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Tensions après une mort dans un fourgon

Publie le lundi 9 juillet 2007 par Open-Publishing
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Lassana Dieng reste calme, mais sa voix laisse percer une sourde colère. Il y a trois semaines, son petit frère, Lamine est mort à l’âge de 25 ans, en pleine nuit, dans un fourgon de police. « Et on ne sait toujours pas ce qui s’est réellement passé. »

Dans le quartier dit de « La Banane », rue des Amandiers (20e), la tension monte. Vendredi, après un rassemblement en hommage à Lamine qui a réuni dans le calme quelque 300 personnes place Gambetta, quelques jeunes s’en sont pris aux forces de l’ordre à l’angle du boulevard Belleville et de la rue Oberkampf (11e). Trois policiers ont été légèrement blessés. Dans la nuit de dimanche à lundi, quatre à cinq jeunes s’en sont pris à un véhicule de police en patrouille rue Sorbier (XXe) en jetant un engin incendiaire dans sa direction.

« Ici, on a tous subi des contrôles de police musclés »

« Les plus jeunes ne comprennent pas pourquoi l’enquête n’avance pas », explique Lassana, qui ne les « excuse pas » mais « les comprend ». Un ancien habitant du quartier explique : « Ici, on a tous subi des contrôles de police musclés. Alors, forcément, on doute de leur version. »

Le 17 juin, Lamine se dispute avec une femme dans une chambre de l’hôtel Nadaud (20e). La police est alertée. Quand elle arrive sur les lieux, Lamine est en bas, pieds nus, à cran. Les agents le maîtrisent avec des liens de contention, puis le placent dans son fourgon. Il y meurt quelques instants plus tard d’un arrêt cardiaque. « Il n’avait pourtant aucun souci de santé », assure son frère. Selon le parquet, « on a retrouvé des stupéfiants lors d’une perquisition chez Lamine Dieng ». Lassana dément, pense que son frère n’a jamais pris de drogue. Puis il explique : « La police des polices nous a d’abord assuré qu’il était mort d’une overdose. »

« Mais combien de temps leur faut-il ? »

Hier pourtant, le parquet déclarait toujours attendre les résultats de l’analyse médicale. « Mais combien de temps leur faut-il ? », s’emporte Lassana. « Le corps de mon frère est toujours à l’Institut médico-légal alors que chez les musulmans, il faut enterrer vite. » L’avocat de la famille, Antoine Ricard, s’interroge : « Les parents de Lamine n’ont été prévenus que trente-six heures après sa mort. La police du quartier le connaissait et l’avait donc forcément identifié. Alors pourquoi un tel délai ? » La famille attend qu’un juge d’instruction soit nommé pour avoir accès au dossier. Mais pour l’instant, le parquet minimise : « Une enquête est en cours. Mais la police semble avoir fait son travail convenablement. »

http://www.20minutes.fr/article/169...

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