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Témoignage : participation à la grève du 27-05

Publie le mardi 27 mai 2003 par Open-Publishing

Ce matin, 26 mai, dans le hall quelconque d’un immeuble administratif isolé au milieu d’un parking en parti clos dans une petite ville de province endormie .

C’est une assemblée générale chétive (entre 10 et 20 du personnel disponible), composée pour les 2/5 de militants CGT, qui a décidé la participation à la grève du 27.

Chacun espère un bon chiffre sans croire vraiment approcher le score du 13 mai : 2/3 de grévistes.

En AG, la prise de parole est timide. C’est compréhensible : ici, personne n’est un professionnel de la prise de parole publique. En outre, l’organisation du travail isole horizontalement les individus dans des services étanches en les soumettant à une communication verticale qui monte ou
descend en suivant les échelons hiérarchiques.

Les débats animés par les représentants des deux syndicats majoritaires sont courts et confus. Un ou deux inorganisés y apportent leur modeste contribution. Les déclarations triomphalistes de la militante CGT sur l’immense participation à la manifestation de la veille sont accueillis dans un silence poli. Le montage champ - contrechamp, hier au JT de la 2ème chaîne, à propos du nombre des manifestants, du discours d’expertise d’un contrôleur des RG et du discours enthousiaste d’un manifestant a-t-il produit son effet délétère ? Ou bien le discours dans la ligne de la militante
est-il, dans les esprits, usé jusqu’à la corde ?

L’hypothèse d’une grève reconductible a été rapidement écartée pour l’immédiat tant la mobilisation est problématique. La grève du 27 sera différemment vécue : pour les uns, journée complète, pour les autres demie journée pour aller à la manifestation de 15 h devant la Préfecture.

Chacun est renvoyé à ses réflexes individualistes, à une culture professionnelle qui privilégie le réalisme le plus prosaïque, qui laisse peu de place à des bouffées utopiques.

Certes, demain, une fraction d’entre nous sera dans l’action pour dire non aux projets du gouvernement. Mais nous savons que dans cette lutte notre poids est dérisoire, que l’issue dépendra en partie de la mobilisation des gros bataillons de l’Education Nationale, du blocage des transports par
la SNCF et la RATP, de la popularité du mouvement dans l’opinion publique, de l’extension de la grève au privé et de bien d’autres facteurs.

Un militant CGT me disait : " tant pis si nous perdons ce coup-ci, il y aura d’autres combats ".

Certes. Mais il y a des reculs historiques dont on se remet difficilement. Il y a des combats perdus qui pèsent lourdement et inhibent pour longtemps les possibilités d’action. Et si celui-là était justement un de ces affrontements qu’il ne faut surtout pas perdre ?

Salutations,
JP Exbrayat