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Terre Mer
par L’iena rabbioso
Publie le vendredi 31 janvier 2020 par L’iena rabbioso - Open-PublishingTu es ortie.
Mais c’est moi qui me blesse à ton contact.
Je te nomme Nature, mais tu n’as pas de nom pour moi.
Tu n’as pas de sentiments pour moi, et moi je suis mort d’amour pour toi.
Car quand je serai mort, je sais que tu me transformeras.
En grenouille, en orme, en mouche, en ours, en chien, qu’importe.
Tu seras celle qui me redonnera la vie.
Ma tentative de baiser ta joue te fait rire, mais tu n’as pas de colère pour cet affront.
Tu n’est pas l’amour, mais je suis amoureux de toi.
Les gens se noient dans ton eau, et ce sont mes larmes qui viennent alimenter ta mer.
Tu as sans cesse été violée, détruite, polluée, et pourtant tu continues à nous nourrir et nous laisser en vie.
Bulldozers, Essences, Béton, Produits chimiques, ont parfois raison de toi.
Mais dans ce crime vénal que des imbéciles pensent te vaincre, toujours tu renaît, toujours une racine sort du sol malgré les géants bulldozers.
Suicide involontaire, ou meurtre ?
Faire de notre vie une machine à produire des bénéfices est-elle une victoire des puissants ou bien une défaite totale de l’humanité ?
Tu n’auras même pas à nous pardonner.
Utiliser ta boue, la partie la plus inutile de ta production, a rendu milliardaire ceux qui faisaient semblant que le pétrole, c’est pas une énergie mais un poison.
Les criminels mourront riches, et toi Nature, tu n’auras pas de sentiments pour ceux qui auront utiliser ta boue pour rouler dans des véhicules d’acier qui roulent sur ta boue.
Mon baiser sur ta joue t’indiffère, mais ta totale absence de colère rend mon cœur léger.
Tu va me faire revivre, Nature, alors que je n’ai rien fait pour toi.
Tu vas me faire t’aimer pour l’éternité, alors que tu es la terre entière qui ne peut s’occuper des individus.
Je t’aime, et peu m’importe ton indifférence.
Tu es vachement belle, c’est tout, et tout ce qui te détruit me détruis.
Tu est immortelle, et il n’y a pas en toi de raison de se soucier de ma mort prochaine.
Je te demande, Nature, ou quelque soit ton nom (Gaïa, Venus, Terre Mère) de m’accepter en ton sein pour être une partie de toi.
Tu ne comprend pas ma tristesse, et c’est normal, c’est moi qui va te perdre.
Sans doute il y a des milliers d’années, se mesurer à toi était un exploit.
J’imagine mon combat héroïque contre le loup, le mammouth, avant que je ne découvre qu’on pouvait exploiter des graines pour supprimer la menace d’une famine.
Et maintenant la supériorité de l’esprit sur la matière, qu’est-ce c’est d’autre qu’un un bon mot Voltairien ?
Nous vivons grâce à la Nature, n’en déplaise à Platon.
Et effectivement la Nature sent parfois le fumier.
Nature tu n’es pas très aimable avec nous.
Nous avons conçu des costumes, des palais, des châteaux pour bien se différencier de toi.
Maintenant tu es devenu notre esclave.
Et comme tout esclave, tu sacrifies ta vie au nom de notre puissance.
Mais comme tout système esclavagiste, nous sommes devenu dépendant de toi, de ta bonne santé, et ta mort signifie la notre.
Grain de sable, poussière, peu m’importe pourvu que je sois une partie de toi, et puisse que je puisse être sûr qu’il qu’il n’y ait aucun dieu qui puisse se mesurer à toi.
Je ne m’incline pas devant toi, l’humilité ne signifie rien pour toi.
Je te regarde, et tant que mes yeux pourront capter la lumière, je te regarderai.