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Sans ambition ni stratégie....

Publie le samedi 23 septembre 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

Le texte “ Ambition-Stratégie-Candidatures ”, adopté par les « Collectifs Unitaires » le 10 septembre à St Denis, mentionne 28 fois le mot libéral. Et combien de fois le mot capitaliste ? Une seule fois ! Il est temps de parler clair. Les vrais socialistes sont partisans d’une destruction de l’ordre capitaliste, pas de l’ordre « libéral ». Ce mot "libéral" matraqué à foison ne veut rien dire, mais sert à masquer les intentions réformistes, autrement dit à enliser les luttes anti-capitalistes dans la fange social-démocrate où se vautre et se fait plumer le PC et ses compagnons de fausse route depuis des lustres.

Le document de référence se fixe comme objectif la « transformation sociale, environnementale et démocratique » (premier para de la partie 1.). Transformation dans quelle direction, jusqu’où, en défendant les intérêts de quelle classe sociale ? Le texte n’en dit rien. Pas un hasard. Le socialisme, lui n’est pas une « transformation » de l’ordre capitaliste, c’est une rupture et une destruction de l’ordre capitaliste.

Au para suivant, il se contente de parler seulement de « transformation sociale et démocratique ». Le gommage de l’environnement est révélateur. Chacun sait que l’appareil du PC continue à s’accrocher, comme le PS, au concept bourgeois de croissance économique et- même à défendre, dans son productivisme anti-écologique, l’énergie nucléaire. Cela ne fait donc pas de mal de gommer l’environnement dans le texte.

A la ligne suivante, il est question de « projet de développement qui rompe avec le gaspillage lié à la course au profit ». Ce n’est pas d’un « projet de développement » dont nous avons besoin, mais d’une révolution socialiste, qui ne se contente pas de « rompre avec le gaspillage » (merci pour les miettes !), mais de « changer de base », de mettre la production sous le contrôle des producteurs.

Plus loin, le texte propose de lutter pour « une société basée sur la réalisation des droits humains, la justice sociale, l’égalité entre hommes et femmes, la préservation de l’environnement, la participation citoyenne. » Et le contrôle du capital, source de toute la dynamique sociale ? Et l’impérialisme français et européen ? La solidarité internationale est totalement absente du texte. C’est bien la dérive chauvine du PC, qui convient parfaitement aux politiques impérialistes menée par les dirigeants sociaux démocrates depuis le déclenchement de la boucherie de 14-18, jusqu’à la torture en Algérie et au bombardement de l’Irak en 1991.

Et la Constitution la plus antidémocratique que la France ait connue ? Le texte se contente de faire référence à « la dérive présidentialiste encouragée par les institutions ». Il devrait, puisqu’il prétend lancer une candidature de la vraie gauche à l’élection présidentielle, se prononcer contre toute constitution présidentialiste.

Bien sûr, il n’y a aucune revendication précise. Aucun engagement à défendre des droits précis et les exigences populaires. Comme cela, les candidats du « non » de gauche pourront dire « oui » à toutes les décisions du PS. Pour le pouvoir d’achat : Rien. Les licenciements ? Rien. Le logement : Rien. Les sans-papiers : Rien. Le nucléaire ? Rien. Les troupes françaises aux quatre coins de la planète Rien. Pas d’engagement, pas de contrainte !

Non seulement le texte ne nous dit pas où nous allons, mais il est dépourvu de stratégie. Alors qu’il considère que cette « transformation « se heurtera aux intérêts des forces et classes dominantes » et « suscitera leur résistance » il propose une stratégie parfaitement réformiste : « Sa réalisation sera le résultat d’un mouvement continu... ».

En fait, tout cela ne tient pas au hasard. L’objectif réel est clairement désigné plus loin. En écrivant « Dans le cas où nous ne participerons pas au gouvernement... », les auteurs envisagent bien une participation au gouvernement. Et avec qui croyez vous ? Pas avec la langouste UMP sans doute, mais avec le caviar PS, bien sur ! Et la bourgeoise, sous une étiquette ou une autre, ne sera pas elle au gouvernement pour rompre avec le libéralisme. La participation au gouvernement sera synonyme de main dans le cambouis et langue dans la soupe. Comme toutes les participations antérieures des communistes et apparentés dans le passé. Recommencer la gauche plurielle, c’est livrer tout le champ de la protestation aux fascistes du FN, faute d’une autre opposition. Ce texte démontre à quel point les dirigeants du PC se moquent pas mal de la douleur que nous avons ressentie le 21 Mai.

La soumission annoncée au PS est telle que le dernier para de la partie 1 annonce le film « dans les cas où nos candidats ne seront pas arrivés en tête de la gauche au premier tour, nous nous mobiliserons pour battre la droite et l’extrême droite en appelant à voter pour le candidat de gauche le mieux placé, sans conditions ni négociations d’un accord politique entre les deux tours. » Sans conditions, même pas celle d’un désistement réciproque aux législatives qui permettrait d’avoir quelques élus au parlement. Marchepied, rien de plus !

Enfin ce texte est d’une indigence littéraire absolue. La langue de bois bureaucratique y règne, truffant les lignes de visions claires et fortes comme par exemple « construire ensemble la transformation sociale ». Il y a longtemps qu’il n’y a plus de plumes au PC. Celles que le PS n’a pas encore arrachées sont asséchées. Marx, au secours. Rimbaud, au secours. Nous voulons changer la vie, pas la tuer.

C’est très dommage, mais les Collectifs Unitaires n’ont encore produit qu’un scénario catastrophe. Il est encore temps de proposer, avec certains collectifs, et tous les secteurs en lutte non pas contre le libéralisme, mais contre le capitalisme, un vrai programme, loin des vieilles lunes des pachydermes du PS et des dinosaures du PC.

Messages

  • Vous ne rechercher pas ainsi,le consensus de la rupture avec la logique néolibérale.
    Il n’ y a plus de libéralisme aujourd’ hui mais seulement et partout le néolibéralisme
    depuis la fin des années 70 comme dernière forme du capitalisme ( voir les analyses
    de G.Duménil et D.Levy ,par ex, à ce sujet ; y compris d’ailleurs dans les" Cahiers de critique communiste.")
    En refusant la rupture avec le néolibéralisme vous refusez toute rupture avec le capitalisme.
    Vous cherchez seulement un pseudo-prétexte théorico-politique pour ne pas vous engager
    dans la dynamique et le combat vers une autre forme d’appropriation sociale ; "Programme
    socialiste"," socialiste" dites-vous en bondissant ! Mais lequel fera consensus ? celui de la
    Commune de Paris ? de la Révolution d’Octobre ? du PC Chinois de 1949 ? DEs Conseils ouvriers hongrois de 1956 ?
    ou celui des collectifs unitaires citoyens de 2007 ?
    A force de couper les cheveux en 4 , en 8 , en 16 vous risquez de glisser dans le "socialisme de l’ infiniment petit".

    Joemar

  • On peut toujours critiquer un texte :"il ne va pas assez loin" , "il n’est pas assez précis" "il ne parle pas de te lpoint"...c’est souvent l’argument pour casser une dynamique...et ne rien faire-sinon ergoter-...et se retrouver tout seul !
    Ce qui primordial aujourd’hui , ce n’est pas de pinailler sur les virgules , c’est de rassembler largement et de mettre la machine en marche...Beaucoup d’électeurs attendent que le courant "Non de gauche" s’exprime dans sa diversité...ne lesdécevons pas ! Tout le reste n’a pas de réelle importance... B.C.

    • D’accord, le non de Gauche oui mais rien que le non de Gauche, ce qui de toute évidence élimine de fait toute alliance avec la direction du PS (même ceux qui ont votés non mais qui sans vergogne ont rejoint (pour la soupe) la synthèse du Mans.

      A partir de la in n’y a plus aucun problème pour réunir, quelque soit le nom du candidat, une large majorité sur un projet réellement anti-capitaliste.

      Bon courage, il reste 7 mois, nous arriverons à construire une riposte unitaire à la droite, à l’extreme droite et au social libéralisme. Raymond LCR