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Témoignage : terrible répression à Oaxaca

Publie le samedi 4 novembre 2006 par Open-Publishing

Oaxaca (Mexique) 2 novembre 2006

Les prévisions se sont réalisées ; les forces d’occupation de la police fédérale préventive (PFP) sont arrivées à Oaxaca. La veille, 4 personnes sont tombées sous le feu de policiers en civil, un des tués était un journaliste américain d’Indymédia, ce qui a fait réagir le gouvernement fédéral et l’opinion nationale et internationale. Les morts d’Oaxaca ne comptent-ils pas ? On dirait que non, jusqu’à maintenant l’attitude des non-gouvernements était (et continue d’être) - Qu’on les tue, finalement ça en fera toujours quelques uns de moins - Avec ces quatre là, cela fait 16 morts depuis le début de la tourmente.

La paix règne enfin à Oaxaca, annonce lundi, Vicente Fox (ndt : président du Mexique jusqu’au 1er décembre 2006), le solde de l’intervention de la PFP a été négatif (zéro mort !).
Le responsable de la Commision Nationale des Droits de l’Homme lui intime de se taire en montrant les photos d’un adolescent de 15 ans littéralement traversé par une grenade lacrymogène tirée à bout portant par les "schtroumfs" gris de la PFP. Les "schtroumfs" ont libéré la place centrale de la ville, occupée en permanence depuis plus de 5 mois par les enseignants et autres intégrants de l’APPO (Assemblée Populaire des Peuples d’Oaxaca) pour exiger la démission du gouverneur de l’état : Ulises Ruíz Ortiz.
Les partisans du PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel , au pouvoir entre 1929 et 2000 : 71 ans !), dont est membre Ruíz Ortiz, ont organisé une petite manifestation pour remercier la présence policière, comme pouvaient le faire les fascistes applaudissant et se prosternant au passage des troupes d’occupation nazies.

Uniquement pendant le week-end dernier, il y a eu 76 arrestations pendant les opérations de nettoyage des positions de l’APPO. Les bases militantes de l’APPO se sont maintenant concentrées autour de la Cité Universitaire, d’où Radio Universidad retransmet les nouvelles du mouvement. Au moment où je vous écris, les forces répressives de la PFP (on parle de 3000 policiers) avancent vers la Cité Universitaire. On compte les premiers blessés. Gaz lacrymogène contre cocktails molotov.

Le satrape Ulises Ruíz persiste à vouloir rester au "pouvoir", mais quel pouvoir va-t-il avoir, quand il doit vivre au jour le jour, en se cachant pour échapper à la vindicte publique ? Comment pense-t-il encore mettre un pied dans les 18 municipalités qui ont déclaré leur autonomie tout au long du mouvement social ?
Quelle légitimité pourra-t-il avoir, quand selon toute évidence sa non-gouvernance a été le fruit d’une fraude électorale scandaleuse ?

Finalement leur coup est raté, il semblerait qu’ils aient cru que tout le monde se contrefoutait d’Oaxaca, des "putains d’Indiens", des "putains d’Indiennes", de ces feignants d’enseignants.
Existent-ils seulement ? Comment ça ? Ces mangeurs de sauterelles n’étaient donc pas tous aux USA, utilisés comme insecticides biologiques ?
Eh bien non ! Ils sont là, debout, tels une barricade humaine devant les blindés gris, et ils resteront ici ; si on leur enlève la Cité Universitaire, il restera le couvent de Santo Domingo, si on le leur enlève aussi, il restera les rues. Si on leur enlève les rues, il restera les montagnes et là mes chers ami(e)s, les "schtroumfs" se perdront au milieu des embuscades. Alors il faudra faire intervenir l’armée. Mais les Zapatistes ont déjà démontré que l’insurrection populaire, le cas échéant, est comme l’eau, elle inonde des territoires entiers. Alors, il faudra qu’ils nous fassent tous disparaître.

Argel (depuis Oaxaca) (Traduction : Yros)