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Toulouse : en cette fin août, les Verts sont tout pâles

Publie le samedi 28 août 2004 par Open-Publishing
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de Olivier Picard

Blancs comme des citadins qui n’ont pas vu la campagne depuis longtemps. Leur université d’été, qui se déroule à Toulouse, place sous une lumière crue le désarroi d’un mouvement qui semble avoir oeuvré avec une étonnante obstination pour son infortune politique.

Les propos amers de leur secrétaire national, Gilles Lemaire, qui jette l’éponge, en disent longs sur le degré d’absurde que les Ecologistes ont atteint. Avec une impression de gâchis qui risque de plomber pour longtemps leur avenir.

En 1999 pourtant, les Verts semblaient, enfin, avoir conquis une maturité politique indispensable pour grandir. Deux ans après l’entrée des Verts dans le gouvernement de Lionel Jospin pour bâtir une majorité de gauche plurielle avec le PS, Daniel Cohn-Bendit et sa liste approchaient les 10 % aux Européennes. Mais à l’inverse de leurs cousins allemands, les Verts français n’ont jamais réussi à passer à la vitesse supérieure pour imprimer durablement leurs priorités dans la gestion quotidienne du pays, et pas davantage dans ses choix à moyen et à long termes.

Les socialistes, il est vrai, ne leur ont jamais donné les moyens de trouver toute leur place, les considérant, au mieux, comme de vagues supplétifs.

Verts pâles

En 2002, ils ne se sont jamais remis du naufrage de la gauche. D’autant moins que les cafouillages dans leurs propres rangs pour désigner leur candidat à la présidentielle avaient laissé des traces et des blessures durables. Le parcours d’un Noël Mamère attrape-tout et sans perspective nette a aggravé une déliquescence en germe. La victoire d’une majorité radicale pour prendre la tête du mouvement après le retrait de Dominique Voynet a consacré la confusion. Et depuis, les Verts glissent mois après mois vers une certaine marginalité. Comme un retour à la case départ.

Aujourd’hui, le message de l’écologie politique à la française n’a jamais été aussi brouillé. Les Verts donnent le sentiment d’avoir renoncé à redevenir un parti de gouvernement. Comme si la contestation à la petite semaine lui suffisait. Du mariage gay à la destruction, illégale, des plants d’OGM, Noël Mamère et ses amis, qui prétendent aujourd’hui incarner une nouvelle « synthèse » pour le mouvement ne laissent apparaître aucune vision d’ensemble. Quant au positionnement des Verts sur l’échiquier politique, il reste pollué par une rancune tenace à l’endroit du PS qui les condamne à une forme de sous-développement durable. A tel point que les socialistes qui ont si longtemps oeuvré pour mettre leurs encombrants alliés sous l’éteignoir s’inquiètent de ce quasi-suicide.

Dans un état désespéré, les Verts ont besoin d’air frais. D’urgence. Avant d’être définitivement fanés.

http://www.dna.fr/edito/20040828_DNA005520.html

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