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Scandaleux : un proche de Kadhafi sur le sol français, protégé par les autorités !

par Arnaud Castaignet

Publie le vendredi 4 mai 2012 par Arnaud Castaignet - Open-Publishing
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Ces
derniers jours, le dossier libyen a été relancé par la publication par Mediapart d’un document qui pourrait
prouver que Mouammar Kadhafi aurait
financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Aussitôt, l’un
des signataires dudit document, Bachir Saleh, a contesté son authenticité. Rien
d’étonnant, l’ancien directeur de cabinet du Guide libyen étant réfugié et
protégé en France. Nicolas Sarkozy a toutefois assuré, mardi 1er mai, que l’ex-dignitaire libyen serait arrêté « s’il est recherché par Interpol », précisant que M. Saleh était visé « sous un autre nom » par Interpol.

Après
avoir renversé le régime libyen, la France protège-t-elle l’un de ses anciens
dignitaires ? Bachir Saleh, homme de confiance de Mouammar Kadhafi, ne
s’est pas enfui en Mauritanie, contrairement à Abdallah
al-Senoussi
.
Il ne croupit pas dans les geôles libyennes, contrairement à Saif al-Islam
Kadhafi. Non, l’ancien directeur de cabinet du Guide libyen vit paisiblement en
France depuis des mois. Mieux, il serait protégé par le ministère de
l’Intérieur, comme l’a affirmé le Canard Enchaîné le 18 avril.

Sous la protection du ministère de l’Intérieur ?

Selon
l’hebdomadaire satirique, Bachir Saleh, l’un des plus proches collaborateurs de Kadhafi,
aurait été arrêté puis rapidement relâché par le CNT à la chute du régime.
Après avoir quitté le pays à destination de la Tunisie et de l’île de Djerba,
il aurait été exfiltré à destination de la France grâce à l’intervention de
l’ambassadeur de France en Tunisie, Boris Boillon, via le jet privé,
immatriculé en Suisse d’Alexandre Djouhri, homme d’affaires peu connu du
grand public mais proche des réseaux pasquaïens, chiraquiens,
villepinistes puis sarkozystes. Une fois en France, Saleh aurait bénéficié d’un
permis de séjour au nom du regroupement familial. Il serait également protégé par des fonctionnaires du
ministère de l’Intérieur.

Bachir
Saleh pourrait même être détenteur d’un passeport diplomatique. En effet, en mars dernier, un haut responsable
militaire nigérien, le colonel
Djibou Tahirou, avait affirmé
que le Niger lui avait délivré « sur le
conseil et la pression d’un pays européen » un passeport diplomatique avant
de l’annuler.

Pourquoi Bachir Saleh serait-il protégé par la France ?

Problème,
même si François Fillon n’est
visiblement pas au courant
,
Bachir Saleh est recherché par Interpol, comme le montre sa fiche estampillée
« notice rouge » au nom de « Bashir al
Shrkawi »
,
nom utilisé sur son passeport nigérien, né en 1946 à Agadez, au Niger, de
nationalité libyenne.

Pourquoi Bachir Saleh serait-il protégé par la
France ? Lorsqu’il était directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi de 1998
à 2006, il dirigeait la communication libyenne auprès des partis et médias étrangers.
Ensuite, il fut nommé à la tête du « Libya Africa
Investment Portfolio », un fonds d’investissement doté d’un capital de 8 milliards de dollars et dépendant de
la Libyan Investment Authority (LIA), alimentée par les revenus du pétrole au
capital estimé à 75 milliards de dollars.

Entre autres, la
LAIP possèdait 25 % de la Libyan African
Aviation Holding Company (LAAHC), qui détenait notamment Afriqiyah Airways,
Libyan Air­lines, United Air Transport et des possessions dans les domaines des
hydrocarbures et des mines, de l’immobilier, du tourisme, de l’industrie. En d’autres termes, Bachir Saleh était le véritable caissier du
régime chargé d’investir dans des secteurs avouables et d’autres moins.

« C’était une
sorte d’intendant général, il en savait plus que le patron de la Banque
centrale libyenne sur les cadeaux faits aux amis étrangers. Si Kadhafi disait
“il faut donner deux millions à Untel”, c’est lui qui s’en occupait »,
a
expliqué un diplomate français au Canard Enchaîné.

Interlocuteurs privilégiés en France

Selon le Canard Enchaîné, au fil
des ans, à partir de 2007, Saleh était devenu l’interlocuteur privilégié de
Claude Guéant. Très introduit en France, Bachir Saleh avait longtemps
tenté une médiation entre Paris et Tripoli. Le 15 août 2011, il avait rencontré à Djerba
l’ancien premier ministre Dominique de Villepin accompagné d’Alexandre Djouhri.

L’homme d’affaires
Ziad Takieddine, par ailleurs mis en examen dans le cadre du volet financier de
l’affaire Karachi, laisse entendre que Bachir Saleh et
Moussa Koussa, ancien chef du service de la sécurité extérieure de la Libye,
étaient particulièrement en lien avec trois hommes : Bernard Squarcini,
directeur de la DCRI, Alexandre Djouhri et Claude Guéant.

Bachir Saleh a en tout cas
mis en doute l’authenticité du document cité par
Mediapart sur un accord libyen pour financer la campagne de Nicolas Sarkozy en
2007, et dont il aurait été le destinataire. De même que Moussa Koussa qui aurait rédigé le document.

« Il est clair que tout ce qui se
dit est sans fondement. La question ne mérite pas que l’on s’y arrête »
, a
expliqué l’ex-responsable libyen, sans fournir d’autres détails.

Détail qui a
son importance : Moussa Koussa est actuellement réfugié au Qatar, pays
très lié à la France, notamment dans le domaine du nucléaire notamment dans le
domaine énergétique, comme l’a par exemple dénoncé Anne Lauvergeon, ancienne
patronne d’Areva.

Doha a également joué un rôle de médiateur dans les négociations pour la libération des infirmières
bulgares. Otages qui, selon une révélation de l’hebdomadaire Les Inrockuptibles, auraient
été « échangées » contre des armes et la livraison d’une centrale atomique.

Paris aurait accepté ces exigences et signé le 25 juillet
2007 un « mémorandum d’entente » reprenant la demande des libyens,
sachant qu’un mémorandum permettait de contourner les accords internationaux en
matière de non-prolifération.

http://www.slateafrique.com/86553/bachir-saleh-kadhafi-et-protege-de-la-france

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