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Si la fédération des cheminots refuse de négocier, elle ouvrira une crise à la CGT
Publie le vendredi 16 novembre 2007 par Open-PublishingPROPOS RECUEILLIS PAR LEÏLA DE COMARMOND
Didier Le Reste, leader de la fédération CGT des cheminots, s’en est remis aux salariés sur la poursuite de la grève. C’est assez inhabituel, non ?
Le mouvement de 1995 a déjà fonctionné à partir d’assemblées générales permanentes. Le changement date de la secousse provoquée par la création d’une coordination qui avait court-circuité les syndicats lors du mouvement social de 1986-1987 à la SNCF. Bernard Thibault, lorsqu’il avait pris la direction de la fédération juste après, en avait tiré les conséquences. Rompant avec le fonctionnement autoritaire de l’organisation cégétiste vis-à-vis des salariés, il avait réhabilité le rôle des assemblées générales.
Bernard Thibault a proposé d’ouvrir des négociations tripartites dans les entreprises. Le gouvernement vient d’accepter. Est-il possible que sa fédération des cheminots refuse de se rendre aux discussions à la SNCF ?
Les confédérations ne sont pas des armées en campagne, il n’y a pas un général et des chefs de brigade. Les fédérations ont leur pleine autonomie, peut-être encore plus à la CGT qu’ailleurs. La seule façon de régler un désaccord interne, c’est le débat, la force de conviction.
Le leader de la CGT n’a-t-il pas pris un gros risque en proposant une sortie de crise au gouvernement ?
Il est clair que si la fédération des cheminots refuse de négocier, elle ouvrira une crise à la CGT. La vision de la confédération ne peut se limiter aux seuls salariés concernés par les régimes spéciaux de retraite. Elle a cherché à débloquer la situation car elle estimait que le mouvement risquait de ne pas être compris par le reste des salariés et que l’enjeu est pour elle vital : Bernard Thibault a fait du développement de son organisation dans le privé une priorité. La fédération des cheminots, elle, est soucieuse de coller à ceux qu’elle représente.
Est-elle soucieuse de coller à son milieu professionnel ou à SUD-rail, son challenger ?
Il ne faut pas sous-estimer la réaction des cheminots. Avoir été mis au pilori au prétexte de l’équité, cela a provoqué chez eux un raidissement. Maintenant, il y a aussi le risque que le mouvement s’effiloche, qui n’est jamais bon pour le rapport de force. Cela dit, coller à SUD-rail n’est pas forcément la bonne réponse pour deux raisons. D’abord, si défaite il y a, elle sera attribuée à la CGT parce que c’est la première organisation de la SNCF. Ensuite, l’état d’esprit des cheminots peut évoluer. En 1995, ils se sentaient investis d’une mission d’intérêt général. Peut être le conflit d’aujourd’hui va-t-il changer la donne.
Mais il ne s’agit pas pour la CGT-cheminots de faire sa révolution. Simplement de participer à une négociation...
Effectivement. Et l’enjeu de la négociation n’est pas mince puisqu’il s’agit de formuler un nouveau contrat social. Y participer ne signifie pas être obligé d’accepter n’importe quel compromis.
http://www.lesechos.fr/info/france/4649441.htm?xtor=RSS-2010