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Toulouse : interrogations sur l’intervention du RAID (actualisé)
par Secret défense
Publie le jeudi 22 mars 2012 par Secret défense - Open-Publishing3 commentaires
Secret défense
Rien de ce qui est kaki, bleu marine ou bleu ciel ne nous sera étranger
Toulouse : interrogations sur l’intervention du RAID (actualisé)
Toulouse : interrogations sur l’intervention du RAID (actualisé)
Quelque chose s’est mal passé : Mohammed Merah est mort au cours de l’intervention du RAID, alors que la mission des policiers était de l’arrêter pour le remettre à la Justice. Deux policiers du RAID ont d’ailleurs été blessés au cours de la vive fusillade qui a duré plusieurs minutes.
D’un point de vue purement technique, cette opération — qui a duré 32 heures — s’apparente à un échec. Un peu comme lors de l’affaire de la prise d’otage à la maternelle de Neuilly (1993) lorsque « Human Bomb » avait été tué lors de l’action du RAID. On sait que c’est à ce moment là que des liens étroits se sont noués entre Nicolas Sarkozy et les policiers du RAID.
Des spécialistes du contre-terrorisme s’interrogent, alors qu’il s’agissait, selon eux, d’une opération assez simple, qui s’apparente à la maîtrise d’un forcené, certes très armé et déterminé. Merah était seul et n’avait aucun otage. Nous n’étions donc pas dans le contexte d’une prise d’otage massive par un groupe de terroriste dans un lieu complexe (bateau, théâtre, hotel...).
L’erreur la plus souvent pointée porte sur la manière de pénétrer dans l’appartement, mercredi à 3 heures du matin. Les policiers ont utilisé un bélier pour défoncer la porte d’entrée, derrière laquelle Merah semble avoir placé un refrigateur. Cela donne le temps à Merah d’ouvrir le feu et de repousser le premier assaut. « Dans un cas comme ça, on ne frappe pas à la porte, même avec un bélier » assure un spécialiste. Car il existe d’autres moyens d’ « effraction » : en clair des explosifs. La technique (qui permet de faire sauter des murs de béton même armé) consiste à déposer, de manière dynamique, des charges soigneusement dosées au bon endroit, jusque avant l’assaut. C’est une technique complexe... que le RAID ne maitrise peu ou mal — ou en tout cas n’emploie pas. Sans doute est-elle jugée trop militaire, bonne pour les gendarmes ou les commandos.
Lorsque le RAID donne l’assaut, il lui manque un élément essentiel : le renseignement fiable. Les policiers ignorent où est exactement Merah dans cet appartement d’une trentaine de m2, et même s’il est encore vivant.
Autre interrogation, la durée de la fusillade - près de cinq minutes. 300 munitions ont été tirés par la police. Or, le succès d’un assaut se mesure à sa rapidité, moins d’une minute en principe. Ce matin, quelque chose a donc mal tourné. Même si Merah, retranché dans sa salle de bains, portait peut-être des bouchons anti-bruit (BAB) et un casque, les grenades incapacitantes ou des gaz peuvent être employés. Un autre s’interroge sur le fait que l’homme ait pu sortir de sa salle de bains — et en réalité, c’est lui qui a assailli les policiers — puis passer par la fenêtre au cours de l’assaut. En posture offensive, le RAID s’est retrouvé en posture défensive : en clair, il a perdu l’initiative et se retrouve en difficultés.
Dans une situation tactique sans comparaison au niveau de sa complexité (l’Airbus de Marignane en 1994), la fusillade avait duré quinze minutes : il y avait quatre terroristes, des dizaines de passagers otages dans la cabine d’un avion.
Enfin, la question se pose du choix du lieu pour l’interpellation du suspect. « On lui a laissé le choix du terrain, c’est-à-dire son appartement. Or, on savait qu’il allait en resortir et il était possible de l’appréhender à ce moment là », même si cela présentait d’autres risques, estiment des praticiens de ce genre d’activités.
Bref, l’heure est déjà aux critiques dans le tout petit monde du contre-terrorisme.
Jeudi 22 Mars 2012
Jean-Dominique Merchet
Messages
1. Toulouse : interrogations sur l’intervention du RAID (actualisé) , 22 mars 2012, 22:27
Pour une fois entièrement d’accord sur l’analyse "technique" de Marianne.
Sauf sur le fait que les hommes du RAID maîtrisent "peu" ou "mal" les explosifs.
C’est le B.A.BA de l’intervention en zone urbaine. S’ils ne "connaissent" pas vaut mieux qu’ils changent de métier. Mais je suis sûr que ça n’est pas le cas.
Pour le reste il y a beaucoup plus d’interrogations que ça sur le sujet. Mais on aura l’occasion d’en reparler.
G.L.
2. Toulouse : interrogations sur l’intervention du RAID (actualisé) , 22 mars 2012, 23:08, par Lucien83
Ces quelques questions ne sont et ne seront qu’une infime partie des questions. Certaines personnes sur les ondes se sont demandées si ce personnage a vraiment mis les pieds en Afgha par deux fois. Entre-autres, étonnant pour quelq’un qui prépare une action d’aller laisser une trace IP sur un PC familial (à moins d’être à la masse)
Puis et en vrac :
– Stock d’armes
– explosifs
On trouverait cela aux puces (dés le début, le proc disant qu’un 45 se trouvent dans la première armurie du coin, sonne bizarre voire intox)
– La caméra de poitrine sera remise à la justice après visionage par les pros de la police : pourquoi ? la justice n’a pas de pros ou n’est pas habilité pour sceller cet objet ? En espérant que les docs dans la caméra seront authentique. Vincennes une fois, ça suffit.
– etc...
Une dernière pour la route :
– trés fort le gars du RAID pour loger une balle dans la tête du forcené pendant qu’il saute par la fenêtre. Cela méritant une citation voire être distingué de la balle d’or.
3. Toulouse : interrogations sur l’intervention du RAID (actualisé) , 27 mars 2012, 09:05, par Citoyen
Je partage entièrement ces interrogations sur l’intervention du RAID.
Tout d’abord lorsqu’on décide d’arrêter M Merah pour le remettre à la justice, on va jusqu’au bout de cette logique. On prend le temps et on utilise des moyens spéciaux adaptés pour ce type de situation.
(Merah est seul dans son appartement de 30M2, et armé d’un 11.43)
Caméra thermique, mini robot à caméra, sonde "doppler", gaz lacry à haute densité et in fine chien d’assaut. Ces moyens permettent à une colonne d’assaut d’optimiser l’intervention.
Bref, un arsenal technique qui n’a pas été utilisé.
je tiens à rappeler qu’il s’agissait d’une opération mixte RAID et GIPN local (voir les images TV).
Par ailleurs, pourquoi avoir attendu 11 heures après le premier assaut pour évacuer les habitants de la Résidence. Imaginons que l’appartement de M Merah ait été piégé avec de l’explosif .
Des interrogations :
Quid des modes opératoires, de la formation et des équipements communs des forces de police à Toulouse ?
Pourquoi les gendarmes du GIGN n’ont pas été sollicités ? Ils ont pourtant un haut niveau de compétence et de nombreux moyens spéciaux.
Pourquoi ne pas avoir mutualisé les moyens police/gendarmerie (Même Ministère) ?
Nos législateurs devraient s’intérroger. Les citoyens s’intérrogent.