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Retraites une analyse (d)étonnante dans le Télégramme

Publie le mercredi 6 octobre 2010 par Open-Publishing
2 commentaires

La lecture de cet article confirme qu’il faille bloquer les flux de marchandises et les flux de travailleurs & travailleuses allant se faire exploiter pour espérer qqch d’intéressant.

Gréviculteur


Un rapport de force inchangé
Alain JOANNES

http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/commentaires/un-rapport-de-force-inchange-03-10-2010-1069811.php?xtmc=joann%C3%A8s&xtcr=1

3 octobre 2010

Qu’il y ait plus ou moins de monde aux manifestations ne change pas le fond des choses. La réforme suit son petit bonhomme de chemin.

La question de savoir si la nouvelle manifestation contre la réforme des
retraites est plus ou moins réussie ne signifie pas grand-chose. Le constat
fondamental est qu’elle ne modifie pas le rapport de forces, malgré le renfort des jeunes, des salariés du secteur privé, des familles et des bambins en poussettes. Le gouvernement se contente d’obliger les sénateurs à attendre le plus longtemps possible avant de déposer leurs amendements à la réforme. Sa logique consiste à laisser les syndicats aller jusqu’au bout d’une escalade qui semble devoir culminer le 12 octobre prochain, en espérant que leurs divergences apparaissent plus clairement sur la suite à donner au mouvement.

L’économie n’est pas entravée

L’histoire des relations conflictuelles entre les pouvoirs publics et les
mouvements sociaux enseigne en effet que la protestation contre une réforme précise n’obtient gain de cause que dans deux cas : la paralysie du pays (décembre 1995) et les affrontements violents entre les forces de l’ordre et une partie déterminée de la jeunesse (CPE 2006). La référence aux grèves de novembre-décembre 1995 implique que les services publics, et notamment ceux qui assurent les transports, arrêtent de travailler. L’épreuve de force est alors catégorielle mais frontale puisqu’en entravant le fonctionnement de toute l’économie, quelques corporations provoquent les mêmes dégâts que ceux de la mythique grève générale. Dans ce « modèle » de protestation salariale, le véritable levier est la pression que le patronat exerce sur le gouvernement pour qu’il cède. Les affrontements violents entre jeunes et CRS réveillent, dans l’imaginaire des gouvernements de droite, la grande peur de mai 68. Plusieurs répliques de ce traumatisme ont eu lieu, notamment en 1986, contre la loi Devaquet. Ce sont en général des dissensions à l’intérieur du pouvoir en place qui donnent raison à la protestation.

Une cristallisation peu probable

Un troisième « modèle » de protestation victorieuse n’est évoqué que pour mémoire car les conditions ne sont pas réunies pour son émergence. Il s’agit d’une cristallisation soudaine et massive de plusieurs revendications - comme celle des dockers ou celle des infirmiers anesthésistes se greffant sur le refus de la réforme des retraites - ou de colères latentes comme celles qu’entretiennent l’affaire Woerth-Bettencourt, voire la personne du chef de l’État. Une telle cristallisation est d’autant moins probable que, même divisés, les syndicats se comportent comme s’ils voulaient, par des cortèges répétés,
épuiser l’énergie de la protestation. Ce qui permet à la réforme des retraites de suivre son petit bonhomme de chemin à un train de sénateur.

Messages

  • La politique politicienne n’étant pas une science exacte, on peut décliner à l’infini des scénari possibles ou probables construits sur la base des expériences passées. Or la brutalité du pouvoir actuel contre la majorité de la population, le cynisme (mot qui vient du grec Kynos qui veut chien) et le degré de corruption des "élites" qui vont de pair avec la richesse insolente et grandissante des capitalistes, cela fait un sacré cumul comme autant d’ingrédients composant un mélange explosif jamais réuni depuis la fin de l’Occupation en 1945. Chacun de nous a une chance d’avoir raison. Pour ma part je pense que ça va péter d’une manière ou d’une autre, mais je ne sais pas dans quel sens, mais je sais que je vais y contribuer.