Accueil > Sohane, morte brûlée vive : Sohane Benziane 1984-2002

Sohane, morte brûlée vive : Sohane Benziane 1984-2002

Publie le vendredi 31 mars 2006 par Open-Publishing
9 commentaires

Trois ans et demi après le drame, le procès des jeunes gens accusés d’avoir provoqué la mort de Sohane Benziane, 17 ans, brûlée vive en octobre 2002 à Vitry-sur-Seine, s’est ouvert vendredi matin devant la cour d’assises du Val-de-Marne à Créteil.

Pour que garçons et filles vivent mieux dans l’égalité et le respect.

Sohane a été découverte inanimée, gravement brûlée, le 4 octobre 2002, dans un local à poubelles de la cité Balzac, à Vitry-sur Seine (Val-de-Marne). Elle gisait inanimée, gravement brûlée. Elle est décédée quelques temps après à l’hôpital. Sohane Benziane était une jeune fille de 17 ans qui habitait le quartier.

Immolation par "dépit amoureux"

L’auteur du meurtre, un jeune homme de 19 ans, a agit par dépit amoureux. Sohane était son ex-petite amie. Une liaison de quelques mois, suivie d’une séparation au mois de juillet. C’est la jeune fille qui avait rompu. Depuis, il avait cherché à la reconquérir, sans succès, et ce vendredi soir, il lui avait demandé de le suivre dans le local à poubelles juste pour discuter. Décrit comme un petit caïd de la cité, l’adolescent, avait préparé son coup, en déposant auparavant une bouteille d’essence dans le local. La discussion commence. Elle lui résiste encore. Il essaie alors de l’impressionner en agitant la bouteille, puis l’asperge d’essence. Face au refus répété de la jeune fille, il allume son briquet, ce qui met le feu à ses mains à lui pleines d’essence. Dans la panique, il enflamme aussi le vêtement de Sohane. Il n’avait pas l’intention de la tuer, il voulait juste lui faire peur...

Ce récit des faits est malheureusement classique : c’est en effet suite à une rupture que surviennent la majorité des meurtres de femmes. On retrouve dans ce récit tous les ingrédients classiques : la rupture, le refus de laisser la femme aller librement, la tentative de reconquête par la force, les menaces, la violence et finalement l’homicide.
Le meurtre de Sohane n’est pas un cas particulier : ces violences dans les relations de couple constituent, en France, la première cause de mortalité des femmes de 16 à 44 ans.

"morte brûlée vive"

A Vitry, beaucoup souhaiteraient que soit affirmée plus clairement les causes de l’assassinat de Sohane. Kahina Benziane, la sœur de Sohanne est choquée d’entendre les médias dire que sa sœur a été victime d’un accident au lieu de dénoncer ce crime odieux pour ce qu’il est : un crime sexiste, c’est-à-dire perpétré par les hommes, les petits caïds des cités, qui refusent à une femme la liberté de choisir, de vivre libre, et qui qui s’octroient le droit de la "punir".

Cependant, la plaque commémorative fixée sur la pelouse, au pied de la tour où vivait la jeune fille, ne porte pas mention de la cause de sa mort. La mairie de Vitry s’oppose à l’inscription des mots morte brûlée vive, sous prétexte de ne pas semer le trouble dans la population de la cité. Taire le meurtre et son mobile, c’est donner raison à ceux qui, lors de la reconstitutions des faits, ont applaudit le criminel comme un héros. Ce n’est certainement pas en gommant la vérité des faits qu’on pourra progresser vers plus d’égalité, de mixité et de respect mutuel.

"Sohane n’est pas morte d’un accident de voiture", rappelle sa sœur. "Sohane est une martyre, et je voudrais qu’on dise la vérité. Je pourrais alors essayer d’oublier. C’est très dur d’oublier quelqu’un qui brûle. Quelqu’un qui brûle, ça n’en finit pas. Ça brûle tout le temps pour vous".

Pour les jeunes filles des quartiers aussi ça n’en finit pas de brûler : insultées, menacées, dans l’indifférence générale, elles continuent d’avoir peur en permanence.

Sohane est devenue le symbole des souffrances des jeunes filles des cités

Pour les associations, Sohane est devenue le symbole des souffrances que subissent les jeunes filles des cités qui se battent contre le machisme parfois extrême dont elles sont l’objet. C’est en mémoire de Sohane que Vitry-sur Seine a été choisi comme point de départ de la Marche des femmes des quartiers qui a traversé la France en 2003.

http://romy.tetue.free.fr/article.php3?id_article=292


La mort de Sohane, brûlée vive, devant les assises du Val-de-Marne —par Cécile Roux

Trois ans et demi après le drame, le procès des jeunes gens accusés d’avoir provoqué la mort de Sohane Benziane, 17 ans, brûlée vive en octobre 2002 à Vitry-sur-Seine, s’est ouvert vendredi matin devant la cour d’assises du Val-de-Marne à Créteil.

Jamal Derrar, 22 ans, comparaît pour "actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner". A ses côté, Tony Rocca, 23 ans, est accusé de complicité. Tous deux encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

La mort de Sohane, brûlée vive le 4 octobre 2002, a bouleversé l’opinion et a conduit à une mobilisation d’associations contre le sexisme dans les banlieues et les violences faites aux femmes, donnant notamment naissance au mouvement "Ni putes ni soumises".

Me Denis Giraud, l’avocat de Jamal Derrar dit "Nono", a assuré avant l’ouverture de l’audience que son client était dans le "remords" et la "repentance".

Affirmant que l’accusé avait une relation avec la jeune fille décédée -ce que contestent la famille et les amis de la victime-, l’avocat a précisé que l’acte pour lequel est poursuivi son client était un acte "isolé, un acte fou, mais pas un acte volontaire".

Le jeune homme a envie de demander "pardon" à la famille de Sohane "parce qu’il se sent coupable au fond de lui-même". De ce procès, "j’attends un débat serein" et "une justice équilibrée", a ajouté l’avocat en disant craindre "l’amalgame" et le fait que son client "soit jugé pour des symboles qui le dépassent, tels que la lutte contre le sexisme dans la cité" et la violence dans les banlieues.

Me Giraud a en effet dénoncé "une sorte d’exploitation de cette affaire par des associations féministes".

"Quand vous commettez un crime, cela touche d’abord une famille et du même coup toute la société", a en revanche observé Me Francis Szpiner, l’avocat de la famille de Sohane. La mort de l’adolescente est devenue "un symbole de ce que les jeunes femmes des cités" peuvent vivre en étant parfois victimes de violences et de sexisme, a-t-il dit en faisant référence à l’association "Ni putes ni soumises".

Les proches de Sohane sont par ailleurs un peu ulcérés quand ils entendent parler de crime passionnel et d’accident. Pour eux, "jamais l’accusé n’a eu le moindre flirt avec la victime" et parler d’accident relève de l"’indécence".
Les membres de la famille de Sohane "attendent surtout la vérité" de ce procès qui doit s’achever vendredi prochain, a déclaré leur autre avocat, Me Chems Hafiz. "Vouloir tourner ce crime barbare en crime passionnel, c’est trop dur" pour les proches de la jeune fille.

Présents au palais de justice, ni la soeur aînée de Sohane, Kahina, ni son père, ni les autres membres de la famille qui se sont constitués partie civile n’ont souhaité parler aux journalistes.

Dans un entretien au "Parisien/Aujourd’hui en France" publié vendredi, la mère de Jamal Derrar parle d’un "drame" pour les deux familles. Au père de Sohane, "dont je respecte le silence, le chagrin, je demande en mon nom et au nom de mon fils pardon", dit-elle. "J’attends que (Jamal) soit jugé pour ce qu’il a fait. C’est tout". AP

http://permanent.nouvelobs.com/soci...

Messages

  • Le maire de Vitry a manqué de courage, et de la décence la plus élémentaire.

    Mais il a conservé une partie de son électorat, et ne sera pas taxé d’islamophobie.

  • Je vais sûrement me faire appeler Berthe avec ce qui suit, mais pour une fois, lisez tout avant de répondre (si vous répondez !). Deux choses, certes minimes au regard de la situation, mais qui me font réagir quand même :

     les termes "meurtrier", "assassin" et autres employés dans l’article ci-dessus, sont-ils employés à leur juste définition de droit ? Je ne connais que très peu cette histoire absolument tragique, mais de ce que je viens de lire, ça a plutôt l’air d’un accident. Certes terrible, mais accident quand même.

     De plus, n’ya-t-il pas une loi, en France, qui dit que tout(e) citoyen(e) doit être considéré(e) innocent(e), y compris par les journalistes, y compris par les autres citoyens, et ce jusqu’au verdict du procès ?

    Simplement ce petit commentaire pour rappeler que ce n’est pas à nous, ni même à la mairie de Virty-sur-Seine de rendre justice.
    En cela, la plaque commémorative est, à mon avis, très bien comme elle est, DÈS LORS QUE LE PROCÈS N’EST PAS TERMINÉ. Après il pourra alors être éventuellement fait mention dans quelles tristes conditions est morte cette jeune fille (choix qui doit rester, à mon sens, à la famille).

    Et attention, j’en vois arriver très vite maintenant : je ne dis pas que le jeune garçon n’est pas coupable, je ne dis pas non plus que ce qui s’est passé n’est pas horrible. Je suis même absolument horrifiée de la façon dont Sohane est morte, ne trouvant même pas mes mots pour exprimer ce que je ressens.

    Espérons simplement qu’elle ne soit pas morte pour rien et que justice soit rendue à toute les Sohane de la Terre. N’oubliez pas messieurs d’où vous venez, et rappelez vous également que plus de 50% des hommes sont des femmes.

    Pas de sousmission pour quiconque.
    Plus de société sexiste où que ce soit.

    Cédric

    • P.S. : Après, je ne connais pas la mairie de Vitry-sur-Seine, mais comme toute bonne mairie qui se respecte (tu parles Charles !), elle a sûrement beaucoup de choses à se reprocher !

      re-Cédric

    • "Je vais sûrement me faire appeler Berthe avec ce qui suit"

      Non.

      Tu vas pas te faire appeler quoi que ce soit.

      sauf "cédric"

      un prénom désormais suspect de crétinerie.

      Bruler quelqu’un c’est un meurtre.

      Vive les féministes vives les filles.

      Un homme c’est une femme raté, c’est mon avis, sauf que les filles devraient être moins sévères parfois avec nos défauts. mais elles ont raison.

      Hey les femmes , ne croyez pas que tous les hommes sont comme cela.

      Vives les femmes, vive vous, le chromosome supérieur, à bas la violence !!!

      Hey les filles les garçons ne sont pas tous comme ça !!!

      Les filles ont vous aiment !!!

      Signé : tous sauf "cédric".

    • Cher "signé : tout sauf "cédric",

      Moi aussi, du haut de mes futurs 25 ans, je suis amoureux d’une fille, et jamais je ne lui ferais cela... Mon billet, que tu n’as manifestement pas lu toi "signé : tout sauf "cédric" ", souhaitait juste que justice soit rendue par les personnes compétentes et dignes de ce nom (ce que je ne suis pas, ce que celui/celle qui a écrit ce message n’est peut-être pas non plus, je ne sais pas, quoique le vocabulaire employé n’est pas celui d’un avocat ni même d’un juge).

      C’était juste pour poser des questions sur la lois dans le pays. Je parlais de compétence dans un jugement, mais manifestement, tu n’as pas compris !
      J’ai lu l’article... Et rien n’est pire que tragique (et le mot n’est encore une fois, pas suffisamment fort) que ce qui est arrivé à Sohane.

      Souhaitons simplement que justice lui soit rendue (mais je crois que je me répète !).

      Cédric

      P.S. : si tu veux vraiment savoir ce que je pense sur ce qui est encore considéré comme l’"accident" qui a tué Sohane, j’aimerais que le mec qui l’a tué finisse en taule, ainsi que le mec qui l’a aidé. Et j’aimerais franchement que tous les mecs (ou filles) qui font ça à leur proches ou à leur concubin(e) soient également jugé(e)s par un vrai tribunal (pas celui que toi, "signé : tout sauf "cédric" , tu te sens représenter).
      Simplement au nom du Droit Commun.
      Dans justice, il y a juste, et il n’y a rien de plus injuste que de mourir à 17 piges parce que tu ne veux plus être avec ton ex-copain. C’est la même chose à 14, (...), 25, (...) 70... tous les ages !

    • il s’agirait donc "d’un accident".

      alors, 2 garçons de 19 et 20 ans (pas des enfants tout de même !) décident de remplir un bidon d’essence , d’entrainer une jeune fille dans un local poubelle, de l’asperger d’essence, de mettre la main à la poche pour sortir un bricket , l’allumer, et mettre le feu à cette jeune fille.... Tu penses vraiment qu’il peut s’agir d’un accident ? T’as bu ou quoi ?

    • Je reprends juste ce qui a été dit dans l’article ci-dessus... qui n’est peut-être (sûrement pas) ce que l’écrivain a voulu dire, mais seulement pour le mettre en garde de réfléchir aux mots qu’il emploie avant de les écrire.

      Avec un argumentaire comme le sien, rien que deux arguments suffisent à (presque) tout coller par terre.

      Lisez un peu quand même !

      Cédric

      P.S. : ce n’est pas moi qui décrit ici un tragique accident et ce n’est certainement pas moi non plus qui prendrais la défense de ces deux garçons !

  • Tant qu’il y aura des maquereaux, des violeurs,des pédophiles, il y aura des assassins comme celui de SOHANE. La soif de pouvoir, de domination , la négation de toute égalité, le règne de la marchandise, engendrent la barbarie. Au delà des tribunaux c’est cette mentalité qui n’a pas changé depuis mon enfance où les voyous" traitaient"les femmes au vitriol. Nous avons besoin d’un nouveau féminisme engagé politiquement. Car ce crime est le témoin d’une société en décomposition minée par le pouvoir de l’argent, par l’exclusion qui s’ensuit...JdesP

    • ... Et malheureusement, c’est aussi un genre d’histoires sombres et tragiques qui a eu lieu depuis la nuit des temps, dans n’importe quelle civilisation.

      Espérons donc qu’un jour l’autre moitié de l’Humanité soit traitée d’égal à égal.
      Espérons aussi qu’un jour toutes les lois dites de parité homme - femme ne soient pas obligées d’être écrites, en cela qu’elles portent sur une chose injuste : l’inégalité humaine.
      Espérons qu’un jour la violence envers quiconque soit abolie, sinon franchement punie.
      Espérons surtout qu’un jour l’éducation ait primée sur la bêtise humaine.

      Cédric