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Sarkozy agace ses partenaires européens (tribune de genève)

Publie le mardi 10 juillet 2007 par Open-Publishing
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Sarkozy agace ses partenaires européens
EDITORIAL | 00h05

« La France est de retour en Europe », proclamait, le soir de sa victoire, Nicolas Sarkozy. Elle l’est, assurément, par l’engagement du nouveau président, par son omniprésence, par la part qu’il a prise au succès du Sommet de juin dernier. Mais elle l’est aussi par les interrogations, par l’embarras, et parfois par l’agacement qu’elle suscite auprès de ses partenaires.

Ceux qui feignaient de croire en un tournant, ou mieux, en une « rupture », devront déchanter. Sarkozy se fait une certaine idée de l’Europe, mais il n’est pas le libéral, et moins encore le fédéraliste que les candides pouvaient attendre. Le style diffère, à la fois offensif et respectueux, plus soucieux de séduire les interlocuteurs ; mais les thèmes du discours sont, eux, assez familiers.

Les débats actuels en rappellent d’autres. Au-delà des circonstances – la difficulté du président à concilier son programme économique et la rigueur budgétaire – les tensions s’inscrivent dans l’histoire longue des divergences entre la France et ses partenaires. A sa manière, le président élu en a explicité les contours dans les dernières semaines en fustigeant la surévaluation de l’euro ou en plaidant en faveur d’une politique industrielle plus ­active.

Ces contentieux-là ont quelque chose d’irréductible. Pressé de convaincre, résolu à arracher un accord et à imprimer sa marque, Nicolas Sarkozy demeure l’héritier d’une vision très française de l’intégration européenne.

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  • la libre belgique, même sujet :

    Sarkozy défend "ses" réformes
    Olivier Stevens

    Mis en ligne le 10/07/2007
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    Il a demandé du temps et a déclaré s’inscrire dans une "logique de consolidation".
    Il argumente en faveur d’une "application intelligente" du pacte de stabilité.
    Strauss-Kahn bien placé pour succéder à Rato à la tête du FMI.

    BELGA

    La visite de Nicolas Sarkozy à Bruxelles s’annonçait en des termes hugoliens. "D’un côté c’est l’Europe, et de l’autre la France" aurait-on pu écrire. Comme jadis sur une célèbre morne plaine, on s’attendait à une lutte ardente et noire. Première à hauts risques pour le locataire de l’Elysée : invité-surprise de l’Eurogroupe, l’instance informelle des ministres des Finances de la zone euro, il a tenté, hier soir, de convaincre ses interlocuteurs du bien fondé de ses choix. Avant lui, seul Silvio Berlusconi s’était risqué à se produire parmi les grands argentiers européens. Il était attendu de pied ferme. Les ministres des Finances de la zone Euro tenaient à tout prix à ce que Paris respecte son engagement : l’équilibre budgétaire et un endettement inférieur à 60 pc du PIB en 2010.

    Désavouant Villepin, rejetant la surévaluation de l’euro, Sarkozy table sur une stabilisation du déficit et un retour "à la normale" en 2012 seulement. Ces mesures unilatérales troublent les milieux financiers européens. C’est lors d’une réunion de travail avec José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, suivie d’un discours et d’un échange assez ferme avec les grands argentiers du Vieux continent que Nicolas Sarkozy a détaillé ses positions.

    Consolider les acquis

    Il a argumenté en faveur d’une "philosophie de consolidation", tout en demandant "un choc psychologique de confiance pour être au rendez-vous de 2010 et, à défaut, à celui de 2012". Il demande du temps et s’inscrit "dans une recherche de pragmatisme dans l’esprit du Pacte de stabilité". Il a, par ailleurs, proposé de présenter un "programme actualisé" en septembre car "la France vient d’entamer des réformes profondes".

    Déclarations qui semblaient hier soir satisfaisantes pour Jean-Claude Juncker. "Ce n’est pas un coup d’arrêt pour l’Europe. L’UE retient la volonté française de tout faire pour 2010. Sarkozy a même promis d’anticiper certaines procédures, c’est rassurant" a-t-il commenté.

    Il ne s’agit cependant pas d’un simple ajustement budgétaire. La date de 2010 a été négociée à Berlin en avril dernier à la demande de la France. L’Italie, la Grèce, voire même l’Espagne, bien que réticentes, s’y étaient finalement ralliées au prix de postures parfois délicates vis-à-vis de leurs opinions publiques.

    Côté français, les arguments semblent avoir fait mouche. Convaincre d’abord les responsables de la nécessité d’un choc fiscal pour mettre sur pied d’amples réformes fiscales et sociales (emploi). Ensuite faire miroiter l’importance des investissements, dépenses qui autorisent exceptionnellement les Etats à dépasser la barre des 3 pc de déficit public. Enfin, ce qu’on appelle en rugby un "up and under" : inviter les membres de la zone euro à mettre en place une vraie gouvernance économique européenne, monétaire et budgétaire en mettant l’euro au service de la croissance et de l’emploi. Sans échéance fixe. Pour ses détracteurs, cela s’appelle "botter en touche".

    "Il faut de l’argent pour accompagner un processus de réformes", a expliqué le président français. "La question n’est pas d’évoquer des résultats à trois ans mais de les tenir". Enfin Nicolas Sarkozy a aussi tenté d’obtenir l’appui des douze autres pays membres de la zone euro à la nomination de Strauss-Kahn à la tête du FMI. Candidature déjà appuyée par Jean-Claude Juncker et Didier Reynders.

    L’avenir européen, tour à tour spectre de fumée ou sombre fournaise, semble plus que jamais en jeu. L’espoir aurait-il hier soir changé de camp et le combat d’âme ?