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Les Stéphanois mettent le paquet
Les manifestants sont venus plus nombreux que la semaine dernière pour exiger le retrait du CPE.
Saint-Étienne (Loire), envoyée spéciale.
Un peu à l’écart du cortège, sur la place Jean-Jaurès inondée de soleil, une femme se penche sur sa poussette. « Retrait, retrait du CPE ! », souffle-t-elle avec application à ses deux enfants en bas âge, dix-huit mois maximum, espérant les entendre répéter. Plus loin, le défilé est contraint de s’arrêter : la place de la mairie est saturée. Les étudiants et les lycéens, premiers arrivés, se sont serrés sur les marches de l’hôtel de ville. Les portes vitrées du bâtiment sont maculées de blanc.
Sans les chiffres, difficile d’être catégorique, mais, à vue de nez, « c’est mieux que la dernière fois », juge un manifestant, autocollant CGT sur le gilet jaune fluo. Il y a huit jours, 30 000 personnes ont manifesté à Saint-Étienne, 25 000 à Roanne, à 80 kilomètres de là. « J’ai l’impression qu’il y a moins de jeunes et plus de salariés », estime Adeline Quito, secrétaire de la CGT du centre hospitalier universitaire (CHU) de Saint-Étienne. « Je vois beaucoup de nouvelles têtes », constate Michel Reynaud, son collègue, secrétaire adjoint du syndicat. « Certains étudiants ont été encore plus remontés après l’intervention du chef de l’État de vendredi », souligne Emmanuel Rouanet, président de l’UNEF Saint-Étienne. Caroline, lycéenne, confirme : « Chirac, ce qu’il a dit, c’était très confus, alors ce que je retiens, c’est qu’il a promulgué la loi et que le CPE est maintenant applicable », s’écrie-t-elle. « Les déclarations du gouvernement sont paradoxales. Comment peut-on faire voter une loi et suspendre son application ? », s’interroge également une femme qui travaille à l’université. « J’ai le sentiment qu’ils sont plus dans des logiques électorales que dans l’idée d’un vrai progrès social. Alors, de mon point de vue, il n’y a toujours qu’une solution : le retrait total du CPE et un débat national sur l’emploi et les conditions de travail. »
« Le gouvernement a compris qu’il y avait un réel problème », reprend Emmanuel Rouanet. « Mais la solution n’est pas du tout à la hauteur du malaise exprimé. On nous propose des négociations dont l’issue est déjà connue. C’est se foutre de notre gueule. En plus, les jeunes sont dans une optique plus large que le CPE. Ils veulent qu’on parle du nombre de postes d’enseignants mis au concours, de la précarité, de la loi sur l’égalité des chances dans sa globalité. » Comme en écho, les manifestants entonnent un de leurs succès : « Plus de postes au CAPES, on veut pas être CRS. »