Accueil > TOUS ENSEMBLE !

TOUS ENSEMBLE !

Publie le mercredi 15 juin 2005 par Open-Publishing
5 commentaires

de Raoul Marc JENNAR

Que les dirigeants du PS et des Verts et les média aient été incapables de percevoir ce qui se passait dans le peuple de gauche tout au long des mois qui ont précédé le 29 mai en dit long sur l’abîme qui sépare aujourd’hui les élites politico-médiatiques du pays réel. Depuis, les mêmes confirment leur surdité et leur arrogance.

Pourtant, ce qui s’est passé relève du plus démocratique des élans. Des femmes et des hommes, sans affiliation associative, syndicale ou particratique se sont emparés du texte soumis à leur jugement, pour le décoder, pour solliciter des interprétations, pour ensuite constituer avec d’autres ou rejoindre les collectifs qui, après l’Appel des 200 lancé le 19 octobre, sont nés, quasi comme par génération spontanée, dans toute la France.

J’ai été souvent invité par ces collectifs où se cotoyaient des militants du Parti Communiste, de la LCR, des Alternatifs, des socialistes et des écologistes en dissidence, des militants de la CGT, de la FSU, de Solidaires, des membres d’Attac ou d’associations locales et de simples citoyens.

Tous ensemble, ils avaient travaillé durement pour assurer le succès de la réunion, souvent précédée de rencontres dans les quartiers ou les villages, au plus près des gens. Ils avaient passé des heures à distribuer des tracts, à placer des affiches, à convaincre. Ils avaient échangé leur savoir-faire, leurs imaginations, leur dynamisme, leur détermination. Et, après mon passage, ils allaient continuer de plus belle.

Tous ensemble. Ces deux mots tout simples résument quelque chose qui émeut au plus profond : la dignité qui relève la tête, la renaissance de l’engagement, la fraternité qui rassemble dans l’action.

Tous ensemble, ils ont découvert la richesse apportée par chacun : le formidable savoir faire des militants communistes, l’ingéniosité de ceux de la Ligue, le sens de l’organisation des syndicalistes, la bonne volonté des associatifs ; des qualités d’ailleurs très largement partagées par tous.

Tous ensemble, aujourd’hui, ils attendent un lendemain, une suite, un prolongement cohérents. Ils ont résisté. Ils ont gagné cette bataille. Ils ne veulent pas être désarmés.

Tous ensemble, ils attendent un signal fort. Celui qui tout à la fois rassure et dynamise.

Car certains doivent être rassurés. C’est vrai, reconnaissons-le calmement, ceux qui n’appartiennent pas à un parti politique craignent que ce formidable élan collectif soit récupéré par l’un ou l’autre appareil tenté par l’idée de contrôler l’outil créé ensemble. D’autres, dans le mouvement associatif, n’apprécient pas que certains au sommet, qui ne furent pas des premiers engagements, s’approprient le mérite d’une victoire qui est l’oeuvre de tous. Il ne faut pas cacher ces réalités. Il faut au contraire les rencontrer pour les surmonter. Par des actes concrets qui doivent venir de chaque côté. Et qui renouent la confiance.

Et tous attendent un nouvel élan pour poursuivre. Car ils redoutent les logiques toujours à l’œuvre dès qu’il s’agit de faire passer le parti ou le mouvement avant la cause.

Tous ensemble, nous avons fait un choix de société. Ce choix nous définit et nous distingue.

Comment pourrait-on ignorer ce que fut la position des dirigeants et cadres du PS et des Verts ?

Pourrions-nous oublier les arguments qu’ils ont utilisés, les moyens qu’ils ont mis en œuvre, leur mépris et leurs insultes ?

Pourrions-nous envisager, une fois de plus, d’accepter que ceux qui nous ont combattus deviennent demain ceux à qui il nous faudrait faire confiance ?

Tous ensemble, nous avons prouvé qu’unis et déterminés, nous pouvons vaincre. Sans eux et malgré eux.

Restons unis et soyons, plus que jamais, déterminés. Tous ensemble.

Raoul Marc JENNAR

chercheur au service du mouvement social

www.urfig.org

photo : http://www.phototheque.org/

Messages

  • je ressens "5 sur 5" le sentiment de Raoul Marc Jennar. Il ne s’agit pas d’être sectaire. ou d’ignorer que demain il faudra bien en passer, sans doute, par des compromis tactiques. Mais ce que je ressens dans son message, c’est que pour l’heure, nous avons besoin de nous rassembler. D’approfondir et de renforcer cette fugitive complicité qui s’est noué dans ce NON "de gauche" (contre l’égoïsme et l’impérialisme de ce futur Super-Etat européen qu’on nous promet comme avenir radieux et inévitable. Contre de nationalisme de substitution que nous propose l’Europe "Forteresse" et puissance d’exploitation ; contre ce marché de dupes, de "ceux d’en bas" qui ne commencent qu’à trop bien la musique - c’est une assourdissante et inharmonieuse "marche militaire" !). C’est cela qui est notre désir de l’heure ; et non de se faire polluer la vie, par de faux débats, de fausses alternatives... tel que les ouisouistes voudraient encore nous l’imposer ( les insultes dans certains commentaires fusent encore et derechef). Pour l’instant, nous ne souhaitons pas vous parler, messieurs et mesdames les ouiouistes ! Nous avons des choses bien plus passionnantes à discuter et à contruire entre NOUS. Foutez-nous la paix, allez dicuter des horizons radieux de votre "super Etat" productiviste de la "concurrence libre et non faussée" et de la compétition de tous contre tous avec vos copains du Medef, de la "rand corporation", de davos et des partis "socialistes réunis aux démo-chrétiens". Pour le moment nous n’avons rien à vous dire, et vous ne nous intéressez pas. Laissez nous respirer et conspirer ensemble, nous les rêveurs et les "archaïques". Ne vous mêlez pas de nos débats. Cessez de vouloir les parasiter, parce que le fait que de plus en plus de monde , de "ceux d’en bas", et non ceux des "élites" de ce si prospère et si dynamique système, commence à "vouloir penser et agir par soi-même". Si vous pensez que nos idées et nos méthodes sont idiotes et absurdes, alors elles s’écrouleront d’elles-mêmes. Mais en attendant soyez "démocrates", laissez nous conspirer et respirer tranquilles. Foutez-nous la paix ! Nous avons besoin de nous enrichir de nos échanges mutuelles, entrte personnes qui partageont déjà certaines intuitions et valeurs communes, même si on en est encore aux balbutiements (d’autant que nous ne sommes pas des professionnels de la politique et de l’idéologie, qui ne font que cà : nous devons aussi , hélas, trimer, pour votre putain de sytème !)

  • Comme çà fait du bien de lire un article comme celui-là monsieur raoul marc JENNAR exprime exactement ce que le VRAI PEUPLE DE GAUCHE recent, oui tous ensemble nous pouvons changer les couleurs de ce monde et enrailler cette machine inférnale du libéralisme qui broie tant d’êtres humains sur cette terre, OUI TOUS ENSEMBLE NOUS POUVONS Y ARRIVER.

  • Je partage la répulsion de tous devant le mépris dont ont fait preuve, et continuent de faire preuve les tenants du OUI sur les ondes et dans la presse, et qui n’ont pas compris que chaque électeur avait pu, seul ou en groupe, comme cela s’est beaucoup fait, étudier le texte qui nous était proposé et le rejeter en connaissance de cause.

    Je voudrais toutefois apporter un bémol au "tous ensemble". Certes, il ne faut pas casser le mouvement qui s’est créé pour rejeter le TCE, mais il faut aussi l’élargir. Parmi mes amis, il y en a qui ont voté OUI sans enthousiasme certes, sans sectarisme non plus, mais en pensant qu’il y avait dans le texte un bon compromis. Ces personnes sont de vrais démocrates et je pense qu’il ne faut pas négliger cette fibre démocrate chez ces tenants du OUI de la base. Que faut-il leur dire ? Par exemple, que si le OUI était passé, ne serait-ce qu’à 50,1%, on ne se demanderait pas aujourd’hui s’il faudrait à nouveau voter dans 18 mois pour redonner une chance au NON.

    Pouquoi-donc faudrait-il donc revoter, pour tenter d’obtenir un OUI par lassitude dans 18 mois ?

    Ma suggestion est d’obtenir le soutien de ces démocrates pour qu’ils refusent la mise en cause du résultat, à charge de revanche bien entendu. C’est cela la démocratie.

  • Je suis entièrement dans la même pensée que Raoul Marc Jennar. J’appartiens à un collectif du sud de la france, où nous avons fait du bon travail, mais lors des réunions depuis la victoire du non, et lors d’une fête du non , j’ai pu constater qu’au moment même où les camarades du parti communiste parlaient de tous ensemble sur le terrain, la direction, purant le conseil national, décidait de présenter un candidat en 2007 ! J’y suis particulièrement sensible sans doute parce que j’ai été pendant presque trente ans militante de ce parti, même avec des désaccords. Je me méfie, je ne veux pas avoir à choisir entre Buffet et Fabius en 2007 ! ça n’a rien de personnel, je voudrais contribuer à construire une autre force à gauche et je voudrais que changent les pratiques politiques. Donc , tous ensemble, sûr, mais dans l’action pour forger nos pratiques et faire émerger un personnel politique en qui avoir confiance et qui porte nos aspirations véritablement, sans être mangé du dedans par une organisation quelconque.
    Frédérique Boyer

    • Bon, voilà près de 20 ans qu’une petite partie de la LCR ( dont j’étais membre à l’époque) espérait qu’il se dessinerait à gauche du PC et du PS un lieu de convergence ou il serait possible de débattre entre militants de divers horizons et d’agir localement en attendant mieux, pour peser sur la situation politique.
      20 ans ont passés et d’aventure politique en aventure de l’eau a coulé sous les pont et rien n’est venu pour confirmer d’une manière radicale ( même 1995 reste une crise sociale importante MAIS SANS DEBOUCHES POLITIQUES hormis peut être les résultats de législatives 1997 : Jospin vainqueur ! ) l’existence d’une volonté sinon de changement majeur du moins l’insatisfaction générale à vivre dans la société française d’aujourd’hui, et ne parlons pas de tous ces endroits du monde ou la situation est pire !
      Tout ceci pour vous dire de ne " ni rire ni pleurer, mais comprendre !" que ces quelques efforts pour "vivre" ensemble un bout de chemin politique malgré les différences seront je le pense d’abord une expérience enrichissante à tout jamais pour ceux qui l’ont vécue MAIS ne préjugez pas de vos forces et ne sous estimez pas la résignation du corps social dans son ensemble.

      Une hirondelle ne fait pas le printemps et les forcers adverses disposent de tels moyens matériels ( dont les médias ) pour assoir leurs dominations idéologique que le chemin sera long avant que de voir se lever un mouvement d’importance capable d’infléchir la donne politique c’est à dire en fait la donne economiqe et sociale !

      GWERN

      A part celà un grand bonheur le soir du résultat ! et merci pour ceux et celles qui" ont donné(es) "