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Selon le syndicat CGIL, dans le badge, il y a un instrument pour contrôler les déplacements du personnel

Publie le mardi 5 avril 2005 par Open-Publishing

"Puce-espion pour salariés" La CGIL dénonce MEDIASET

de LUCA FAZZO Traduit de l’italien par Karl&rosa

MILAN - Il y a à peine vingt jours, le Garant pour le respect de la vie privée avait mis en garde contre l’usage des instruments destinés à contrôler les salariés à distance. Et maintenant on découvre que c’est l’entreprise fondée par le Président du Conseil qui emploie les puces cachées dans les badges. Hier matin, MEDIASET et trois sociétés contrôlées par le holding (Videotime, Rti, et Elettronica Industriale) ont été dénoncées par la CGIL au Tribunal du Travail de Milan pour comportement anti-syndical.

La direction de MEDIASET a été accusée d’avoir introduit un microcircuit Rfid ("Radio Frequency Identification")dans les nouveaux badges à bande magnétique distribués à la fin de 2004 aux presque 2500 salariés.

Il s’agit d’une puce de dernière génération, qui est utilisée en général pour contrôler les déplacements des marchandises et des objets (c’est un Rfid, par exemple, qui fait fonctionner le TELEPASS aux guichets de péage des autoroutes), mais que le groupe MEDIASET applique par contre aux personnes : de cette façon, selon le syndicat, MEDIASET pourrait suivre en direct et archiver dans sa banque de données tous les déplacements de ses salariés sur leur lieu de travail. Une espèce de Big Brother d’entreprise capable de prendre en filature, pas à pas, chaque salarié.

Hier, à la nouvelle de la dénonciation, MEDIASET a manifesté sa "stupeur". "Deux fois déjà - expliquent les porte-parole de Cologno Monzese - nous avons rassuré verbalement et par écrit les syndicats au sujet de l’usage de ces technologies. Il s’agit simplement d’une puce qui facilite les déplacements internes. Nous l’appelons puce de proximité : les portes s’ouvrent toutes seules quand un salarié approche, sans nécessité de glisser le badge, les barrières des parkings se soulèvent automatiquement. En admettant, et non en reconnaissant, que ces technologies permettent un contrôle à distance, MEDIASET n’est pas intéressée à s’en servir. D’ailleurs, pour autant que nous le sachions, nombre d’autres entreprises utilisent cette technologie sans problèmes".

Mais les représentants de la CGIL chez MEDIASET, évidemment, n’ont pas été convaincus de la totale inoffensivité du nouvel engin électronique. Et la dénonciation de l’entreprise, pour violation de l’article 28 de la loi 300 de 1970, le Statut des Travailleurs, est partie. La loi interdit explicitement les contrôles à distance de l’activité professionnelle par des installations audiovisuelles et autres systèmes : et c’est exactement cette norme qui, selon les syndicalistes, est violée par l’introduction du nouveau badge.

"Le badge introduit l’année dernière et livré à chaque salarié, qui est tenu de l’avoir sur lui dans l’enceinte de l’entreprise, permet un contrôle à distance de l’activité des travailleurs", lit-on dans la dénonciation signée par les avocats Mario Fezzi, Stefano Chiusolo et Maurizio Borali. Et encore : "Un badge qui contient la puce Rfid permet à l’employeur de reconstruire les mouvements de chaque salarié tout au long de sa journée de travail. De telle façon, on pourra savoir combien de temps chaque salarié est resté à son poste, combien de temps il a passé aux toilettes, à la cantine ou au distributeur de café, combien de ses collègues et lesquels sont entrés en contact avec lui, combien de temps il a passé dans les locaux syndicaux, s’il a participé ou non à des assemblées syndicales etc.".

Pour balayer les doutes sur les finalités réelles de cette innovation, soutiennent les avocats du syndicat, il aurait suffi que MEDIASET fasse connaître la liste des antennes placées à l’intérieur des bureaux et des secteurs qui révèlent la "présence" du salarié muni des nouveaux badges. Mais la direction de l’entreprise - selon ce qu’on lit dans la dénonciation - s’est toujours refusée à fournir cette liste.

http://www.repubblica.it/2005/d/sez...