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Sabina, le pécheur et les fans sardes de Beppe

Publie le lundi 24 septembre 2007 par Open-Publishing

Le film de la Guzzanti. Chronique du tour promotionnel "Le ragioni dell’aragosta" [Les raisons de la langouste, NdT] raconte une façon collective de sortir de la crise. Les questions des jeunes qui essayent de ne pas "déléguer aux comiques". Le pari de l’engagement

de Loris Campetti

Comédien par hasard, ancien ouvrier FIAT et pécheur, organisateur de luttes sur terre et en mer. Sur son dos une grande mémoire de crises et de défaites et un peu d’expérience de comment s’en sortir, pas seul si possible.

Gianni Usai a accompagné Sabina Guzzanti dans plusieurs présentations sardes de son dernier film "Le ragioni dell’aragosta" et il s’est efforcé pour expliquer aux si nombreux jeunes qui suivaient la projection et le débat les raisons de ceux qui pêchent les langoustes et qui ne s’en tirent pas beaucoup mieux que des crustacés risquant l’extinction et les raisons des ouvriers habitués à prendre des coups et à en donner et qui, quand ils en prennent, essayent avec peine de se remettre débout, collectivement.

Mais qu’expriment-ils, que demandent-ils à Sabina Guzzanti, ces jeunes qui, dans de nombreux cas, comme à Sassari, sont engagés dans la collecte de signatures lancée par Beppe Grillo ?

« Ils veulent en savoir plus. Ils partagent le dégoût pour le supplice de la politique par la politique donnée et pas de l’ « antipolitique » de Grillo, mais tandis que quelques-uns s’en tirent par une délégation aux comiques à résoudre les problèmes du monde, d’autres se – et nous – demandent : « mais après avoir envoyé se faire voir tout le monde, que faisons nous ? D’où redémarrons nous ? Avec qui ? » Ils le demandent à Gianni, même après le débat, parce qu’ils l’ont vu en qualité de comédien par hasard dans le film, tandis qu’il raconte la possibilité de relever la tête dans les situations les plus difficiles sans déléguer, mais, au contraire, en se réappropriant l’action politique, sociale, syndicale, culturelle. « Nous, qui avons vécu aussi une autre histoire, avons le devoir de raconter notre expérience de vie, nos erreurs. A ceux qui me disent, interprétant les mots de Grillo, que tout est de la merde, la politique, les journaux, tout de la merde, j’ai montré un exemplaire du Statut des Travailleurs traduit en langue sarde par Gianni Loi.

Il a coûté des larmes et du sang, une lutte après l’autre, dis-je aux jeunes et si aujourd’hui nous ne sommes pas définitivement dans la jungle là où on travaille c’est grâce à ce livret. A ceux qui insistent que tout est à jeter et que c’est Sabrina qui doit penser à redresser le monde, je réponds que Sabrina a la qualité d’écouter l’histoire qu’elle n’a pas vécue, aussi celle des conseils d’usine des années Soixante-dix en récupérant et socialisant ainsi une mémoire collective. On le voit dans « Le ragioni dell’aragosta ». Mais de la crise – et aujourd’hui la crise de la politique nous traverse tous – il faut sortir avec ses propres jambes, en cherchant des alliés et non en déléguant. Les pécheurs de Su Pallosu marchent sur leurs propres jambes ».

Gianni distingue, même dans le récit des débats avec les jeunes, la pars destruens du message de Grillo de sa pars construens. « La dénonciation du vide politique est sacro-sainte, s’effrayer à cause des mots de Grillo ou, pire, les criminaliser, serait une faute. Si tant de jeunes se passionnent pour sa dénonciation, s’ils envahissent le blog, il y aura bien une raison sur laquelle réfléchir. Il me semble que tant de ces jeunes ne savent pas où donner de la tête, c’est pourquoi ils viennent demander à l’ex-délégué de FIAT-Mirafiori : « Que pouvons-nous faire ? Comment pouvons-nous nous organiser ? » Mais, insiste Gianni, certaines choses ne convainquent pas dans le cri de Grillo « Le fait de mettre tous et toutes dans le même sac, les journaux qui volent l’argent du financement public et ceux qui – comme Il Manifesto – ont le plein droit d’en profiter ; des partis pourris et des organisations sociales qui se battent dans la direction que tant de ces jeunes gens sollicitent. Puis, Grillo divise le monde entre ceux qui naviguent sur le blog et ceux qui y sont extérieurs, au lieu d’aller chercher, avec une démarche intellectuelle, dans les histoires des autres, dans le vécu des autres, dans les expériences collectives du monde du commerce équitable qui construit des rapports avec les peuples autochtones ou de la Fiom qui se confronte avec les mouvements no global".

En somme, les jeunes de Sassari ou de Cagliari racontent un vide : "Mais nous ne sommes pas à la fin de l’histoire, nous avons derrière nous des expériences extraordinaires qui peuvent nous apporter quelques lumières, quelques indications de parcours. Ceux qui ne connaissent pas ces histoires et ces expériences suivent peut-être Grillo, mais ce sont des jeunes, des personnes en recherche. Aidons-les dans leur recherche car le débouché de la crise qui étouffe la construction de l’avenir individuel et collectif n’est pas écrit. Notre témoignage, la transmission de notre mémoire peut aider à la construction collective d’une autre histoire. Pas seulement sur le blog. Les problèmes ne se résolvent pas en proposant à Travaglio de devenir ministre de la Justice ou à moi d’être ministre du Travail ou de la marine marchande.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...