Accueil > Restaurer la responsabilité
C’est en s’affirmant « citoyen du monde » que François observe la faillite du modèle occidental.
Oui, la déconfiture ne s’annonce pas, elle est déjà largement entamée.
Notre civilisation a commencé depuis le 19° siècle à péricliter, et ce, en s’accélérant.
La politique occidentale aura réussi à transformer les trois- quarts de l’humanité en un énorme « pénitencier » sous le regard bien veillant des biens pensants.
La société capitaliste contemporaine nous a apporté une vie, certes, plus confortable sur le plan matériel.
Mais, à quel prix !
Le labeur du travailleur sera largement taxé, l’actionnaire, lui, touchera ses dividendes sans taxe !!!
Quand le politique pense éventuellement prélever une taxe sur ces dividendes, les sociétés privées font le gros dos.
Pourtant ce ne serait que justice.
Il faut croire que capitalisme et justice ne font pas bon ménage...
Dans les mœurs actuelles, pour être heureux, il faut accumuler du fric, des biens... !
Cela s’appelle « gérer en bon père de famille ».
Il serait plus adéquat d’appeler cela « gestion clôturée », l’argent repart dans le système et ainsi de suite.
Pendant toute cette période de l’existence, la pauvreté a augmenté. Or, logiquement elle aurait dû diminuer.
C’est à partir de ce constat que François découvre que nous fuyons nos responsabilités.
Car, il faut bien s’entendre : si nous n’avons pas directement de responsabilités vis à vis d’un inconnu, notre attitude inconsciente nous rend responsables envers autrui. Ce n’est pas un choix mais bien la conséquence.
La notion de responsabilité n’est pas dictée par un choix : elle est la conséquence d’un acte ou d’un non-acte.
Il n’y a pas de responsabilité partielle dans le cas du non-acte. Par contre, en ce qui concerne l’acte, nous avons parfois une responsabilité partielle.
Nous voilà en présence d’un concept amusant, se dit François. Pourquoi serais-je responsable d’une action non commise, ni même pensée ???
Notre ami a-t-il « déraillé » à la faveur d’un altruisme exacerbé ?
Non, il s’agit de créer une dynamique non stagnante.
Pour progresser durablement, il est nécessaire et urgent de créer une dynamique vivante à long terme.
Il y a de cela quelques années déjà, François se souvient d’un professeur tentant de le convaincre que la porte de la classe était bien ...fermée.
Comme à son habitude et assez ironiquement, il contredit le professeur d’une manière catégorique.
La porte pour lui, était ouverte malgré que l’on voyait bien qu’elle fût fermée ; ce qui ne manqua pas d’amuser la galerie.
L’explication était que pour François, la porte était bien ouverte, puisque le professeur ne l’avait pas verrouillée à clef !
Dans le même registre, ce n’est pas parce que je ne connais pas telle situation qu’elle n’existe pas.
Pourtant, si je prends en considération ce que telle circonstance peut devenir, je peux agir sur les conséquences.
Restaurer la responsabilité n’est pas gagné d’avance, ce n’est pas non plus insurmontable. Lorsque nous comprendrons qu’il est possible d’interférer sur les conséquences des situations que nous ne connaissons même pas, l’homme fera un pas dans la bonne direction.
Dès cet instant, l’homme pourra parler réellement de progrès !
Lors de nos gestes quotidiens, nous avons la possibilité d’interférer ; prenons simplement l’habitude de regarder d’où vient le produit, comment sont les conditions de travail du pays producteur...
Quand tous ces gestes feront partie du quotidien, nous pourrons nous déclarer « citoyen du monde ».
Pour François, le cas échéant, il s’agirait de pratiquer une sorte de « boycott citoyen », et ce, dans une volonté de commerce équitable.
Actuellement le boycott n’est plus au goût du jour.
Nos dirigeants, il est vrai, par manque de courage, se sont persuadés que cette solution créerait trop de déséquilibres en termes d’échanges commerciaux.
Une trop infime partie de la population essaye d’acheter de manière équitable ; le résultat est très insuffisant.
Nous voilà en présence d’un effet néfaste du libéralisme.
Le libre échange fonctionne sur un concept non avoué qui ne peut qu’être appelé : exclusion !
Notre système économique a créé des richesses et permis des avancées sociales.
Lorsque les sociétés s’aperçoivent que les coûts de production sont trop élevés, pas de place pour les sentiments, et les délocalisations pleuvent.
Les drames sociaux et les détresses humaines, ne sont pas prévus dans leurs statuts.
Le seul paramètre que tous les systèmes économiques n’ont jamais réussi à contrôler totalement est : l’être humain. Or, nous participons pleinement et passivement à la création de véritables bombes sociales à retardement.
Le paradoxe c’est que nous en serons également les victimes.
Nous ne saurions plus inverser la vapeur. Tout au plus pouvons-nous atténuer les conséquences en agissant et reconnaissant notre responsabilité envers un non-acte.
a+