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Sa campagne n’élude aucune question de fond

Publie le jeudi 12 avril 2007 par Open-Publishing
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de Roger Martin écrivain

Pour justifier mon soutien à Marie-George Buffet, je ne mettrai pas en avant mon appartenance au Parti communiste. Elle ne suffit apparemment pas si l’on en juge par diverses prises de position. Pas d’anathèmes ni d’excommunication cependant. Il faudra reforger l’unité dans les luttes face aux mauvais coups du patronat et de la droite.

Juste un peu d’amertume : en 1988, élu en Lorraine, j’avais choisi, avec d’autres, de soutenir Pierre Juquin. Alors que d’aucuns réclamaient notre exclusion (certaines charges venaient de "purs et durs" soutenant aujourd’hui un autre candidat), j’ai choisi de démissionner de mon plein gré, par morale : les militants avaient majoritairement désigné André Lajoinie, je prenais acte.

Mon retour, sept ans plus tard, s’est fait sous le signe de l’efficacité : dans un Vaucluse où le vote frontiste atteignait des records, j’ai pensé que seuls les communistes pouvaient encore dans les cités populaires combattre efficacement les théories fascistes et racistes.

Je pense toujours qu’une des priorités est d’arracher à l’influence de l’extrême droite des centaines de milliers de citoyens livrés à la précarité et au désespoir, dont le vote est un acte suicidaire tant ils seraient les premières victimes du programme frontiste, qu’ils ignorent. Mes travaux sur les États-Unis m’ont en outre persuadé du danger d’une bipolarisation mortelle pour les libertés et les avancées sociales. Aussi, quand j’entends de bons esprits dénoncer un prétendu « chauvinisme d’organisation », je crie danger !

Certes, je préférerais que la gauche radicale et l’extrême gauche ne soient pas aussi morcelées, je rêve parfois d’une « réunification » tant il est vrai que les divergences entre la LCR et le Parti communiste ne me semblent pas insurmontables et que mes désaccords avec Lutte ouvrière ne me font pas oublier ses militants, que je respecte. Mais par-dessus tout, je ne veux pas que le Parti communiste disparaisse ou s’efface derrière un programme vague et flou, parce que notre faiblesse électorale n’empêche pas que nous jouions un rôle capital dans le mouvement social et politique et que les campagnes haineuses de la droite et de nombre de médias, leur acharnement contre un parti dont paradoxalement ils prétendent qu’il serait mort, n’ont qu’une seule raison : ouvrir, avec la destruction du Parti communiste, de façon irrésistible et durable, un boulevard au MEDEF et à la droite.

Or les communistes se battent, souvent militants syndicaux efficaces, jouissant de la confiance de nombreux travailleurs, jouant un rôle indispensable dans les luttes et la défense des plus démunis. Politique intérieure ou internationale, ils prennent toute leur part des combats, sans volonté hégémonique. Demain, quelle que soit l’issue des élections, la lutte continuera.

Nombreux seront ceux qui, en cas de défaite de la gauche, se replieront sur eux-mêmes, déçus et désorientés. Nous ne serons jamais trop, individus et organisations, pour reconquérir le terrain ! On pourra compter sur les communistes !

Cette question est essentielle à mes yeux et je m’insurge contre une vieille lune remise au goût du jour : parce que nous serions membres du Parti communiste

(la chose est vraie pour la LCR ou LO) nous ne serions pas libres ! Curieuse conception de la liberté ! Quel mépris des militants ! Que d’arrogance de la part de certains ! La liberté ou l’art de ne rendre de comptes à personne ?

De fluctuer en fonction des humeurs et des sondages ? De cultiver flou artistique et sujets très médiatiques ? J’ai adhéré au PC, me suis retrouvé en désaccord à plusieurs reprises, l’ai quitté sept ans.

Je crois n’avoir jamais abdiqué mon esprit critique. Ai-je avalé des couleuvres ? Sans doute. Mais quand j’entends des témoignages de militants issus de mouvements qui prônent démocratie participative et liberté tous azimuts, quand je considère nombre de parcours politiques surprenants, je me prends à relativiser. Ce qui prime à mes yeux ?

Que notre pays ne prenne pas le risque de se passer des communistes. Le mouvement social européen l’a bien compris. Est-ce un hasard si le Linkspartei en Allemagne, Rifundazione communista en Italie, le nouveau Parti socialiste aux Pays-Bas sont unis derrière Marie-George Buffet ?

Une dernière réflexion à propos de l’« électoralisme » qui serait le nôtre, comme si c’était un crime, comme si avoir des élus ne permettait pas de peser dans les débats et les luttes. Est-ce pour aller à la « pêche aux voix » que le Parti communiste et Marie-George Buffet ont multiplié les interventions en faveur des détenus d’Action directe comme ils se sont impliqués avec l’Humanité pour la libération de Cesare Battisti ? Pour ces raisons, et bien d’autres, je soutiens haut et fort la candidature de Marie-George Buffet. Je la savais compétente et acharnée. Courageuse aussi.

La campagne actuelle me démontre chaque jour qu’au lieu de passer son temps à multiplier les attaques contre ceux qui comme elle se réclament du combat antilibéral, que je préférerais voir appeler anticapitaliste, elle réserve ses coups aux duettistes de la droite, Sarkozy et Bayrou, faux-vrais jumeaux nourris au lait du MEDEF, et à l’extrême droite. Sa campagne, qui n’élude aucune question de fond et avance des mesures capitales, est marquée au sceau de la combativité et de l’honnêteté. Syndicaliste, antifasciste de toujours, militant communiste, pour être efficace et utile au premier tour des élections présidentielles, je voterai et ferai voter Marie-George Buffet.

Roger Martin écrivain : Auteur d’AmeriKKKa, Voyage dans l’Internationale néofasciste, Main basse sur Orange, l’Empire du mal ? Dictionnaire iconoclaste des États-Unis.

Messages

  • l’intervention de ROGER me touche personnellement. Il est de ces camarades qui doute sans cesse mais qui restent fidèles a leur idéal et a qui on doit pardonner de prendre parfois des travers. Moi qui "menaçait " mes amis et camarades de tout lacher si MG ne fait pas un bon score , de dire à d’autres que lorsqu’ils auront besoin de soutien ou d’explications le les enverrai se faire voir chez BESANCENOT BOVE ou LE PEN , que je serai a la pèche. Mais roger me donne une bonne leçon de tenacité , que malgré de prendre des coups , il faut tenir , encore et toujours , ne pas baisser les bras. Et venant de lui , lorsqu’il a soutenu JUQUIN il a du en entendre des vertes de des pas mûres de la part des communistes. Il a tenu et il revient , droit honnète , humble.
    Merci ROGER de cette leçon d’humanité. Tu m’as sauvé de l’abandon. Grace a toi JE CONTINUE.

    Mais comme rien n’est simple lorsqu’on veut s’en donner la peine , j’hésite sur ma position pour JACQUES PERREUX. Je ne lui repproche que 3 choses aujourd’hui :

     de vouloir faire bouillir la marmitte de l’Histoire. Lorsque les choses ne sont pas mûres il faut laiser du temps pour que l’union se construisent. Avec la précipitation de vouloir unir on fait un mauvais mariage , une maison qui se dégradera. Personne n’est prèt à faire l’union pour un grand rassemblement anti. Donnons du temps pour faire un grand parti. Comment a ce niveau politique on puisse dire en quelques semaines qu’il faire l’union ?

     La 2eme chose c’est que JACQUES PERREUX soutien et est directeur de campagne d’une candidature qui divise et qui serait bien un cheval de TROIE pour couler le Parti.

     La 3eme chose est qu’il ne fait pas confiance aux camarades de son parti qui sont ultra majoritaire.

    MLais si il ne veut pas quitter le Parti je pense que c’est son droit et nous devons l’accepter.

    andré 18