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"Un pas en arrière de l’Europe sociale"

Publie le mercredi 17 décembre 2008 par Open-Publishing
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"Un pas en arrière de l’Europe sociale"
Véronique Leblanc

Mis en ligne le 17/12/2008

Des milliers de syndicalistes ont manifesté à Strasbourg. Ils demandent que le Parlement vote une directive plus favorable sur le temps de travail hebdomadaire.
Le plan climat, parce qu’il le faut bien
Correspondante à Strasbourg
Ils se sont retrouvés place des Orphelins - tout un symbole - avant de se mettre en route dans les rues de Strasbourg. Quinze mille manifestants selon les organisateurs, 4 200 selon les forces de l’ordre, mobilisés mardi par la confédération européenne des syndicats (CES) pour exprimer leur opposition à la nouvelle mouture de la directive relative au temps de travail, telle qu’adoptée en juin par les ministres de l’Emploi des Vingt-sept.

En jeu, essentiellement la durée maximale de travail hebdomadaire, qui pourrait atteindre 60 ou 65heures, et la notion de "périodes de garde inactives" qui concernent les médecins, les travailleurs sociaux, le personnel de maintenance des autoroutes Il s’agirait pour eux, ni plus ni moins, de ne pas considérer ces heures mises à disposition de l’employeur comme du temps de travail. Le rapport, que votent les eurodéputés ce mercredi, amende sérieusement l’accord de juin, mais rien ne dit que ce texte passera. "Le vote sera très serré", a annoncé son auteur, le socialiste espagnolAlejandro Cercas. En effet, le clivage droite-gauche est très net avec, d’un côté, le puissant Parti populaire européen et, de l’autre, les verts, les socialistes et les communistes. Deux forces assez égales avec, pour faire la différence, le vote des libéraux qui reste incertain, eux-mêmes étant divisés.

Pour les manifestants, l’adoption du projet des Vingt-sept serait en l’état une catastrophe. "Un pas en arrière dans le domaine de l’Europe sociale et, qui plus est, dans le contexte de la plus grande crise que nous ayons connue depuis la Seconde Guerre mondiale", selon John Monks, leader de la CES. L’enjeu était donc lourd mais l’ambiance bon enfant. Crécelles, ballons et cornes de brume En stand-by devant la permanence de l’eurodéputée strasbourgeoise Catherine Trautmann, des militants de la CGT ont reçu du café du staff souriant en liaison avec "la cheffe" retenue au Parlement par la prestation de Nicolas Sarkozy. Echange d’e-mails, dont l’un qui annonce le départ du cortège en temps et heure - le froid aide à la ponctualité - et mobilise ainsi une vingtaine d’eurodéputés, dont les Belges Véronique De Keyser et Alain Hutchinson. A 15 h, c’est au son un peu désenchanté des mélodies d’Alain Souchon qu’a eu lieu le contact informel entre des eurodéputés et des manifestants portant haut les sigles de leurs syndicats respectifs.

La FGTB avait emmené une centaine de personnes sous son aile, selon son secrétaire fédéral, Daniel Van Daele. "Le rejet du rapport Cercas serait un recul inacceptable", dit-il. "Il faut que le Parlement prenne en main ses responsabilités, qu’il soit le reflet de la population. Il faut revaloriser la fonction politique de la seule institution européenne élue au suffrage universel." Même écho chez Joël Decaillon, de la CES. "Le même jour, on a Nicolas Sarkozy qui vient avec beaucoup d’autosatisfaction présenter le bilan de la présidence française de l’Union et des milliers de travailleurs dans les rues de Strasbourg, car ils refusent ce que le Conseil et la Commission veulent faire d’une directive ’Temps de travail’ bonne en soi. Il faut que le Parlement montre qu’il les entend sinon ce ne sera pas réjouissant. Il sera difficile ensuite de convaincre les citoyens que l’Europe sociale est en route."

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