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Travailler plus pour gagner plus ! Solution ou slogan qui prépare les consciences au pire ?

Publie le jeudi 14 août 2008 par Open-Publishing
24 commentaires

1300 euro nets, c’est le salaire moyen d’un ouvrier P2 ou d’un employé, sur la base de 35 heures par semaine. Voilà une réalité bien concrète du malaise dans ce pays. 8500 frs pour un ouvrier ou un employé qualifié, compétent et travailleur, ce n’est vraiment pas cher payé le litre de sueur. 7 euro nets de l’heure, 46 frs nets, soit 5 litres de gasoil, 8 baguettes de pain ou 5kg de pommes de terre, voilà une réalité concrète dans la sixième puissance économique du monde.

1300 euro nets mensuels pour des milliers de salariés-es face à des milliards arrogants et démesurés de plus values, empoché par quelques actionnaires de haut niveau. Ces milliards représentent des millions d’heure de travail, et pourtant, cela n’est pas encore assez puisque le nombre de ces heures supplémentaires est de plus en plus important. Avec ces milliards, on pourrait augmenter les salariés 300 euro mensuel pendant 5 ans, c’est-à-dire de 21% de suite. Avec ces milliards, on pourrait embaucher plus de 3 000 000 de salariés payés pendant 5 ans.

Medef-gouvernement-syndicats… vont dire « halte à la démagogie … C’est la réalité du capitalisme qui se mord la queue : des profits faramineux, des chômeurs montrés comme des paria, des salariés mal payés en perte constante de pouvoir d’achats, et des heures supplémentaires qui mettent ce pays, Médaille d’Or des pays du G8 , sur le podium du nombre d’heures effectuées chaque semaine par les travailleurs de France.

31 heures aux USA, 34 en Grande Bretagne, dans des pays qui ont le droit de faire travailler 12 heures par jour et 64 heures par semaine, et 38 heures en France où la semaine est légalisée à 35 heures, 10 heures par jour et 48 heures semaine…

Mais ce n’est pas encore assez, puisque le 8 juillet, le Parlement a adopté la révision de la durée du temps de travail, en s’attaquant dans un premier temps, à sa branche, historiquement parlant, la plus fidèle politiquement, l’encadrement. Un encadrement qui prochainement va se voir supprimer des RTT, et devoir effectuer des heures au-delà des 10 légales, même si cela est déjà dans les faits. Tout cela, sera à négocier entreprise par entreprise, et même si nous ne sommes pas d’accord avec ce principe qui met les salariés de diverses entreprises en concurrence, nous y serons contraints par cette Loi.

De nombreux ouvriers font des heures supplémentaires, certains en font à outrance, non pas parce qu’ils s’ennuient chez eux, ou qu’ils ont le travail dans le sang, mais pour acheter du « pain et améliorer l’ordinaire » d’une vie de plus en plus dure et chaque jour le prouve car l’argent manque cruellement au point de faire des choix inhabituels.

Patronat et gouvernements successifs et maintenant directions syndicales, nous ont amenés à tolérer l’intolérable et à ne plus réfléchir comme une classe sociale mais comme des millions d’individus dont les intérêts ne seraient plus collectifs.

Ainsi, au fur et à mesure des années, la chasse aux heures supplémentaires à supplanter la lutte collective pour des augmentations de salaires. Pris à la gorge par des loyers qui ne sont plus modérés, par des crédits à taux variables, par des caddies de plus en plus chers… les salariés cherchent des solutions individuels à leurs problèmes. Ces solutions de survie, certes nobles, peuvent être contestables mais sont néanmoins et concrètement indispensables, ont un revers à la médaille. Ce revers, c’est l’accélération des dérégulations du temps de travail et des droits collectifs pour faire place à des horaires et des droits individualisés inscrits sur les nouveaux contrats de travail, c’est-à-dire un contrat signé dans un bureau fermé entre un chef du personnel et un candidat à l’embauche, c’est-à-dire dans un rapport exploiteur/exploité ou le premier a l’ascendant sur le deuxième.

Le but final est bien de formater les esprits pour les préparer à la casse des Conventions Collectives Nationales, des accords de branches professionnelles, et à la remise en cause d’un Code du Travail déjà bien allégé le 1er mai 2008.

Voilà pourquoi, dans les média, on nous fait des comparaisons avec les autres pays européens, comme si les luttes pour les droits et les acquis avaient été pareilles partout, comme si 36/45/68 avaient eu lieu partout.

Comme si un salarié letton ou roumain avait encore aujourd’hui les mêmes droits du travail et qu’au nom de la « concurrence libre et non faussée », il avait la possibilité de faire dans notre pays des 70h00 par semaine, 12 heures par jour, pour 950 euro mensuels en vivant dans des taudis ou des campements de fortune. Tout cela crée la haine, la xénophobie et le racisme, tout cela fait le lit et le terreau des extrémistes ultralibéraux et des fascistes, alimentés par une bourgeoisie et ses laquais qui se servent de leurs armes pour encore plus diviser les travailleurs entre eux.

Face à ce fléau des bas salaires et des heures supplémentaires, la seule solution, c’est la reconquête de la lutte collective et unitaire pour l’augmentation générale des salaires de 300 euro, pour la préservation des droits et conventions collectives, pour l’interdiction des licenciements, pour que les aides d’état soient basées sur des embauches réelles en CDI et à temps plein.

Messages

  • Comparez ces deux hommes politiques : Sarkozy et Cincinnatus.

    Deux hommes différents.

    Deux époques différentes.

    Deux conceptions de la politique différentes.

    2008 après Jésus-Christ : Sarkozy.

    Propos de Sarkozy, rapportés par l’hebdomadaire Le Point :

    « Président, on a été six à faire l’job. Regardez les seconds mandats, hein ? Pas formidables ! Alors, moi, en 2012, j’aurai 57 ans, je me représente pas. Et quand j’vois les milliards que gagne Clinton [il avance le visage, cligne des yeux à répétition], moi, j’m’en mets plein les poches ! [il frappe de ses mains les deux poches de son veston]. Je fais ça pendant cinq ans et, ensuite, je pars faire du fric, comme Clinton. 150 000 euros la conférence ! »

    http://www.lepoint.fr/actualites-politique/sarkozy-ce-qu-il-dit-en-prive/917/0/257695

    458 avant Jésus-Christ : Cincinnatus.

    « Quinctius Cincinnatus fut alors nommé dictateur ; les envoyés du sénat le trouvèrent nu et labourant au delà du Tibre : il prit aussitôt les insignes de sa dignité, et délivra le consul investi. Aussi Minucius et ses légions lui donnèrent-ils une couronne d’or et une couronne obsidionale. Quinctius Cincinnatus vainquit les ennemis, reçut la soumission de leur chef, et le fit marcher devant son char, le jour de son triomphe. Il déposa la dictature seize jours après l’avoir acceptée, et retourna cultiver son champ. »

    Aurelius Victor, Hommes illustres de la ville de Rome, livre XVII, téléchargeable sur

    http://gallica.bnf.fr/

  • Lagarde nous dit que nous avons encore un trimestre avant d’entrer en recession ...Excellente nouvelle , nous avons le temps le temps de nous préparer pour Boycotter Noel . Je suis désolé d’utiliser une métaphore taurine , mais l’oportunité de planter les banderilles dans le consumérisme nous est donnée . Faire monter dans les conscience la possibilité et la necessité d’utiliser le levier de la déconsommation doit etre un objectif a part entiere .

    Ce theme est d’ailleurs facile a travailler , ne necessite pas forcement une orientation politique marquée .

    • Mais peut-être que c’est ce qu’elle veut, que nous "déconsommions", car de toutes façons tout ce que nous achetons n’est pas fabriqué par nous. Nous commerçons avec uniquement de l’importation, ce qui nous fait basculer dans le "quart-monde" ! Les bourgeois ne sortiront pas à terme vainqueur de cette situation.

      De plus, Sarkozy avec sa fameuse phrase du "travailler plus pour gagner plus", associé au comportement ignoble du médef et des patrons qui s’en mettent plein les poches sans aucun scrupule ni amour propre, font que c’est eux, et eux seuls, qui portent la responsabilité de la destruction de la notion de "valeur" du travail ! A quoi bon aller travailler si c’est pour gagner des nèfles ! Une société parallèle faite de réseaux d’entraides se met doucement en place qui chassera la précédente, enfin l’actuelle ! Parce qu’enfin, il faut bien se recréer des valeurs nobles sur lesquelles s’appuyer pour vivre et avancer, la bourgeoisie ayant tout saboté à son seul profit ce qui signifie que "bien mal acquis ne profite jamais" ! Dans cette attente...

  • Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite les misères individuelles et sociales qui, depuis deux siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l’amour du travail, la passion furibonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture. Au lieu de réagir contre cette aberration mentale, les prêtres, les économistes, les moralistes, ont sacro-sanctifié le travail. Hommes aveugles et bornés, ils ont voulu être plus sages que leur Dieu ; hommes faibles et méprisables, ils ont voulu réhabiliter ce que leur Dieu avait maudit. Moi, qui ne professe d’être chrétien, économe et moral, j’en appelle de leur jugement à celui de leur Dieu ; des prédications de leur morale religieuse, économique, [ page 8 ]libre-penseuse, aux épouvantables conséquences du travail dans la société capitaliste.

    Dans la société capitaliste, le travail est la cause de toute dégénérescence intellectuelle, de toute déformation organique. Comparez le pur sang des écuries de Rothschild, servi par une valetaille de bimanes, à la lourde brute des fermes normandes qui laboure la terre, charriote le fumier, engrange la moisson. Regardez le noble sauvage que les missionnaires du commerce et les commerçants de la religion n’ont pas encore corrompu avec le christianisme, la syphilis et le dogme du travail, et regardez ensuite nos misérables servants de machines.[4] [ page 9 ]

    Quand, dans notre Europe civilisée, on veut retrouver une trace de la beauté native de l’homme, il faut l’aller chercher chez les nations où les préjugés économiques n’ont pas encore déraciné la haine du travail. L’Espagne, qui, hélas ! dégénère, peut encore se vanter de posséder moins de fabriques que nous de prisons et de [ page 10 ]casernes ; mais l’artiste se réjouit en admirant le hardi Andalou, brun comme des castagnes, droit et flexible comme une tige d’acier ; et le cœur de l’homme tressaille en entendant le mendiant, superbement drapé dans sa capa trouée, traiter d’amigo des ducs d’Ossuna. Pour l’Espagnol, chez qui l’animal primitif n’est pas atrophié, le travail est le pire des esclavages. Les Grecs de la grande époque n’avaient, eux aussi, que mépris pour le travail ; aux esclaves seuls il était permis de travailler : l’homme libre ne connaissait que les exercices corporels et les jeux de l’intelligence. C’était aussi le temps où l’on marchait et respirait dans un peuple d’Aristote, de Phidias, d’Aristophane ; c’était le temps où une poignée de braves écrasait à Marathon les hordes de l’Asie qu’Alexandre allait bientôt conquérir. Les philosophes de l’antiquité enseignaient le mépris du travail, cette dégradation de l’homme libre ; les poètes chantaient la paresse, ce présent des Dieux :
    O Melibœe, Deus nobis hœc otia fecit.[5]

    Christ, dans son discours sur la montagne, prêcha la paresse : « Contemplez la croissance des lis des champs, ils ne travaillent ni ne filent, et cependant, je vous le dis, Salomon, dans toute sa gloire, n’a pas été plus brillamment vêtu. »[6]

    Jéhovah, le dieu barbu et rébarbatif, donna à [ page 11 ]ses adorateurs le suprême exemple de la paresse idéale ; après six jours de travail, il se repose pour l’éternité.

    Par contre, quelles sont les races pour qui le travail est une nécessité organique ? les Auvergnats ; les Écossais, ces Auvergnats des îles britanniques ; les Gallegos, ces Auvergnats de l’Espagne ; les Poméraniens, ces Auvergnats de l’Allemagne ; les Chinois, ces Auvergnats de l’Asie. Dans notre société, quelles sont les classes qui aiment le travail pour le travail ? Les paysans propriétaires, les petits bourgeois, qui les uns courbés sur leurs terres, les autres acoquinés dans leurs boutiques, se remuent comme la taupe dans sa galerie souterraine, et jamais ne se redressent pour regarder à loisir la nature.

    Et cependant, le prolétariat, la grande classe qui embrasse tous les producteurs des nations civilisées, la classe qui, en s’émancipant, émancipera l’humanité du travail servile et fera de l’animal humain un être libre ; le prolétariat, trahissant ses instincts, méconnaissant sa mission historique, s’est laissé pervertir par le dogme du travail. Rude et terrible a été son châtiment. Toutes les misères individuelles et sociales sont nées de sa passion pour le travail.

    la suite : http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Droit_à_la_paresse

    • T’as fumé quoi ? Ça a l’air bon, ou au moins, efficace !

    • le bataille pour des meilleurs salaires ne seraient pas une priorité, il faudrait s’adapter à son pouvoir s’achat, déconsommer,farnienter, et pleurer sur son sort.

      Face à Sarko, Lagarde et le patronat, une classe sociale doit se lever pour ne pas crever et surtout ne pas faire le lit des populistes en embuscade.

      Gagner sur les salaires, 300 euro d’augmentation générale, c’est possible et surtout nécessaire. Notre classe a besoin d’une victoire et celle ci est prioritaire pour redonner la confiance aux masses les plus exploitées et les plus empruntes à l’individualisme.

      Ne pas écouter son cœur, mais voir les battements d’une réalité concrète, ou alors l’anarchie et la rébellion feront la une des éditoriaux, et la répression sera terrible car les milices se préparent au pire depuis dea années, notamment les CRS qui se forment à la contre guérilla urbaine.

      Une partie grandissante du peuple n’en peut plus, ce n’est plus dire Que faire ? Comment fait on ? mais IL FAUT FAIRE !

    • Manifeste pour une grève générale de la consommation

      Par Ariès Paul, mardi 10 octobre 2006

      Manifeste pour la grève générale de la consommation Ce texte peut être utilisé librement avec indication de la source in Paul Aries, No Conso, Editions Golias, octobre 2006

      La société de consommation est triste, injuste et impossible : non seulement 20 % des humains s’approprient 86 % des ressources planétaires mais cet « enfer climatisé » n’est pas généralisable puisqu’il dépasse la capacité même de régénération des écosystèmes. Nous devons donc en finir avec cette domination des uns sur les autres et de tous sur la planète pour vivre simplement en véritables humains. Ce choix est celui de la responsabilité mais aussi de l’utopie : il est le seul capable de redonner un sens à nos valeurs comme la liberté. Nous entendons opposer à la logique économique boulimique l’objectif de vivre avec « moins de biens mais plus de liens ». La construction d’un projet politique fondé sur « la gratuité de l’usage et le renchérissement du mésusage » permettrait de résoudre à la fois les questions environnementales et sociales par le retour au politique. Seule la perspective d’une « grève générale de la consommation » peut rendre la puissance aux petits face à cette infime minorité de puissants qui s’engraisse de notre mal-vie et de la destruction de toute chose.

      Qui peut encore croire en une grève générale du travail ? L’idée d’une grève générale court tout au long du vingtième siècle. Les peuples ont longtemps espéré dans une grève générale du Travail. Il serait absurde de lui opposer ses échecs car le propre d’un mythe est de permettre d’agir mais aussi de supporter les inévitables défaites. La dureté de l’hyper-capitalisme et de ses nouveaux modes de management musèle les salariés et une fraction importante du peuple est interdite de grève, chômage ou extrême pauvreté obligent. Sans parler du décalage entre les revendications et nos rêves d’émancipation. Faut-il s’étonner que beaucoup songent alors à ce qui pourrait prendre la relève et devenir une grève de la consommation ?

      Que serait une grève générale de la consommation ? Cette grève serait conçue comme un véritable mouvement social avec ses revendications collectives opposées aux gouvernement et patronat. Ni continuation de la démarche de simplicité volontaire ni mouvement de boycott ciblé mais une façon de se refuser comme consommateur.

      L’hyper-capitalisme n’a pas encore inventé les structures matérielles qui enchaînent le consommateur à la société de consommation. Comment ne pas distinguer à cet égard les deux types de domination ? Le producteur est plus enchaîné matériellement que mentalement. C’est la perspective de la fin du mois difficile (ou impossible) qui l’oblige à reprendre son travail, pas ce prétendu amour du labeur. C’est en revanche la fausse jouissance de la consommation qui interdit de cesser de consommer et nullement des obligations matérielles. Comment le capitalisme pourrait-il obliger à acheter au-delà de l’ordre du nécessaire, c’est à dire de ce qui n’est pas de la consommation ? Le temps joue, dans le cas de la grève du travail, contre le gréviste mais il joue en sa faveur dans l’éventualité d’une grève de la consommation. Le pouvoir perdu par les producteurs qui se refusent à l’être (car tel est bien le sens profond de tout acte de grève générale du travail) peut donc être retrouvé chez les consommateurs qui se refusent à le rester.

      La grève générale de la consommation serait incontestablement l’apothéose d’une stratégie conséquente de désobéissance civique. Déjà parce qu’elle transgresserait l’impératif absolu de consommer. Elle attaquerait donc le système dans ce qu’il a de plus vital et sacré. Ensuite parce qu’elle serait un mouvement social avec des revendications opposées à L’Etat et au patronat et se donnant pour but d’arracher une autre hiérarchie de normes juridiques fondée sur la satisfaction des vrais besoins humains, avec ce que cela suppose de préparation, de mobilisation, de théâtralisation et de négociation.

      Les futurs ex-consommateurs doivent apprendre à utiliser cette arme. En célébrant chaque mois de novembre « la journée sans achat ». En organisant des mouvements ciblés autour de revendications simples, aisément compréhensibles, assez facilement victorieux. En envisageant des grèves générales portant sur des objectifs plus difficiles à percevoir, mais fondamentaux pour sortir du capitalisme. L’autre atout d’une grève générale de la consommation est qu’elle ne dissocie pas le but du chemin, puisque sortir de la sphère de la consommation est, à la fois, le début et le terme de cette révolution.

      Seule cette perspective de grève générale de la consommation peut rendre aujourd’hui aux plus faibles le maximum de force collective. Tant que subsiste encore le compromis fordiste, le capitalisme a besoin de notre compromission quotidienne pour réaliser ses profits. N’est-ce pas cette même grève générale de la consommation qui permettra de tenir le plus longtemps possible face à un adversaire qui n’a nullement l’intention de satisfaire notre volonté de mieux vivre ? N’est-ce pas cette grève générale de la consommation qui permettrait de réaliser, au mieux, l’unité des plus petits et diviserait ceux qui vivent de la domination des uns sur les autres et de tous sur la planète.

      Ne nous leurrons pas : le système ne restera pas sans réagir. Il fera son chantage sur l’emploi, il menacera de chômage technique ; les marchands casseront les prix et manipuleront les consommateurs. Notre chance est que le système productif est fort peu fluide et que produire pour l’exportation et les plus que riches prendra du temps. La grève générale de la consommation, comme tout mouvement social, est fondamentalement la création d’un rapport de force : elle sera, sans doute, d’abord vaincue. Ce sera de nouveau la ruée vers l’hyper-consommation. Il en restera une petite graine qui peu à peu germera. Une autre grève de la consommation succédera aux précédentes... On peut penser que nous apprendrons aussi beaucoup de ces défaites. Ces objections contre cette grève ne sont donc pas acceptables, car il n’est jamais légitime de se coucher faute d’avoir la certitude du succès.

      Toute grève générale constitue en outre une opération de catharsis collective puisqu’elle dévoile les ressorts intimes du système. C’est pourquoi il est si difficile de reprendre le cours normal des choses après ce dévoilement dont les effets émancipateurs marquent une vie. Oublions un instant ce qui n’est finalement, souvent, que prétexte : toute grève commence, nécessairement, par des revendications conventionnelles mais débouche très vite sur du non-négociable. Il suffit, pour cela, de laisser le temps nécessaire à la désaliénation. La grève de la consommation, comme toute grève, visera certes des conquêtes sociales mais elle regardera, en réalité, beaucoup plus loin. De la même façon que le salarié qui se met en grève pour revendiquer un meilleur salaire expérimente aussi une toute autre existence. C’est pourquoi il lui est toujours si douloureux de reprendre le travail. C’est pourquoi même avec une victoire on ne sait pas finir une grève. Gageons qu’il sera tout aussi difficile de redevenir de simples « forçats de la consommation » après avoir expérimenté une autre vie.

      Cette grève générale de la consommation doit être un mouvement pour faire vaincre l’usage contre le mésusage, la gratuité contre la vénalité. Nous ferons grève pour arracher la gratuité des transports collectifs, pour obtenir la gratuité du logement social, pour obtenir des tarifications différentes selon les niveaux de consommation, pour donner à tous avec un revenu universel inconditionnel, équivalent au SMIC, les moyens économiques de vivre sa dignité d’humain, nous ferons grève pour que ceux qui saccagent la planète paient davantage, pour que les publicités soient cantonnées dans quelques espaces, pour qu’un revenu maximal d’activité permette de redistribuer les richesses, etc. Penser que cette grève signifierait cesser de s’alimenter ou de payer ses factures d’eau (encore que ce mouvement puisse être envisagé pour obtenir la gratuité d’usage de ce bien commun) c’est ne rien avoir compris à ce qu’est la consommation, c’est une objection de consommateur donc de ce type d’humain qui va avec le système. L’objectif n’est pas de mettre sa vie ou celle des autres en danger, notre société d’hyper-consommation fait cela très bien sans nous. L’objectif, au contraire, est d’apprendre à exister pleinement, à vivre en tant qu’usager maître de ses usages et non plus comme forçat du travail et forçat de la consommation esclave du marché capitaliste.

      Cette grève générale de la consommation peut être le plus court chemin pour réveiller l’usager qui sommeille encore en chacun. Faisons confiance à l’intelligence collective pour redécouvrir au cours de ce mouvement durable des usages depuis longtemps oubliés. Que chacun réfléchisse, dès à présent, à sa consommation et tente déjà de consommer beaucoup moins, bref d’adopter un mode vie minimaliste. Méfions-nous cependant de ceux qui joueraient à « plus décroissant que moi tu meurs » et qui finiraient par transformer cette action citoyenne en geste religieux, en posture moralisatrice sinon policière. Faisons plutôt confiance en la sensibilité collective pour que le mouvement prenne de plus en plus de consistance et d’ampleur.

      Cette grève générale passera par le boycott de certains produits ou réseaux vitaux pour le système hyper-capitaliste (pas seulement des biens économiques comme les produits financiers mais aussi idéologiques comme ses journaux télévisés ou sa presse aux ordres). Que serait une grève de la consommation si chacun achetait son nécessaire dans ces temples capitalistes que sont les hypermarchés ?

      Faisons le pari que d’ici peu ce mot d’ordre de grève générale de la consommation deviendra populaire, qu’il accompagnera (ou chassera ?) le vieux mythe de la grève générale du travail... Nous en avons tellement besoin pour souder nos espoirs et nourrir nos combats. La perspective d’une grève générale de la consommation oblige à prendre conscience que la vraie puissance n’est pas le pseudo pouvoir du consommateur, qui voterait avec son porte-monnaie, mais celui du citoyen qui se refuse en tant que consommateur, comme le gréviste se refuse comme producteur pour se vivre sur un mode politique.

    • La revendication salariale n’est pas incompatible avec la déconsommation militante .

      Reste a entendre le sens donné a tout celà .

      La gréve de la consommation est un message clair adressé au pouvoir pour lui signifier que nous ne voulons plus d’une consomation aliénante , que nous disposons d’un bon sens économique qui demasque la perversité de l’économie officielle : une discipline qui nous enseigne a crever de fin dans un monde de surproduction . Et ce n’est là que la moindre ses conséquences .

      Le pouvoir pourrat-il considérer cette attitude citoyenne et en conscience comme un "sabotage" de la croissance , de la subversivité , du terrorisme en caddie ? Sa répression ... une taxe sur la gréve de la faim ?

      Evidement , nous ne pouvons exiger cette attitude de tous ... mais au moins d’en comprendre le sens . Sinon c’est qu’il est trop tard pour sortir de l’aliénation . (et nous sommes condamnés a l’obésité )

      Farniente ? il faudrait savoir faire la nuance entre travail et oeuvre ....loin de ce débat de fond , on peut considérer qu’au quotidien il vaudrait mieux rester coucher plutot que de produire des trucs stupides , inutiles , dangereux ....

      nous devons reconstruire une consommation équitable .

      GREVE DES CONFISEURS ET PENDAISON DU PERE NOEL

      voir quelques pages dans la condition de l’homme moderne de Hanna arendt

      qui peut lancer aussi un débat sur le moteur stirling

    • si la consommation est équitable , notre société a quelques chances de l’être aussi .

    • Manifeste pour une grève générale de la consommation

      A conseiller surtout aux gens qui n’arrivent pas à finir les fins de mois....

      Au moins ils auront une idéologie permettant de supporter le sort injuste qui leur est fait.

  • ET COMMENCONS A INFORMER LES ENFANTS QUE S’ILS N’ONT RIEN A NOEL CETTE ANNEE . C’EST DE LA FAUTE A SARCO .

  • En1936,fut "décrétée" ,proposée plutôt,la "loi des trois tiers:1/3 travail,1/3 repos,1/3 loisirs(=vie)"...l’aurait-on oubliée ?et le 1/3 travail devrait aller vers un "petit 1/3 "et les loisirs un "gros 1/3"( Cesar de Pagnol et sa fameuse boisson)
    De même la" durée légale du temps de travail hebdomadaire"...n’est pas en faveur des "heures sup" mais de l’augmentation des salaires pour maintenir (voire augmenter ,pourquoi pas ?)le pouvoir d’achat.Il ne faut pas revenir à l’esclavage que le qualificatif "moderne"ne rend pas plus attrayant !Quant à,la "Loi du Marché"... Puisque c’est la religion officielle,il est difficile de la contester ,mais elle n’est guère plus "réelle"(principe de REALITE) que les "habits neufs de l’empereur"(Andersen) .Mon modèle a toujours été le petit garçon qui, ne voyant pas d’habits(et pour cause) s’écria :"Il est nu !"... ..
    Plus tard ,il y eut "L’AN 001",oublié hélas...
    « Celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. »
    — Kenneth E. Boulding,