SARKO et l’enquête RG ?

Sarkozy a-t-il fait enquêter sur Royal ?
BERNARD DELATTRE - Correspondant PERMANENT à PARIS

Mis en ligne le 25/01/2007
– - - - - - - - - - -

L’entourage de la candidate cible des Renseignements généraux ? Nouvelle "boule puante" de campagne. Et énième controverse sur "la police politique" de Paris.

EPA
Après les rumeurs malveillantes sur le patrimoine et les prétendues manoeuvres d’évasion fiscale du couple Hollande-Royal, une nouvelle "boule puante" a été lâchée mercredi dans la campagne électorale française - en forme de bombe carrément, celle-là.

"Le Canard Enchaîné", généralement bien informé sur les matières liées au renseignement, a affirmé que les Renseignements généraux (RG) avaient récemment enquêté sur un membre de l’équipe de campagne de Ségolène Royal. Cible de cette enquête présumée : le nouveau conseiller pour l’environnement de la candidate socialiste, par ailleurs ancien dirigeant de Greenpeace. Témoignages anonymes de membres du RG à l’appui, l’hebdomadaire a affirmé que, pendant trois jours, six agents des RG avaient fouillé dans le passé de l’intéressé puis transmis une note de trois pages au QG du candidat de l’UMP.

Nicolas Sarkozy a qualifié ces allégations de "ridicules" et réfuté "toutes demandes d’investigations" sur "l’entourage politique" de son adversaire. Les RG, eux, n’ont publié aucun démenti officiel. Le PS a solennellement exigé "des vérifications" sur ces informations "extrêmement préoccupantes". Qui, si elles étaient avérées, seraient "dignes des pires campagnes électorales" et confirmeraient "la confusion totale des genres entre fonction ministérielle et candidature à l’élection présidentielle".

Voilà donc les RG à nouveau dans le collimateur. De son appellation officielle "Direction centrale des renseignements généraux", cette institution est un des piliers du dispositif français de renseignement. Héritiers du "Service des fiches" de la IIIè République, intronisés sous Vichy, ils comptent 4 000 agents dépendant directement du ministre de l’Intérieur. Et ces RG ont très souvent défrayé la chronique.

En cause notamment, ses célèbres "notes blanches" - notes relayant des informations confidentielles mais démunies d’en-tête officiel, et du coup souvent ramassis de ragots politiquement orientés -, qui ont officiellement été supprimées en 1997. Ou ses enquêtes politiques (sondages préélectoraux informels, etc.), qui lui sont désormais tout aussi officiellement interdites.

Une réputation sulfureuse

Malgré ces deux réformes, les RG conservent une réputation sulfureuse d’incompétence - fin 2005, ils ont été accusés de n’avoir pas vu venir la crise des banlieues - mêlée de partialité : une image de "police politique" même, adepte des fichages généralisés de citoyens.

Les RG traînent il faut le dire quelques grosses casseroles. Au début des années 1990, ils furent soupçonnés de coups tordus voire de bavure dans "l’affaire Doucé", du nom de ce pasteur homosexuel dont le meurtre ne fut jamais élucidé. A l’issue du scandale, fut dissoute la cellule des RG dite des "enquêtes réservées" : la cellule dévolue aux enquêtes les plus délicates et dont jadis, dans la phase la plus paranoïaque de son règne, le Président Mitterrand abusa.

Avant 2007, à deux reprises déjà, les RG troublèrent des campagnes présidentielles. En 1994, la révélation - par "Le Canard", tiens - des écoutes pratiquées par un agent des RG sur le Conseil national du PS consacré à la succession de François Mitterrand, écoutes ensuite transmises au ministre de l’Intérieur Charles Pasqua, fit scandale. Dans la foulée, Nicolas Sarkozy lui-même soupçonna les RG, longtemps dirigés par un chiraquien de choc, d’avoir enquêté sur, déjà, ses prétendus comptes bancaires à l’étranger. Enfin, en 2002, les RG furent soupçonnés par les socialistes d’avoir largement alimenté les journalistes enquêtant sur le passé trotskiste caché de Lionel Jospin.

– - - - - - - - - - -
Retour