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Sankara le Rebelle

Publie le mercredi 11 octobre 2006 par Open-Publishing

Hommage à Thomas SANKARA : Paris le 15/10/2006 à partir de 20H clique ici

de Sennen Andriamirado

Août 1983 : un jeune capitaine du nom de Thomas Sankara prend le pouvoir à Ouagadougou à la tête d’un groupe de jeunes militaires. Un coup d’Etat de plus. Bien vite il apparaît que Thomas Sankara n’entend pas être un chef d’Etat comme les autres. L’homme qui passait pour un disciple de Kadhafi se révèle des plus indépendants et la révolution qu’il ne cesse d’appeler de ses vœux consiste surtout à prôner la justice sociale et à faire vivre le peuple burkinabé au niveau de ses moyens. Très populaire parmi les jeunes, au Burkina Faso mais aussi à travers toute l’Afrique Noire, il appartient, avec le Ghanéen Jerry Rawlings ou l’Ougandais Yoweri Musette, à une nouvelle génération de chefs d’Etat qui ne veulent pas sacrifier leurs idéaux sur l’autel du pragmatisme. Plus que tout autre, il incarne l’espoir désespéré des Africains des années quatre-vingt.

L’auteur

"Rédacteur en chef au groupe Jeune Afrique, il a suivi au jour le jour l’action de Thomas Sankara, avec lequel il s’est lié d’amitié. Nul ne connaît mieux que luil’itinéraire du président burkinabè, de sa prime enfance jusqu’à aujourd’hui. Un récit de journaliste, après une longue enquêtes, au Burkina Faso et ailleurs, et d’innombrables entretiens avec Thomas Sankara et son entourage mais aussi avec ses adversaires et détracteurs." extrait de la 4 ème de couverture.

Grand reporter à Jeune Afrique il a sillonné le continent dans tous les sens, rencontré de nombreuses personnalitrés du continent. Ses articles étaient attendus mais aussi redoutés.

Il est aussi l’auteur des ouvrages :

 Le Mali Aujourd’hui" (Editions du Jaguar 2001, avec Virginie Andriamirado),

 "Il s’appelait Sankara" (Journal Article, Jeune Afrique, 1989),

 "Madagascar Aujourd’hui" septembre 1996 aux Editions Jaguar, réédité le 16 décembre, et donc le 13 octobre 2004 dernier).

Il est décédé le 15 juillet 1997.

Extrait d’un article paru dans Madagascar Tribune le 28 octobre 2004 :

"Grand reporter et rédacteur en chef de l’hebdomadaire parisien "Jeune Afrique" pendant plus de 25 ans, Sennen était connu pour ses reportages retentissants et son style fulgurant. Globe trotter, militant farouche de la négritude, il avait fait de l’Afrique son espace professionnel. Un continent qu’il n’a cessé de sillonner, dans les conditions les plus invraisemblables de travail et de séjour, pour être là où l’événement se produit, là où l’actualité l’appelle. Ses interviews ont régulièrement ponctué la vie politique africaine. Dans ses heures de gloires et dans ses moments de détresse. Un trésor de témoignages sur l’Afrique qui pleure, l’Afrique qui rit. Tout le gotha politique du continent noir a répondu aux questions de Sennen : Léopold Sedar Senghor, Abdou Diouf, Thomas Sankara, Mobutu Sessé Séko, Houphouët Boigny, Sassou Ngessou et tant d’autres. La disparition subite de Sennen avait alors suscité un grand émoi chez les nombreux lecteurs d’Afrique et d’ailleurs. Sennen a accompagné le développement de Jeune Afrique, dans les années 70 et 80. Il a livré son dernier papier dans le numéro qui a précédé sa mort. Professionnel jusqu’au bout, il était le pivot d’une équipe de choc qui comprenait, autour de Bachir Ben Yahmed, Abdelaziz Dahmani, Hamza Kaïdi, François Soudan, Siradou Dialo, Mohamed Selhami, Hamid Berrada... "

Sommaire du livre

Avant propos

Introduction

1 - "Honte à celui qui ne fait pas mieux que son père"

2 - Un militaire sans formation politique n’est qu’un criminel en puissance

3 - Démission en direct

4 - Héros malgré lui

5 - J. B. O. contre le "capitaine peuple"

6 - "Sankara n’est pas Guy Penne"

7 - A chacun son tract

8 - La nuit du 4 août

9 - "Nous ne sommes rattachés à aucun clocher"

10 - D’une erreur historique à l’autre

11 - "Qu’avons-nous fait pour mériter autant d’hostilité ?"

12 - La deuxième guerre des pauvres

13 - "L’enthousiasme révolutionnaire ne se mange pas"

14 - Vive les singes extérieurs... de pauvreté

15 - Si la capitaine fait la sieste

16 - "Ma sœur est allée en prison"

17 - Deux repas et dix litres d’eau

18 - Les gars bien et les impérialistes en particulier français"

19 - "Tuez Sankara, demain il y aura vingt Sankara"

Notes

Repères chronologiques

1987, 237 pages, Jeune Afrique Livres

Contact Edition : Jeune Afrique Livres 51 avenue des Termes 75017 Paris

Présentation (4 ème de couverture)


Nos commentaires

Sennen Andriamirado, journaliste vedette à Jeune Afrique et grand reporter côtoyait régulièrement les chefs d’Etat. Il nous livre ici la première biographie de Thomas Sankara, agrémentée de nombreuses photos d’agences, où transparaît une forte sympathie pour ce Chef d’Etat pas comme les autres.

Ce livre fut très largement diffusé alors en Afrique. Vendu bon marché (il contient des publicités), il a bénéficié du réseau de diffusion de l’hebdomadaire Jeune Afrique, petits vendeurs de rue, kiosques et librairies. Il a largement contribué à la popularité en Afrique de celui qu’on appelait le PF comme Président du Faso.

Son auteur, habitué au grand reportage sait y faire. Le style est alerte, la lecture agréable. Sennen est le premier à livrer de nombreuses anecdotes sur la vie de Thomas Sankara, reprises depuis dont de nombreux articles ou ouvrages contribuant à forger cet image d’un homme intègre, libre, résolu, franc et direct, soucieux du devenir du peuple burkinabé, allant jusqu’au but de ses idées, tranchant très nettement avec les autres chefs d’Etat de l’époque. Sennen, habitué à les fréquenter, semble visiblement fasciné par ce jeune capitaine révolutionnaire, tout en se permettant quelques critiques. Devenu son ami, il avait pu passé de longues nuits à discuter, de même qu’il semblait bénéficier aussi de rapports de proximité avec Blaise Compaoré. Ecrit dans un style alerte de reporter confirmé, la lecture est particulièrement plaisante et aisée.

Il réfute ainsi par exemple le pseudo alignement de Sankara sur Kadhafi, complaisamment repris dans la plupart des médias occidentaux. Il raconte de nombreux évènements marquants de l’histoire récente de ce pays, les illustrant à l’aide de nombreux détails, le coup d’Etat du CSP en novembre 82, la prise du pouvoir de 1983.

Mais à propos de Madagascar, il refuse visiblement de s’étendre sur le sujet, s’en sortant en expliquant un peu rapidement que Thomas Sankara n’avait rien compris à la révolution de 1972, alors qu’il semble bien en avoir tiré quelques idées notamment sur l’implication de l’armée dans le développement. De même à propos de la fameuse anecdote rapportant le refus de Ratsiraka de recevoir Sankara et un de ces amis, elle n’est que partiellement vraie car cet ami nous a affirmé avoir été reçu par Ratsiraka, qui effectivement n’avait pu les recevoir une première fois faute de temps.

Il faut dire que Sennen Andriamirado fut un des premiers déçus de cette révolution de 1972 à tel point qu’il en avait quitté Madagascar envisageant d’abord de faire des affaires avant de se lancer dans le journalisme. A la lumière de son histoire personnelle, on peut comprendre l’intérêt particulier qu’il a porté à la révolution burkinabé et à son président Thomas Sankara et Blaise Compaoré qui n’avait pas encore alors montré son vrai visage. IL a sans doute rencontré des militaires tels qu’il aurait aimé en connaître à la tête de la révolution malgache.

Ce livre a sans doute participé aussi à sa façon à cette révolution, contribuant à la faire connaître au-delà des frontières, participant à la renommée du Burkina pays et de son président contribuant à la stature international qu’il a acquis.

B J

http://www.thomassankara.net/article.php3?id_article=0208