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Début octobre 2008 le tribunal de l’application des peines antiterroriste a renvoyé Jean-Marc Rouillan en prison à temps plein après une période de dix mois de semi-liberté. Le 20 août la Cour d’Appel de Paris infirmait la décision du tribunal de l’application des peines antiterroriste et refusait la semi-liberté de Georges Cipriani.
Arrêtés en février 1987, Joëlle Aubron, Georges Cipriani, Nathalie Ménigon, Jean-Marc Rouillan, militant-e-s d’Action directe, ont subis des conditions de détention extrêmes incluant de longues périodes d’isolement. Ils ont, en tant que prisonniers de luttes des classes, été exposés à des mesures d’incarcération visant la destruction de leur identité politique. Ils ont combattu ensemble, menant en commun de longues grèves de la faim. Et ils ont toujours exprimé leur solidarité avec les luttes des prisonniers politiques des autres pays.
En 2004, après 17 ans de prison, un cancer a été diagnostiqué pour Joëlle Aubron. Sa libération en suspension de peine a été le résultat d’une forte mobilisation internationale. Joëlle est décédée le 1er mars 2006.
En août 2007, après 20 ans de détention, Nathalie a obtenu une semi-liberté et, un an après, une libération conditionnelle.
La semi-liberté est un aménagement de peine. Chaque matin le prisonnier quitte la prison pour rejoindre son lieu de travail et chaque soir il doit frapper à la porte de la prison. Le week-end se passe également en cellule.
Mais ce qui paraît être un assouplissement des conditions de détention a été retourné en un moyen supplémentaire pour s’attaquer à l’identité politique des prisonniers. Toutes les mesures d’interdictions et de restrictions individuelles associées au régime de semi-liberté tentent à soumettre le prisonnier, à le dissocier de sa vie militante et à briser l’esprit de résistance qu’il a maintenu durant sa détention.
Par exemple Nathalie est contrainte pour cinq ans à des restrictions telle que l’interdiction de quitter son département de résidence sans l’autorisation des apparatchiks de l’antiterrorisme.
Ce qui est présenté comme des libérations est en fait la prison qui se continue sous une autre forme avec le même projet d’anéantissement et de dissociation. C’est pourquoi les restrictions sont poussées jusqu’au ridicule.
La multiplication des arbitraires permet de saisir n’importe quel prétexte pour la menace de réincarcération et ainsi forcer une dissociation par l’abandon de toute activité politique et de toute revendication antagoniste.
En adhérant au processus de construction du NPA, Jean-Marc Rouillan a brisé le chantage à la dissociation rampante.
Quelques semaines avant sa libération conditionnelle, un lynchage médiatique a permis la réincarcération de Jean-Marc au prétexte fallacieux qu’il se serait exprimé sur les faits ayant conduit à sa condamnation. Alors qu’il ne critiquait que cette interdiction et son contenu politique. Car le sens de cette interdiction est évident. L’Etat essaye de condamner au silence les militants d’une expérience révolutionnaire concrète. Pour la bourgeoisie, l’histoire ne doit exister qu’en tant qu’histoire réécrite du point de vue des dominants. Les Révolutionnaires sont appelés « terroristes », la lutte de classe et la solidarité internationaliste deviennent des « actions criminelles ». Pour les nouvelles générations, la lutte que les militants d’AD, avec d’autres, ont conduite doit rester incompréhensible et ses objectifs doivent apparaître confus et absurdes.
Le silence imposé à propos des luttes passées agit à la dépolitisation ambiante actuelle. Les seuls mots acceptés doivent exprimer le repentir, les regrets ou revendiquer l’innocence.
En dehors de la collaboration et de la critique morale, ils sont parvenus à criminaliser toute explication de la violence révolutionnaire telle qu’elle s’est déroulée sur le continent européen pendant plus de 20 ans.
Alors que les luttes anti-impérialistes et anticapitalistes des années soixante, soixante-dix et quatre-vingts sont toujours d’actualités, parler des raisons politiques des actions armées d’Action directe revient à expliquer une partie des causes de la crise actuelle. La crise est un élément immanent du système capitaliste et les guerres impérialistes font parti de sa tentative de résolution. L’expansion des sphères d’influence, le contrôle des sources de matières premières (pétrole, gaz,…) et de marchés (dont la vente d’armes) sont les vrais motifs des guerres en Afghanistan et en Iraq. L’agitation va-t-en guerre contre l’Iran et la Syrie a le même objectif. On prépare une guerre d’agression sous couvert d’engagements humanitaires et de lutte antiterroriste. Car il ne s’agit pas de défense de droits de l’homme, mais seulement des pouvoirs et des profits. Dans ce contexte qui ne comprendrait qu’AD ait pu attaquer le principal responsable de la vente d’armes dans ce pays de marchands de canon ? Un général ayant déjoué les interdictions d’exportation durant le plus meurtrier des conflits des années 80 - la guerre Iraq - Iran.
Pour l’impérialisme il faut également mener la guerre contre l’ennemi intérieur afin de stabiliser le pouvoir et accroître les profits de la globalisation. Les militant-e-s qui refusent les limites fixées par le système sont confronté-e-s à une répression toujours plus dure et les opposant-e-s s’exposent à des peines d’emprisonnement de plus en plus élevées.
L’inflation des lois sécuritaires, des tribunaux spéciaux, des nouvelles unités de police quadrillent le quotidien d’interdits et de menaces. La criminalisation frappe toutes les résistances et en premier lieu les pratiques de solidarisation active avec les prolétaires des continents opprimés.
Pour garantir les profits des transnationales, les prolétaires sont surexploités, la productivité augmente, les salaires diminuent, les acquis sociaux supprimés, le nombre des travailleurs pauvres explose, les frais médicaux sont de moins en moins pris en charge, les prothèses dentaires et optiques deviennent inaccessibles pour de plus en plus de personnes, le temps de travail hebdomadaire augmente, l’âge de retraite est repoussé, les licenciements massifs sont la norme, ainsi que les délocalisations,…
En son temps, AD a répondu à cette violence du système, quotidienne, masquée sous la forme de la norme, de l’impossible remise en cause…
Georges Besse était dans les années soixante-dix quatre-vingts un des décideurs de la restructuration néolibérale qui a abouti à la situation actuelle.
Son exécution était une remise en cause radicale du monopole de la violence. L’acharnement contre les militants d’AD de la part de l’Etat et de tous ses collaborateurs repose sur l’impossibilité de combler le fossé creusé par cette action exemplaire.
Si Jean-Marc Rouillan ne doit pas parler des actions contre Audran et Besse c’est pour empêcher que les leçons de l’histoire révolutionnaire servent aujourd’hui à un futur. Quelques mots d’une interview parue dans un hebdomadaire ont suffi pour réincarcérer Jean-Marc à temps plein. Depuis ses conditions de détention sont encore plus contraignantes ; moins de contacts avec l’extérieur, moins de possibilités de visite, des temps de parloirs réduits, plus d’ordinateur.
A cela s’ajoute ses conditions de santé, en effet il souffre de la maladie de « Chester-Erdheim » qui a été diagnostiquée au printemps 2009. Cette maladie auto-immune évolutive devrait être traitée, selon les spécialistes, avant la manifestation d’une nouvelle crise. Mais un tel traitement est incompatible avec la détention. Après une hospitalisation d’urgence au printemps dernier, Jean-Marc Rouillan, retransféré depuis à la prison des Baumettes, ne reçoit plus de traitements médicaux. La justice fait traîner les dossiers d’aménagement de peine. Bientôt un an que la semi-liberté de Jean-Marc a été révoquée, et plus rien ne se passe.
Quant à Georges Cipriani, il a eu sa semi-liberté rejetée en appel essentiellement pour des raisons politiques. La Cour motive sa décision considérant que Georges « signe (des textes) en tant que prisonnier d’Action directe » et « qu’il n’a pas évolué dans ses idées sur la légitimité de la lutte contre le capitalisme engagée par Action directe dans les années 80 ».
Georges Cipriani après plus de 22 ans de prison n’a toujours pas bénéficié d’un seul jour de semi-liberté. Nul ne sait combien de temps prendra la justice pour examiner une nouvelle demande, sachant qu’il a fallu presque deux ans pour examiner la demande précédente.
Aujourd’hui, se taire, c’est accepter les pratiques de cette justice d’exception.
Le choix de mener la lutte armée n’était pas accepté par tous, mais la tentative de la bourgeoisie de réécrire l’histoire est une attaque contre l’histoire commune de l’ensemble de la gauche.
Mobilisons nous pour la libération de Georges Cipriani et de Jean-Marc Rouillan.
Libération sans condition des prisonniers d’AD
Levée des arbitraires et des assignations à résidence que subissent les prisonniers après 22 ans et plus de répression carcérale.