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Sediver veut réduire les salaires de 25% à 30%

Publie le samedi 28 août 2004 par Open-Publishing

de Jean-Yves Vif, Moulins

L’avenir de l’usine Sediver, à Saint-Yorre (Allier) se joue ces jours-ci. Il sera inscrit à l’ordre du jour du comité central d’entreprise qui se tiendra, mercredi 1er septembre, au siège de l’entreprise à Nanterre (Hauts-de-Seine). Sept mois après l’annonce de la fermeture du site, spécialisé dans la fabrication des isolateurs électriques en verre, la direction du groupe italien Vetroarredo, propriétaire de Sediver, a demandé aux 294 salariés de Saint-Yorre de renoncer à 25 % à 30 % de leur salaire pour maintenir finalement le site.

Dans une lettre adressée au personnel début août, Luciano Zottola, PDG de Vetroarredo, s’est déclaré "prêt à renoncer à fermer le site et à transférer une partie de la production dans ses filiales, brésilienne et chinoise, à la condition que les salariés acceptent une baisse de salaire de l’ordre de 25 % à 30 %". Cela pourrait, selon lui, permettre de maintien de 150 emplois. Expliquant que "les salariés de Sediver étaient les mieux payés du département", le PDG sollicitait aussi une aide publique de 6 millions d’euros.

Ce courrier a été perçu comme un double chantage par les salariés et par plusieurs élus locaux, qui gardent en mémoire le cas Bosch, en juillet, où le personnel avait été contacté par courrier individuel pour se voir proposer une rallonge de son temps de travail hebdomadaire. "Il est hors de question de céder à la pression, s’insurge Noël Paput (CGT), représentant de l’intersyndicale CGT - UNSA - CFE-CGC et secrétaire du comité central d’entreprise. Les salariés ne sont pas prêts à débattre de telles propositions. Ils savent que s’ils acceptaient l’usine fermerait quand même dans les deux ans." M. Paput souligne que "s’agissant des salaires, nous pouvons démontrer qu’ils ne se situent pas au-dessus de la moyenne régionale : un ouvrier qualifié ayant 25 ans d’ancienneté atteint tout juste les 1 500 euros mensuels."

De son côté, le vice-président du conseil régional d’Auvergne, Jacques Mizoule (PCF), a interpellé le ministre de l’économie : "Allons-nous accepter dans notre pays la règle suivante : soit les salariés se conforment à la réduction de leurs salaires, soit les entreprises ferment et se délocalisent ?"

UN ULTIME ESPOIR

Le 30 janvier, la direction de Vetroarredo avait annoncé la fermeture totale, pour le mois de mai, du site de Saint-Yorre, ainsi que la construction en Chine d’un four destiné à produire les mêmes pièces qu’à Saint-Yorre, à partir de l’automne. Le personnel a conduit une bataille juridique pour retarder l’échéance. Lors d’une rencontre en juillet, Nicolas Sarkozy a poussé la direction à chercher de nouvelles pistes, qui ont conduit à cette proposition de sauvetage de 150 emplois, en renonçant au transfert de l’activité au Brésil et en rapatriant d’Allemagne une fabrication de pavés de verre.

Reste un ultime espoir : un repreneur, démarché par les salariés, Serge Vinograd. Installé aux Etats-Unis où il dirige l’entreprise métallurgique VinTech, ce Français serait prêt à débourser 15 millions d’euros pour racheter Sediver, selon L’Humanité du 25 août. Mais les Italiens ne souhaitent pas vendre leur filiale française, accrochés à leur stratégie de développement en Chine. Avec la fermeture annoncée du fabricant français de munitions Manurhin, dans le cadre du plan de restructuration de GIAT industrie en 2005, celle de Sediver serait un nouveau choc pour le bassin de Vichy, où le taux de chômage dépasse les 13 %.

http://www.lemonde.fr/web/recherche_articleweb/1,13-0,36-376861,0.html