Accueil > Toujours plus de suicides dans les prisons
de Bernard LE SOLLEU
115 en 2009, contre 109 en 2008. Et encore 5 depuis début janvier. Dans ce domaine, la France détient un sinistre record en Europe. Loin devant l’Espagne, pourtant en situation de surpopulation carcérale.
« Ces chiffres sont dramatiques. » Hier, la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, a dressé le triste bilan des suicides en détention. Il s’élève à 115, contre 109 en 2008, et 93 en 2006. Si l’on y ajoute les personnes en semi-liberté, en hospitalisation ou sous bracelet électronique, on compte alors 122 suicides. Les surveillants ne sont pas épargnés : dix-sept d’entre eux se sont donné la mort.
La ministre veut croire toutefois que le plan anti-suicides, présenté l’été dernier, a été en partie efficace. Avant : 84 suicides. Après : 31. Les maisons d’arrêt sont les plus touchées (80 % des suicides). 10 % des victimes étaient de nouveaux arrivants. 15 % étaient au mitard. Méthode employée : la pendaison dans 90 % des cas.
Pierre Botton en mission
Les futures prisons françaises seront-elles moins anxiogènes ? Un programme de 5 000 places supplémentaires est en préparation. Il devra être conforme aux principes adoptés l’an dernier par la loi pénitentiaire. Taille moyenne des établissements : 600 à 700 places. Priorité aux cellules individuelles (9 m2). Du coup, moins de prisons anciennes seront fermées : 60 et non plus 83 d’ici à 2017, mais rien ne sera décidé « sans concertation avec les élus locaux ». Le programme prévoit aussi de tripler la surface des lieux dédiés à l’activité des détenus : ateliers, gymnases, stades...
Aujourd’hui, trop de détenus souffrent de troubles mentaux. Des unités hospitalières spécialement aménagées vont ouvrir. La première fin 2010 à Lyon. La seconde à Rennes en 2011. Au total, en 2017, l’administration pénitentiaire disposera de 68 000 places de détention.
La ministre a confié une mission à Pierre Botton, ex-détenu très médiatique (affaire Noir-Botton à Lyon). Il propose de nouvelles façons d’accueillir les détenus et d’éviter le choc carcéral. Prison test : la maison d’arrêt de Nanterre, déjà pionnière dans ce domaine.