Accueil > Trésors du cinéma indonésienne des années 50 à 2000

Trésors du cinéma indonésienne des années 50 à 2000

Publie le vendredi 19 novembre 2010 par Open-Publishing

L’association franco-indonésienne propose une rétrospective du cinéma indonésien des années cinquante à deux mille au cinéma La Clef, 21 rue de la Clef, Paris Ve, samedi et dimanche 4 et 5 décembre 2010.
Renseignement et réservation afi.pasar-malam at wanadoo.fr, 01 56 24 94 53.

Présentation en anglais par David Hanan, professeur de cinéma, spécialiste des films et téléfilms indonésiens, Université de Monash, Melbourne, Australie

Six films indonésiens (sous-titrés en anglais uniquement), des courts-métrages, des extraits de films aux thèmes très divers : régionalisme, islam progressiste, avant-garde et culture populaire, colonialisme et résistance, critique sociale, jeunesse urbaine des classes moyennes. Certains extraits de films non retenus pour la mauvaise qualité de leur support, seront néanmoins montrés pour leur contenu très intéressant. Ils témoignent de la politique cinématographique menée dans le passé, d’une part et, d’autre part, d’une conservation préoccupante actuelle des films en Indonésie à cause, principalement, du manque de moyens financiers.

Samedi 4 et dimanche 5 décembre 2010 au
Cinéma La Clef,
21, rue de la Clef - 75005 PARIS
M° Censier-Daubenton

Participation aux frais :
12€ pour un film
26€ pour 3 films
45€ pour 6 films

Réservation indispensable

Samedi 4 décembre

13h00 – Early Indonesian cinema (1950-1980), l’enfance du cinéma indonésien, présentation des films en anglais par David Hanan, spécialiste du cinéma indonésien, Université de Monash, Melbourne, Australie.

14h00-Régionalisme
 Harimau Tjampa (Le tigre de Tjampa), 1953, mise en scène D. Djayakusuma, scénario : Dahlan Alwi, 97 minutes, N/B
Avec Bambang Hermanto, Nurnaningsih, Titi Savitri, Raden Ismail.

Un film novateur et marquant, tourné à Sumatra-Ouest trois ans seulement après l’indépendance de l’Indonésie : Harimau Tjampa (Le tigre de Tjampa), 1953) de Djayakusuma est souvent cité comme le premier film régional indonésien. Tourné en extérieur à Sumatra, il se déroule parmi les villageois des montagnes minangkabau, à régime matrilinéaire, à la fin de la période coloniale, et explore le rôle de l’art martial, pencak silat, dans la culture minangkabau, et en particulier ses liens avec les valeurs islamiques de la maîtrise de soi.

Avec des extraits du film Nji Ronggeng (La danseuse de Ronggeng), 1969, mise en scène Alam Rengga Surawidjaya, scénario Alam Rengga Surawidjaya, Sjumandjaya, W. Sihombing, 131 min.
Avec Chitra Dewi, Dicky Zulkarnaen, Sandy Suardi Hasan, Hasan Sanusi, H. Mansjur Sjah, Abdul Hadi, Bissu et des centaines de figurants, danseurs, pratiquants du sport de combat “Pencak Silat”, artistes originaires de Sumedang (une ville de Java Ouest, près de Bandung).

Nji Ronggeng, tourné sur place à Java Ouest en 1969, est peut-être le film le plus remarquable sur la culture et les traditions populaires en Indonésie. Il montre la vie des membres d’une troupe de danse Ronggeng, et leurs déplacements et spectacles dans des villes, villages, carnavals, dans l’ouest de Java dans les années trente.
La danse Ronggeng, comme la danse balinaise, la Joget, est un subtil mélange de sensualité et de maîtrise du corps, exécutée dans des lieux publics par des danseuses aussi bien rémunérées que bénévoles. Lors de ces danses, à caractère érotique, la femme, généralement une danseuse professionnelle, choisit un homme dans la foule et l’invite à danser avec elle, son pouvoir va jusqu’à le congédier si elle juge sa danse peu satisfaisante.

16h15-Islam progressiste
 Para Perintis Kemerdekaan (Pionniers de la liberté) 1980, mise en scène et scénario Asrul Sani, 120 minutes, en couleur
Avec Mutiara Sani, Arman Effendi, Carmelia Malik, Marlia Hardi, Cok Simbara, Asrul Sani

Tourné à la fin des années soixante-dix -dans des décors naturels, à Sumatra Ouest, parmi le peuple Minangkabau- c’est aussi le meilleur film de cette décennie. Le metteur en scène Asrul Sani s’est inspiré de l’œuvre de Hamka, un écrivain originaire, comme lui, du pays Minangkabau. Pionniers de la liberté, est un film qui se joue dans les années 1920 et, signe particulier, met en scène une femme, porte parole de la résistance au colonialisme et à la domination patriarcale. Cette femme, Halimah, victime de la jalousie de son mari qui restreint sa liberté, cherche l’aide d’un réformateur islamique et s’efforce de définir son propre rôle dans l’islam.

18h30-Avant-garde et culture populaire
 Kantata Takwa (cantate de la dévotion) commencé en 1992, terminé en 2008, mise en scène et scénario Eros Djarot, Gotot Prakosa et Slamet Rahardjo, 68 minutes, en couleur
Avec notamment Iwan Fals, W.S. Rendra et une apparition remarquée du millionnaire qui a généreusement financé ce film Djodi Setiawan.
Une docufiction musicale expérimentale sur le milieu de la musique « engagée » en Indonésie avec l’un des chanteurs pop les plus importants de l’époque, Iwan Fals et le grand poète et dramaturge, récemment disparu, WS Rendra.
Et
 Trois courts-métrages expérimentaux de Gotot Prakosa : Meta-Meta (1977, 3 min. en couleur), Impuls (1976, 2 min. en couleur) et Meta-Ekologie (1979, 14 min. en n/b)

De 20h09 à 22h00 :
Cocktail, discussions et vente de livres et DVD indonésiens

Dimanche 5 décembre

13h00 – More recent Indonesian cinema (1980-2010), présentation en anglais du cinéma indonésien plus récent, plus quelques extraits d’autres films par David Hanan, spécialiste du cinéma indonésien.

14h00-Colonialisme et résistance
 Tjoet Nja Dhien (nom du personnage principal), 1988, mise en scène et scénario Eros Djarot, 105 min, en couleur.
Avec Christine Hakim, Pietrajaya Burnama, Rita Zahara, Slamet Rahardjo Djarot

Primé au Festival de Cannes en 1998, ce film relate un épisode de la Guerre d’Aceh - Sumatra (1873-1913) en insistant sur le rôle de l’islam dans la résistance aux colons hollandais. Le leader Teuku Umar mène les troupes acehnaises au combat. Lorsqu’il est tué, sa femme, Tjoet Nya Dhien, prend la relève à la tête de l’armée rebelle. Elle fait preuve d’une détermination et d’un courage sans faille, mais, épuisée, devient aveugle ; la défaite est à l’horizon. Ce film, à la dimension épique impressionnante où on trouve un grand nombre de personnages historiques, met en scène deux des acteurs les plus célèbres des années 1970 et 1980 en Indonésie : Christine Hakim et Slamet Rahardjo (acteur et réalisateur de cinéma, frère d’Eros Djarot).

16h00-Critique sociale
 Langitku Rumahku (Mon ciel, ma maison), 1990, Mise en scène, scénario Slamet Rahardjo Djarot, 103 min.
Avec Pietrajaya Burnama, Banyu Biru, Sunaryo, Untung Slamet, Yati Sumaryo.

Ce film avait suscité une controverse en Indonésie à l’époque de Suharto (qui en avait réglementé la distribution).
Jakarta : Andri, 12 ans, mène une vie protégée au sein de sa famille et entouré de domestiques dans une maison très confortable. Il fréquente l’école où il se fait conduire tous les jours en voiture par le chauffeur.
Gempol, même âge, vit dans un bidonville à la périphérie de la cité où il doit aider à subvenir aux besoins de sa famille en faisant des travaux de collecte de vieux papiers. Un jour, Gempol se faufile dans la cour d’école et assiste, à la dérobée, à une leçon. Depuis ce moment, il rêve de pouvoir aller en classe, sans y parvenir, son aspect miteux lui vaut seulement d’être arrêté comme un voleur. Témoin de cet incident, Andri se prend d’amitié pour Gempol ...

Langitku Rumahku, soulève la question des écarts sociaux énormes à Jakarta, une ville, avec à l’époque du tournage, d’environ 12 millions d’habitants, où 70% de la population vit dans des bidonvilles, dans des taudis comme celui de Gempol, régulièrement démolis par l’armée et la police. Ce film sera suivi d’un court métrage documentaire politique de 20 minutes, en couleur :

 Aikon : Sebuah Peta Budaya (Icône : une carte culturelle), 2000-2002 de Garin Nugroho est un documentaire et une réflexion sur le Congrès de la Papouasie occidentale tenue à Jayapura à la fin du mois de mai 2000, pendant la présidence d’Abdurrahman Wahid. Ce film unique explore la courte période de liberté pendant laquelle les Papous purent s’exprimer librement, avant la répression qui a suivi durant le gouvernement Megawati Sukarnoputri.

18h15-Jeunesse urbaine des classes moyennes
 Tiga Hari Untuk Selamanya (De 3 jours à l’éternité), 2007, mise en scène Riri Riza, scénario Sinar Ayu Massie, 102 min, en couleur.
Avec Tutie Kirana, Ringgo Agus Rahman, Nicholas Saputra, Adinia Wirasti

Yusuf, un jeune homme un peu crispé de 21 ans se fait inviter par sa cousine Ambar, 19 ans, en discothèque. Tous deux ivres morts, ils se réveillent le lendemain bien trop tard pour attraper le vol qui devait les conduire au mariage d’un parent.
Les cousins décident alors de faire le voyage par la route et empruntent la voiture familiale.
Pendant ce périple, ils découvrent les substances illicites, des personnages pittoresques, des discussions enflammées sur la religion, le mariage, le sexe, tout en essayant de vaincre les tensions sexuelles grandissantes entre eux. Ils sont bien loin d’imaginer que leur voyage durera non pas un, mais trois jours qui vont avoir un impact durable sur leur vie…

Avec Tiga Hari Untuk Selamanya, le réalisateur Riri Riza se penche sur des questions graves avec la légèreté et l’insouciance d’un « road movie » et réussit à créer un film intimiste qui reflète bien le sentiment des deux jeunes protagonistes empêtrés dans les conventions sociales.

De 20h00 à 22h00 :
Cocktail, discussions et vente de livres et DVD indonésiens