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Sirnak, une ville sans maires : plus de 500 élus enfermés
par Maxime Azadi
Publie le dimanche 16 octobre 2011 par Maxime Azadi - Open-PublishingSirnak, une ville kurde voisine de l’Irak, est aujourd’hui sans maires. La répression sans merci du gouvernement turc est arrivée à tel point que plus de 500 élus, dont cinq maires et deux députés de cette ville ont été enfermés. Tous les maires de la province de Sirnak avec 26 autres élus ont été demis samedi 15 octobre de leurs fonctions sur décision du ministre de l’Intérieur.
Cette ville de 430 000 habitants est l’une des fiefs de la résistance kurde face à la répression d’Ankara. On l’appelait « la République de Sirnak » dans les années 1990 où des centaines de villages ont été désertés ou brulés et des exécutions extrajudiciaires étaient quotidiens.
Aujourd’hui la répression poursuit « conformément aux normes juridiques » mises en vigueur par le gouvernement AKP du premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Les arrestations massives de kurdes, intimidations, menaces, guerre psychologique à travers une armée médiatique sont les principales mesures de cette « démocratie avancée » d’Erdogan pour réduire au silence toute opposition.
Plus de 500 élus ont été enfermés dans la seule ville de Sirnak depuis le grand succès du parti kurde aux élections locales du 29 mars 2009, selon des sources de Parti pour la paix et la démocratie (BDP). Parmi eux figurent notamment deux députés, cinq maires, deux anciens maires, seize membres du conseil municipal et quatre membres du conseil provincial.
Ils ont tous été arrêtés dans le cadre de l’affaire KCK (Union des communautés du Kurdistan), une organisation considérée comme la branche urbaine du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), alors qu’il s’agit d’un système confédéral et son chef du conseil est Murat Karayilan, au nord de l’Irak.
Le 15 octobre, 31 élus dont six maires et trois vices-maires de la province de Sirnak ont été demis leurs fonctions sur décision du ministre de l’Intérieur. Le BDP a dénoncé la décision « injuste » et « anti-démocratique » du ministre contre les maires, membres du conseil municipal et du conseil provincial.
Aujourd’hui, des milliers de membres actifs dont 18 maires sur 99 et six députés BDP sont en prison, selon Gultan Kisanak, la co-présidente de ce parti, pour qui le gouvernement attise la guerre.