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Succès des mineurs d’Escondida

Publie le lundi 4 septembre 2006 par Open-Publishing

Chili. 5 % d’augmentation de salaire et une prime exceptionnelle de plus de 13 000 euros, les salariés ont voté la reprise du travail jeudi.

de Maxence Gorréguès, Antofagasta (Chili)

Elles sont une quarantaine, regroupées sur le haut d’une butte, une bougie allumée à la main. Elles, ce sont les femmes des mineurs d’Escondida, la plus grande mine de cuivre au monde. « Après vingt-quatre jours de grève, ce soir est notre dernière veillée. La proposition négociée avec les dirigeants semble satisfaire nos maris », assure Maria (*). Derrière la grande palissade qui les sépare du complexe sportif d’Antofagasta, à 1 300 kilomètres au nord de Santiago, où campent leurs maris depuis le 7 août, les drapeaux du syndicat flottent dans les airs en signe de victoire. Sur scène et devant 2 055 camarades, le président du syndicat, Luis Troncoso, présente les différentes lignes de l’accord final, fruit d’âpres négociations avec les dirigeants de l’entreprise anglo-australienne BHP Billiton, qui contrôlent 57 % de la mine.

Jeudi soir, après l’approbation à 92,9 % de la proposition, l’heure était à la fête. Luis Troncoso affiche sa satisfaction : « Nous travaillons tous pour cette entreprise, mineurs comme patrons, et je crois que nous sommes parvenus au meilleur accord possible. » Ces prochaines semaines, les quelque 2 500 mineurs d’Escondida devraient ainsi recevoir une prime d’un peu plus de 13 000 euros et voir leur salaire augmenter de 5 %.

« Au-delà des chiffres, notre victoire se situe au niveau de notre capacité à négocier pacifiquement avec nos dirigeants », assure Luis Aguirre, en charge de la logistique, « là-haut, à la mine ». Cette mobilisation « nous a permis de mieux nous connaître », assure Carlos Marticorena, en charge des grues sur le site. « À la mine, on marche par équipe de deux et on travaille douze heures par jour, pendant quatre jours d’affilée. Quand l’un dort l’autre travaille », explique-t-il. Pour Pedro R., l’autre « grande avancée » se situe au niveau de l’éducation des enfants. « Dorénavant, l’entreprise va prendre en charge jusqu’à deux tiers de leurs frais de scolarité », clame-t-il.

L’accord final ne satisfait cependant pas tout le monde, loin de là. « Après près d’un mois de grève, il était important qu’on trouve enfin un accord et qu’on vote en sa faveur pour protéger notre capacité à négocier dans les années à venir », explique Marcelo, qui aurait aimé voter pour la poursuite de la grève. Sur l’ère de football qui leur a servi de terrain de camping, Rafael ne cache pas sa déception : « Je crois qu’on aurait pu obtenir plus, notamment au niveau des bénéfices sociaux et des primes de nuit. Ce que nous demandions était tout à fait raisonnable ! »

Au début du mouvement, les mineurs d’Escondida réclamaient une augmentation de 13 % de leur salaire et une prime de 30 000 dollars (environ 25 000 euros), une mesure qui, selon le syndicat, aurait coûté à BHP Billiton 1 % des bénéfices obtenus au cours des douze derniers mois. Au coeur du mouvement, les dirigeants d’Escondida ont rendu public les bénéfices record de la société qui, sur les six premiers mois de l’année, s’élèvent à 2,9 milliards de dollars. Le site d’Escondida, qui a tourné à 60 % de sa capacité de production ces derniers jours grâce au remplacement des grévistes à partir du 23 août par des employés contractuels, devait reprendre une activité normale ce - samedi.

(*) Les prénoms qui ne sont pas suivis d’un nom ont été changés car certaines personnes interrogées ont voulu garder leur anonymat.

http://www.humanite.fr/journal/2006...