre » donc les personnels qui se mettent en grêve dans l’urgence. Peut-être la question d’une extension se posera-t-elle un jour ?
Claude Hénon
Co-secrétaire générale de
la Fédération des Syndicats SUD Education