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Revenu des paysans : Le compte n’y est pas !

Publie le jeudi 31 janvier 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

REVENUS DES PAYSANS

Article Paru dans Rouge n° 2235 (le journal de la LCR), Réagir à cet article

Le compte n’y est pas

On a entendu, dans les médias, qu’en moyenne, les revenus agricoles ont augmenté de 12 % en 2007. Mais l’augmentation ne concerne pas tout le monde, ce chiffre cachant d’énormes disparités. En creusant un peu, on se rend vite compte que ce sont les céréaliers – qui ont, le plus souvent, d’importants moyens de production – qui empochent le pactole. Ceux qui profitent pleinement de cette injuste politique agricole commune (PAC) ont vu leurs revenus exploser de 98 % cette année ! De l’autre côté, il y a le reste de la paysannerie qui, même au-delà de la diversité géographique ou de production, a subi une chute vertigineuse de ses revenus : - 23 % pour les éleveurs de bovins, - 28 % pour les éleveurs d’ovins, - 35 % pour les producteurs de fruits et légumes, - 59 % pour les producteurs de porc... Sur 500 000 exploitations agricoles françaises, près de 300 000 voient leurs revenus s’effondrer !

Non pas que la barrière entre les paysans se situe entre les différents types de production : elle réside dans la taille des structures. Il se trouve que, la plupart du temps, les grosses structures opèrent dans des productions avantageuses par leurs marges, mais aussi dans les dispositifs d’aides publiques... D’ailleurs, ceux qui détiennent ces « superstructures » préfèrent être appelés « agrimanager » plutôt que paysans. Ils délimitent eux-mêmes le fossé.

Les variations brutales des revenus sont dues aux dérégulations des marchés agricoles mises en place par l’OMC, dont on ne présente plus celui qui est à sa tête (Pascal Lamy, PS). Ces variations sont accentuées par la PAC, imposée par le système capitaliste mondialisé. Ces disparités sont aussi dues au coût des matières premières, qui restent soumises aux spéculateurs financiers...

Et, pour couronner le tout, dans ces « 12 % de hausse moyenne des revenus agricoles », le calcul prend en compte la disparition de 3 % de paysans cette année... L’agriculture ne peut pas fonctionner avec des marchés aussi fluctuants. Les problèmes rencontrés sont déplorables pour les consommateurs et désastreux pour les producteurs. Il faut une structuration et une régulation des marchés planifiées démocratiquement et, directement lié à cela, réorienter très rapidement la PAC. Le calendrier s’y prête, puisqu’une réévaluation de la PAC est prévue en 2008, pendant la présidence française de l’Union européenne. Que les paysans (et l’ensemble de la société) ne laissent pas Sarkozy et les barons agricoles décider pour eux.

Messages

  • Il faut développer les AMAPS autour des villes, sachant que les cités sont rejetées à la périphérie, ça profitera en premier lieu à ceux qui n’ont pas beaucoup d’argent !

    N’attendons rien du pouvoir ni du médef, prenons-nous en charge avant que nous soyons morts de faim, à cause de ces gens qui veulent toujours plus de fric, au mépris de notre santé !

    Nous sommes majeurs et adultes, réagissons de diverses manières !

    Sarko nous aura pas !

  • Le revenu des céréaliers à augmenté de 98 % cette année ? D’où tenez-vous ces chiffres ? Ce qui a augmenté de 98 % c’est le prix de vente moyen du blé par rapport à 2006-2007 et non pas le revenu ! La nuance est grande ! D’abord parce qu’il s’agit d’une moyenne des prix de vente de la campagne céréalière (et que, logiquement, certains sont en dessous, et d’autres au dessus). D’autre part, ce prix s’entend pour des critères de qualité précis (PS : Poids Spécifique, par exemple). Or, l’année a été moyenne en terme de rendements et mauvaise en terme de qualité : peu de blés se sont trouvés avec des critères de qualités au niveau souhaité par les acheteurs et les agriculteurs ont eu des réfactions sur leurs prix.
    D’autre part, en termes économiques, il ne faut pas confondre le chiffre d’affaire (la somme que le vendeur tire de sa production) et le revenu !(ce qui reste une fois déduites les charges).
    Le chiffre d’affaire à l’hectare = rendement x prix de vente. En clair, le rendement joue aussi sur le chiffre d’affaire : de bons prix et de mauvais rendements font un chiffre d’affaire mauvais ! Cette année, les rendements ont été assez "moyens" et ont donc limité la hausse du chiffre d’affaire.
    Ensuite, les charges ont explosé pour le milieu agricole : fioul, engrais (l’azote est indexé sur le pétrole), produits de traitements, pièces mécaniques,...
    Enfin, le prix du blé était à un niveau indécent depuis plusieurs années : le cours du blé aujourd’hui (230 à 240 €/tonne) correspond au prix du blé en 1990 ! !
    Tout cela pour dire qu’il ne faut jamais confondre le prix et la marge ! Et que ceux qui utilisent ces arguments sont ceux qui profitent en réalité de la "flambée" de l’alimentaire : industrie agroalimentaire et, surtout, la Grande Distribution !
    L’agriculteur restera toujours un simple pourvoyeur de matière première ! Il ne contrôle pas la météo. Il ne contrôle pas ses prix.

    Eric, Evreux