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Tunisie : les mensonges de Michèle Alliot-Marie.

Publie le mercredi 16 février 2011 par Open-Publishing

Les dernières révélations de Mediapart et du Canard enchaîné soulèvent quelques incohérences entre la réalité des faits et la défense de MAM.

 "Il (Aziz Miled) n’a, à aucun moment, mis à ma disposition son jet privé".

Le 6 février, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, la ministre des Affaires étrangères déroule de nouveau le film de ses vacances passées en Tunisie lors des fêtes de fin d’année.

Elle explique qu’elle devait se rendre à Tabarka, dans le nord-ouest du pays, et qu’elle a alors rencontré son ami, l’homme d’affaires Aziz Miled, qui lui a proposé de partager son jet pour éviter les deux heures de route à sa famille.

Les premières révélations, il y a deux semaines, sur les vacances d’Alliot-Marie avaient déjà donné lieu à des changements dans sa défense. LEXPRESS.fr les avait compilés.

C’est justement son père, interrogé par Europe 1, qui nuance cette version et la nature fortuite de leur rencontre :

"On a décidé d’aller en Tunisie et je me tourne alors vers Aziz Milad. ’Je voudrais aller à Djerba. Est-ce-que vous pouvez me trouver quelque chose là-bas ?’ Il me répond : ’Pourquoi aller à Djerba ? Il fait aussi chaud à Hammamet ou Tabarka.’ C’est à ma demande que M. Milad a organisé notre voyage dans son hôtel. A notre arrivée, il a proposé de nous embarquer dans son avion."

 "Je n’ai eu aucun contact privilégié avec le président Ben Ali avant sa fuite. La dernière fois que j’ai vu l’ancien président, en tête-à-tête, c’était en 2006, dans mes fonctions de ministre de la Défense."

Tout est dans la nuance. La ministre précise bien "en tête-à-tête". Or, Mediapart a révélé ce mardi que Michèle Alliot-Marie avait téléphoné à l’ancien président tunisien pendant ses vacances.

Le ministère a confirmé. On ignore ce qu’ils se sont dits. Pour le moment.

 "Il y avait des mouvements dans le centre de Tunis, mais pas de répression."

Le voyage de la famille Alliot-Marie se serait déroulé, alors que le mouvement de contestation n’en était encore qu’à ses balbutiements. Difficile à croire au vu des récits faits par la presse de ses événements.

Dans les jours suivants le suicide du jeune commerçant, Mohammed Bouazizi, le 17 décembre 2010, des manifestations ont été réprimées.

L’Express, le 12 janvier dernier, décrivait ainsi "un sit-in (organisé le lendemain de ce suicide) aussitôt réprimé par les forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogènes et de matraques".

Mediapart dépeint, de son côté, une ville de Tabarka, secouée par des heurts sociaux : au golf, qui fait face à l’hôtel d’Aziz Milad, "on trouve porte close, avec des banderoles et des ’dégage !’ à l’attention des responsables, accusés d’être des ’voleurs’."

 "Ce monsieur est surtout une victime du clan Ben Ali."

Improbable, tant il est lié à plusieurs membres de la famille de l’ancien chef d’Etat.

Aziz Milad est associé à l’un des beaux-frères de Ben Ali, Belhassen Trabelsi, dans sa compagnie aérienne Nouvelair. Il a aussi pris part à la création de la banque Zitouna, avec l’un des gendres du dictateurs.

Enfin Mediapart raconte que le jet privé, emprunté à deux reprises par la famille Alliot-Marie, faisait partie du dispositif de fuite du clan Ben Ali.

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/tunisie-les-mensonges-d-alliot-marie_963087.html