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UN POSTCAPITALISME ECOSOCIALISTE

Publie le mardi 14 novembre 2006 par Open-Publishing

Un postcapitalisme écosocialiste.

Nous vivons dans des sociétés à forte dominante capitaliste. Une association comme ATTAC propose des "ruptures franches" dans son Manifeste pour construire un "autre monde" radicalement différent. Mais quel est ce postcapitalisme ? L’écosocialisme est-il une société de transition vers le communisme ?

Quelle transition entre le mode de production capitaliste et le mode de production écosocialiste ?

Parler de transition d’un monde à un autre suppose d’admettre qu’il n’ y a pas de passage soudain et rapide du capitalisme au socialisme. Ce qui ne signifie pas non plus absence d’une rupture qualitative . Et l’idée de rupture franche avec l’ordre ancien ne signifie pas absence de plusieurs ruptures partielles rapprochées opérant chacune dans leur domaine un relatif "effet cliquet" . On peut concevoir, me semble-t-il, une période transitoire avant - plus large que la période de crise elle-même - et après cette rupture décisive. La transition vers l’écosocialisme débutte après cette rupture.

Les sociétés en transition ne sont plus régies par le mode de production capitaliste et ne sont pas encore régie par le mode de production socialiste. Aucun mode de production, aucune loi de fonctionnement ne les détermine.

Les tâches économiques sont l’abolition du capital et la dégénérescence de la valeur. Il n’existe pas d’économie de transition mais seulement l’économie de sociétés en transition.

Le primat du politique est déterminant dans le processus anticapitaliste révolutionnaire. Ce qui ne sifnifie pas pesanteur des contraintes économiques, notamment celles qui agissent au plan mondial.

I. - LA DOUBLE DEFINITION DE L’ECOSOCIALISME

L’ écosocialisme ne procède pas d’un impératif moral mais des conditions historiques du développement capitaliste . Sa nécessité provient d’une incapacité du mode de production et de consommation dominant à satisfaire les besoins de tous et toutes sur la planète, d’une incapacité à assurer un développement harmonieux de la société. Trotsky en a donné les raisons : Le capitalisme ne connait que la loi du développement inégal et combiné, il ne peut donc que déboucher sur de fortes inégalités sociales et sur l’approfondissment de la crise climatique et environnementale.

L’écosocialisme procède du capitalisme mais il se développe aussi sur ses propres principes .

1. - L’ECOSOCIALISME PROCEDE DU CAPITALISME.

A ) L’émancipation contre la "double séparation" de la société capitaliste.
partie
reprise de : http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=19670

L’écosocialisme se construit contre la séparation de la société civile et de l’Etat et la séparation entre les travailleurs et les moyens de production.

1 - La séparation de la société civile et de l’Etat est en même temps la séparation entre l’individu concrètement socialisé et le citoyen abstrait. La « vraie démocratie » suppose de surmonter cette séparation.

Mais la séparation de la société civile et de l’Etat est toute relative car elle s’enracine dans l’antagonisme des classes : d’une part l’Etat n’est pas neutre : posant le droit il intervient dans de multiples rapports sociaux : travailleurs / propriétaires des moyens de production, locataires / propriétaires de logements, etc... d’autre part la société civile n’est pas homogène mais clivée par les rapports sociaux (antagonisme entre le travail et le capital) redoublé par les rapports de genre. La séparation de la société civile et de l’Etat s’enracine donc dans la seconde : la séparation entre les travailleurs et les moyens de production .

2 - La séparation entre les travailleurs et les moyens de production est synonyme d’appropriation privée des moyens de production, privée c’est-à-dire exclusive . Dans l’appropriation privée par le capital les producteurs y sont exclus . Les travailleurs n’exercent en effet aucun pouvoir sur la finalité de la production, sur la répartition des produits, sur l’organisation de la production.

Voilà pourquoi appropriation privée-exclusive et exploitation sont synonymes. L’exploitation capitaliste ne se résume pas à l’extorsion de la plus-value (relative, absolue...) autrement dit : l’intensification du travail, les baisses de salaires, l’allongement de la durée effective de travail, etc...

B) L’écosocialisme procède d’une part des ilots de liberté que le capitalisme laisse aux dominés à savoir la démocratie à la base et d’autre part de la crise de son propre développement et des questions qui surgissent alors d’un "alterdéveloppement".

1- La democratie à la base est une combinison du soviet d’entreprise et de la citoyenneté économique globale . En un sens plus dynamique, la transition vers l’écosocialisme procède de l’intervention massive et généralisée des salariés les plus exploités du capital - les ouvriers, employés, chômeurs et techniciens - dans le processus de décision politique global. Cela suppose des changements radicaux dans de nombreux domaines notamment en matière de médias - un prolétariat bien informé - et de pouvoir de police - un prolétariat non réprimé !

Il ne s’agit pas d’une simple "démocratie avancée" procédant d’une meilleure participation des couches populaires à une ou des consultations électorales. Une nette rupture qualitative en la matière inaugure une autre démocratie radicalement différente de ce que nous connaissons car c’est organiquement que les exclus ordinaires de la démocratie bourgeoise représentative interviennent et décident. La décision stratégique constitue l’élément essentiel visant à sortir du schéma de la démocratie participative et autres formules de gouvernance libérale . Essentiellement le changement intervient dans l’entreprise, dans les services publics mais aussi au niveau plus large dans les grands choix de production planifiés.

2 - L’alterdéveloppement se construit en réponse à trois processus capitalstes contemporains : la financiarisation, l’appropriation privée et la marchandisation du monde mais surtout face à la loi du développement inégal et combiné. La transition à l’écosocialisme suppose un débat large sur le nécessaire développement des forces productives car cette question ne saurait être pensée en terme productiviste. Il s’agit d’assurer via l’étatisation des moyens de production la production de valeur d’usage au détriment de la valeur d’échange. Il s’agit de réduire nettement la place du marché . La production pour l’échange et le profit assure une accumulation néfaste des marchandises, une accumulation de forces déstructives de l’environnement. La nationalisation introduit des mécanismes politiques de régulation qui ne font que réduire les contradictions du capitalisme. Les nationalisations - même profondément démocratisées - ne sont que des mesures transitoires. Pour sortir de la logique marchande et capitaliste il faut aller vers l’écosocialisme.

L’écosocialisme procède du capitalisme - du capitalisme d’Etat profondément démocratisé - mais il se développe aussi sur ses propres principes .

II. - L’ECOSOCIALISME SE DEVELOPPE AUSSI SUR SES PROPRES PRINCIPES.

Cela concerne d’une part la maîtrise du procés de production et d’autre part la répartition collective du produit social.

A) La maîtrise du procés de production

Le changement de rapports sociaux de production permet sur la base des forces productives acquises, de développer des forces productives nouvelles, qui n’auraient pu aparaitre dans les anciens rapports. Cependant le mode de production socialiste développe les forces productives selon des modalités socialistes et non des forces productives socialistes car " toute force productive est une force acquise, le produit d’une activité antérieure" (Marx).

L’écosocialisme se construit sur des principes de développement qui ne reconduisent pas la séparation ville-campagne et la construction des ghettos par les riches.

Les nouveaux rapports de production ne peuvent reconduire des rapports d’exploitation anciens. Cette libération laborale provient d’une démarchandisation de la force de travail couplée à une réduction importante du temps de travail.

B) La répartition collective du produit social.

Ce n’est plus la division du travail mais le plan qui préside à l’affectation du produit social.

A poursuivre...

Christian DELARUE