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...de la première guerre mondiale
Celle-ci est en effet, à de nombreux égards, la cause directe de pas mal d’événements avant et pendant la deuxième guerre. L’Allemagne avait perdu ses colonies et avait été reléguée à un rôle de puissance de second rang. La montée du nazisme exprimait la volonté de la bourgeoisie allemande de reconquérir sa place sur le marché mondial.
Mais le première guerre se termina aussi avec la Révolution d’Octobre. Pour la première fois au monde, un Etat socialiste voyait le jour. Les bourgeoisies d’Europe et des Etats-Unis s’unirent pour abattre les bolchéviques. De 1917 à 1921, la toute jeune Union soviétique dut faire face à des interventions militaires.Les camps ennemis de la Grande Guerre s’allièrent fraternellement dans la croisade contre le communisme. Le blocus économique causa des torts considérables à l’URSS.
Finalement, la guerre d’intervention, qui n’aboutit à rien, fut arrêtée. Le blocus économique fut levé, lui aussi, l’esprit commerçant l’emportant finalement. Mais la politique des pays occidentaux restera marquée par l’anticommunisme et l’antisoviétisme. Ce qui ne manquera pas d’influencer la politique étrangère de l’URSS jusqu’à la seconde guerre mondiale.
Si l’on ajoute à ces considérations la soif de survivre et les ambitions d’une nation renaissant tout juste à la vie étatique, la ferveur de révolutionnaires aux desseins mondiaux et les rancoeurs nées d’un passé commun douloureux, tous les ingrédients d’une confrontation sont réunis. Son ampleur s’annonce malgré tout assez faible dans l’immédiat, tant la situation politique, économique, sociale et militaire des deux pays concernés est dégradée. La Pologne, durement touchée par la Première Guerre mondiale, s’oppose dans des querelles de frontières à l’Allemagne (pour Dantzig, la Poznanie et la Haute-Silésie), à la Tchécoslovaquie (pour Cieszyn/Tesin) et à l’Ukraine (pour Lwow et la Galicie orientale). Quant à la Russie, elle est en proie à la guerre civile depuis plus d’un an. Les bolcheviks se battent sur quinze fronts. Les armées blanches de l’amiral Koltchak, en Sibérie, et des généraux Denikine et Ioudénitch dans la région de la Volga et près de Petrograd, constituent les principales menaces. S’y ajoutent les interventions de l’Entente à Mourmansk, Arkhangelsk, Vladivostok, dans le golfe de Finlande, dans le Caucase et aux confins de la Crimée et de l’Ukraine. La Finlande, les Etats baltes, le Kouban, le Don, la Géorgie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan sont parmi les nombreuses régions de la Russie d’avant 1914 qui échappent au contrôle de Moscou ; il y règne souvent, comme en Ukraine, le désordre des pouvoirs rivaux.
Les affrontements qui se profilent en février 1919 dans l’Ober-Ost évacué semblent secondaires en face de cette multitude de préoccupations et de périls auxquels sont confrontés les deux Etats. Le sentiment d’insignifiance grandit encore lorsque le regard se porte sur l’ensemble du continent européen, parcouru de révolutions politiques et de bouleversements territoriaux, principalement chez les deux grandes puissances sorties vaincues de la Première Guerre mondiale : l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne.
Premiers combats
La première phase du conflit, de février 1919 à avril 1920, présente les caractéristiques d’une guerre larvée. Elle est marquée par une progression militaire de la Pologne, qui s’empare de Wilno/Vilnius (21 avril 1919) et de Minsk (8 août 1919). Le nombre de soldats impliqués dans ces premières opérations (quelques dizaines de milliers dans chaque camp) et la nature des armements utilisés (chars et avions interviennent très rarement : l’infanterie et la cavalerie prédominent) sont ridiculement peu développés par comparaison avec la Première Guerre mondiale [2]. A partir de l’été 1919, toutefois, se dessine la perspective d’un affrontement d’ampleur nouvelle. C’est à cette époque que le Directoire de Petlioura, Ukrainien ayant combattu Polonais, bolcheviks et Russes blancs, s’efface en tant qu’entité politique sous les coups portés par Denikine. A la fin de 1919, ce dernier est à son tour battu par les bolcheviks et les troupes de l’anarchiste ukrainien Makhno. En Sibérie, Koltchak est exécuté en février 1920. Conséquence de ces évolutions, deux forces subsistent, polonaise et bolchevique, s’apprêtant à livrer combat sur un front qui a doublé de taille [3]et avec des moyens accrus.
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Sur le plan international, la signature du Traité de Versailles (26 juin 1919) sans qu’aucune décision n’ait été prise au sujet des limites orientales de la Pologne ouvre la voie à la politique du fait accompli. La ligne Curzon, établie par l’Entente le 8 décembre 1919 afin de marquer les limites ethniques orientales de la Pologne, n’apporte aucun règlement. Elle n’est pas adoptée par les Alliés comme frontière mais comme simple référence, ne prédisposant pas du droit qu’a la Pologne de s’étendre ou non à l’Est. Pilsudski ne s’en satisfait d’ailleurs pas. Le 14 décembre, il rompt les négociations de cessez-le-feu engagées en octobre dans le cadre de la campagne de paix lancée par Tchitcherine, commissaire aux affaires étrangères, auprès de l’opinion européenne. L’hiver 1919-1920 est une période de statu quo militaire et de préparatifs dans chaque camp en vue d’une offensive au printemps 1920. Trotski, commissaire à la guerre, réorganise l’Armée rouge et concentre ses effectifs sur le front occidental. Dans la course engagée, la Pologne a pris de l’avance. Pour Pilsudski, la préparation d’une offensive militaire consiste autant à désorganiser l’Armée rouge en cours de regroupement qu’à réaliser son rêve de fédération avec la Lituanie, la Biélorussie et l’Ukraine