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Témoignage : Ségolène n’a-t-elle pas ouvert une voie nouvelle pour faire vivre enfin la République ?

Publie le jeudi 23 novembre 2006 par Open-Publishing
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Pour faire vivre la République

DI SAK NA POU DI

COMME pour Sisyphe remontant inlassablement son rocher, la tâche n’est jamais facile pour donner chair à chacun des trois mots de la belle devise de la République dont on ne finira jamais d’épuiser le contenu, ni de mesurer toutes les implications. Surtout dans le contexte actuel de la mondialisation triomphante. Mais par le souffle qu’elle semble apporter à cette campagne de la présidentielle, par son langage inusité auquel ses compatriotes n’étaient guère habitués jusque-là, la candidate Ségolène Royal n’a-t-elle pas ouvert une voie nouvelle pour faire vivre enfin la République ?

Il est normal que les idées qu’elle lance provoquent chez certains l’agacement, l’irritation, voire l’hostilité. À droite naturellement, chez ceux qui ne veulent rien changer en profondeur et qui sont, de fait, ce qu’ils ont toujours été, des conservateurs. Mais aussi à gauche, et c’est là le paradoxe, parmi des membres de son propre parti, et en premier chez ceux qui se réclament de la social-démocratie que chacun d’entre nous a pu déjà voir à l’œuvre, dans divers pays d’Europe. À travers le flux croissant des nouveaux pauvres, des chômeurs, des ‘‘délocalisés’’, des précaires... et le développement simultané des capitaux privés, des affaires et même des scandales financiers de toutes sortes. Et ceux-là ne veulent rien changer eux aussi.

Comme si les Françaises et les Français, dans leur grande majorité, pouvaient se satisfaire pleinement de la manière dont leur pays est gouverné. Tant il est clair que le peuple de France se sent de plus en plus étranger aux grandes décisions qui sont prises en son nom et qui, pourtant, concernent sa vie de chaque jour. Et ce n’est pas ce Président étonnamment sourd à ses aspirations et si fluctuant, ni cette assemblée monocolore qui vote “comme pigeon vole”, qui peuvent prétendre le contraire. Aussi, plus que jamais, face à la mondialisation qui étend partout ses ravages, - en France comme dans le reste du monde -, la République apparaît désormais comme la seule alternative. Ou la République ou l’économie de marché, tel est le défi posé aux hommes, aux femmes et aux enfants de ce siècle.

Dans cette bataille électorale dont l’enjeu est loin d’être aussi clair pour tout le monde, où les forces de l’argent sont plus que jamais présentes, directement ou indirectement par groupes ou personnes interposés, avec la complicité effective justement de tous ces marchands d’équivoque et d’illusions, la fragile lumière portée aujourd’hui par Ségolène Royal sera-t-elle assez forte demain pour entraîner le plus grand nombre vers plus de liberté, plus d’égalité et partant plus de fraternité ? Et pour balayer du même coup tous les faux-fuyants où se complaisent tant de politiciens ? Quand elle parle de « démocratie participative », elle suscite des fois sarcasmes et moqueries, mais c’est pourtant là l’acte essentiel de la citoyenneté ; lorsqu’elle propose une « surveillance populaire » par la désignation de jurys impartiaux, elle ne fait au fond que réclamer l’élémentaire droit de regard pour tout citoyen, toute citoyenne sur la gestion de sa commune, de sa région, de son pays, et ce, dans un souci permanent d’information et pour prévenir tout abus. « Il ne s’agit pas d’un mouvement de défiance à l’égard des élus, mais bien au contraire de savoir comment une participation populaire peut aider les élus à accomplir leur mandat », nous précise-t-elle. Et d’expliquer : « Pour essayer d’associer ceux qui se sentent déconnectés des affaires publiques, on va les chercher, on leur propose de venir participer à des jurys de citoyens qui comparent les promesses avec les résultats ». Nous voudrions tellement que l’avenir lui donne raison.

Georges Benne

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